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Milena

Milena

Titel: Milena Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Margarete Buber-Neumann
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nous préoccuper plus tôt de savoir qui sont ces gens et ce qu’en
réalité nous leur voulons. Si nous les avions considérés comme des citoyens
allemands de la République tchèque… [Ici, la censure tchèque a supprimé sept
lignes de l’article de Milena, ce qui montre éloquemment combien les organes de
gouvernement tchèques avaient déjà commencé à perdre leur sang-froid. L’article
continue.]… C’est la raison pour laquelle les Allemands aiment leur langue et
je ne vois pas pourquoi nous ne devrions pas respecter cet amour. Ils sont
allemands, pas nazis… [Mais déjà, voici que le passage suivant contrarie un
censeur tchèque particulièrement nerveux. Il supprime les vingt lignes
suivantes]… Ces personnes et leurs familles, poursuit Milena, auraient pu
devenir les porteurs de la propagande démocratique, les soutiens moraux,
sociaux et culturels de la démocratie tchèque et de tous les démocrates dans le
nord du pays… »
    Il est vrai que le gouvernement de la République tchèque s’est
efforcé, après 1918, de résoudre démocratiquement le problème de la minorité
allemande, mais il s’y est malheureusement attelé à un rythme beaucoup trop
lent. On peut voir là l’effet aussi bien du ressentiment anti-allemand des
Tchèques, remontant à l’époque de la vieille Autriche, qu’une manifestation de
l’hyper-sensibilité des Tchèques à certaines tendances pangermanistes venues de
la nouvelle Autriche et qui, franchissant les frontières de la Bohême, trouvaient
un écho certain parmi la minorité allemande de la région. Mais ce n’est qu’en
1933, lors de l’accession d'Hitler au pouvoir en Allemagne, que le problème
devint vraiment brûlant. La propagande nationale-socialiste fut alors dirigée
avec une intensité particulière vers les Allemands des Sudètes qui se trouvaient
durement touchés par la crise économique mondiale. Dès les années 1934-1935
était né le « parti des Allemands des Sudètes » dirigé par Henlein ;
le président Masaryk s’était refusé à l’interdire bien qu’il s’agît
manifestement d’un parti dont les activités étaient tournées contre l’État. Il
ne put s’y résoudre, car une telle décision aurait bafoué ses principes
démocratiques. Dès les élections générales de 1935, Henlein recueillit deux
tiers des voix allemandes et, en mai 1938, il en obtint même 92 %. Sans doute
de nombreux facteurs historiques et politiques ont-ils influé sur le développement
de la crise sur le territoire où se trouvait concentrée la minorité allemande ;
il demeure pourtant évident que toutes les négligences accumulées jusqu’alors
du côté tchèque ne pouvaient avoir, en 1938, qu’un effet catastrophique ; elles
apparurent au grand jour le 21 mai 1938, lors des dernières élections municipales,
à un moment où la puissance totalitaire ennemie se tenait déjà l’arme au pied
aux frontières.
    *
    Si dangereuse que fût la situation où se trouvait placée la
Tchécoslovaquie, Milena ne désespérait pas complètement, au cours de l’été 1938,
de voir l’armée tchèque et le peuple tchèque résister à Hitler. Elle ne savait
pas encore qu’elle occupait, avec ses compatriotes, une position perdue. Mais
en dépit de la défaite que subit son peuple quelques semaines plus tard, l’attitude
de Milena conserve quelque chose d’exaltant : elle était d’une simplicité
si tranquille, si naturelle – comme l’est toujours le vrai courage.
    Milena conclut son article sur des accents beaucoup trop
optimistes : « Il est une chose qui n’est pas en leur [les
partisans de Henlein] pouvoir – et c’est précisément ce qu’ils souhaiteraient
le plus ardemment : rééditer les événements d’Autriche de mars 1938, rééditer
l’occupation sans effusion de sang, la promenade aux cris de “Sieg heil ! ”et […] les camps de concentration, l’expulsion d’une masse de gens arrachés
à leur peuple et à leur pays ; non, chez nous, ils ne pourront pas apposer
ces panneaux – “Ici, les Juifs sont indésirables.” Pour dire les choses
simplement : ici, ils ne pourront pas faire d’ Anschluss. »
    *
    La position de la France face à son allié tchécoslovaque
devint sans cesse plus vacillante. Il suffit d’une légère impulsion pour que
tout l’édifice s’effondrât ; en septembre 1938, le Times publia un
article à l’évidence inspiré par l’entourage de Chamberlain et dont le contenu
était

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