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Mon frère le vent

Mon frère le vent

Titel: Mon frère le vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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    — Ce n'est pas le Corbeau. C'est Waxtal.
    — Sont-ce donc des esprits ? demanda Longues Dents.
    Kayugh et Samig ne répondirent pas, se contentant d'écouter Waxtal.
    — Chasseurs des Premiers Hommes, vous m'avez chassé de votre village dans la tempête afin que je meure. Vous m'avez cru mort voici de nombreuses lunes mais vous voyez, je suis bien vivant. Je vais obtenir vengeance pour ma vie, pour celui qui a pris ma femme, qui a pris ma fille, qui a pris mon ulaq, ma nourriture, toutes les choses qui étaient miennes.
    » Si vous pouviez distinguer dans l'obscurité, vous pourriez constater que je viens avec de nombreux hommes. Si je le demande, ils détruiront votre village. Ils tueront vos femmes et vos enfants. Si je le demande, ils feront cela. Mais je suis un homme bon. Je suis béni des esprits. Votre village, vos femmes et vos enfants seront épargnés — si on me rend ma femme Coquille Bleue et ma fille Kiin ainsi que la vie de l'homme qui voulait ma mort. Donnez-moi Samig, donnez-moi Coquille Bleue, donnez-moi Kiin.
    — Waxtal ment, dit Longues Dents. Il n'a pas d'hommes avec lui. D'une façon ou d'une autre, il a réussi à passer l'hiver et il arrive maintenant en pleine nuit pour nous faire croire qu'il possède un grand pouvoir.
    Longues Dents mit ses mains autour de sa bouche et cria :
    — Ta femme Coquille Bleue est morte.
    Waxtal se tut un moment, puis Samig entendit rire et Waxtal repartit :
    — Les esprits me vengent déjà. Alors je prendrai Chagak. Femme pour femme. Dis à Kayugh qu'il peut garder sa fille, la petite, Mésange. Je n'en ai pas besoin.
    — Tu n'auras ni ma femme ni aucune de mes filles ! s'écria Kayugh. Ni Baie Rouge, ni Mésange, ni Kiin, ni Trois Poissons.
    — Il est seul, dit Longues Dents. Rentrez chez vous. Je vais rester là et guetter jusqu'au matin. Il est incapable de lancer un javelot assez loin pour m'atteindre depuis l'eau et je ne le laisserai pas approcher de la plage.
    Mais, tout en attendant, Samig avait fait monter des prières au Mystère, à cet esprit créateur. Il se sentit envahi du pouvoir de celui-ci et sut que Waxtal disait vrai. Samig perçut la vigueur des esprits guerriers des chasseurs, la force des esprits fluides et gracieux des femmes et, à sa grande surprise, celle plus petite des bébés et des enfants.
    — Il ne ment pas, dit Samig aux deux autres. Ils sont nombreux. Il a même amené des femmes et des enfants.
    — Pourquoi ? s'étonna Longues Dents.
    — Qui peut comprendre Waxtal ?
    — Qui sont-ils ? demanda Kayugh. Des Premiers Hommes ? Des Morses ?
    Comme en réponse à l'interrogation de Kayugh, Samig entendit une autre voix.
    — Samig, je te combattrai pour la femme Kiin. La dernière fois, j'ai pris ta main, cette fois je prendrai ta vie.
    Le sang reflua dans les membres de Samig.
    — C'est le Corbeau, dit-il à son père. Je me demande comment, mais il sait que Kiin est ici.
    — Tu m'as dit que tu étais prêt à le combattre.
    Percevant la confiance dans la voix de son père,
    Samig s'écria :
    — Je te combattrai. Si je gagne, Kiin reste ici et Waxtal s'en va.
    — C'est juste, dit le Corbeau.
    Samig entendit un murmure de protestation, la voix ténue et haut perchée de Waxtal, puis le silence. Et dans ce silence, Samig sentit à nouveau les esprits de ceux qui accompagnaient Waxtal, se rappela les bruits, les goûts et les odeurs du village.
    — Ce sont des Chasseurs de Baleines, dit-il à Kayugh. Waxtal a amené les Chasseurs de Baleines.
    — Impossible, répondit son père. Pourquoi viendraient-ils ici ? Il a trouvé le Corbeau et l'a amené avec quelques habitants du village Morse.
    Au-dessus de l'eau, Samig entendit les faibles pleurs d'un bébé puis la voix agacée de Waxtal tançant la mère.
    — Chasseurs de Baleines, insista Samig. Il les a amenés ici, je ne sais comment il a fait.
    Arrondissant ses mains pour faire porte-voix, il s'écria :
    — Phoque Mourant, Roc Dur, Oiseau Crochu !
    Après un long silence, la voix d'Oiseau Crochu
    retentit.
    — Toi, Samig, croyais-tu pouvoir nous tuer par ta malédiction, nous sommes des Chasseurs de Baleines. Notre pouvoir est supérieur au tien. Tu n'es rien. Nous sommes venus te tuer et rompre la malédiction que tu as laissée sur notre île.
    — Tu sais que je n'ai pas maudit votre île. Si mes pouvoirs étaient aussi grands, vous seriez fous d'essayer de me tuer. Mais vous avez des femmes avec vous. Des enfants. Ils sont les

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