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Monestarium

Monestarium

Titel: Monestarium Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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avant le soulèvement ?
    — Si fait. L’homme de main de
Valézan cherche à vous atteindre en prenant prétexte d’une révolte des lépreux.
Cette tragique mascarade a pour but de faire passer votre meurtre prémédité
pour un désastreux accident. S’il est aussi rusé et déterminé que je le
redoute, il tentera d’échapper à mon grand bailli afin de vous rejoindre et de
mener à bien sa besogne. De surcroît, nous ignorons combien de lépreux au juste
se sont laissé berner par de fausses promesses et participeront à l’assaut.
Nous ne sommes qu’une petite vingtaine. Ils sont plus de cinquante et n’ont
plus rien à perdre, pas même la vie.
    Elles patientaient donc, sans
échanger une parole. Plaisance égrenait son chapelet, incapable de se
concentrer sur une prière. Le funeste silence qui s’était abattu dans l’abbaye
depuis plusieurs minutes lui portait sur les nerfs.
    Où était passé Petit Jean le Ferron,
qu’elle n’avait plus aperçu depuis le branle-bas de combat ? Était-il tapi
quelque part, attendant son heure afin de l’occire ? Pourquoi avait-il
disparu ? Vaillante Mère de Dieu, faites qu’il ne soit en rien mêlé à
cette horreur. Douce Vierge, accordez-moi la satisfaction d’avoir su toucher
une âme. Son regard remonta vers la jolie Vierge peinte suspendue au-dessus de
son lit. Alexia de Nilanay ne quittait pas la toile peinte des yeux depuis son
entrée dans la petite chambre.
    Et soudain, Plaisance de Champlois
comprit. Soudain son hésitation, cette vague sensation, lorsqu’elle avait
interrogé Marie-Gillette dans son bureau, juste avant de la relever de ses
vœux, s’éclaira. Elle murmura d’une voix tendue :
    — Vous avez servi de modèle au
peintre, n’est-ce pas ? Ainsi s’explique l’impression de tendre
familiarité que j’ai éprouvée en découvrant le rouleau dans l’une des armoires
du chauffoir.
    Alexia se tourna vers elle et hocha
la tête. L’abbesse reprit :
    — Ce tableau est à vous. Je
suis désolée de vous en avoir privée. Il s’agit de ce que vous cherchiez
partout, n’est-il pas vrai ?
    Un nouveau hochement de tête lui
répondit.
    — C’est un diptyque, ai-je
raison ? Où se trouve l’autre partie ?
    — En effet. Elle est cachée
dans la bibliothèque, en haut d’un meuble, derrière de lourds et poussiéreux
ouvrages.
    — Il me le faudra montrer, ma
chère. Aussitôt… dès que tout ceci sera terminé.
     
    Hucdeline de Valézan avait sommé
deux serviteurs laïcs armés de se poster devant la porte barricadée de ses
appartements. Un sourire aux lèvres, elle attendait, sans véritable
appréhension. Mais bah, les brutes sont les brutes et on n’est jamais trop
prudente !
    Deux chocs sourds, un remue-ménage
derrière le battant la redressa. Elle cria :
    — Qui ?
    — Bernadine. Bernadine Voisin,
répondit la secrétaire qui s’époumonait.
    — Laissez pénétrer !
ordonna la grande prieure.
    Bernadine fonça vers son ancienne
comparse et hurla :
    — Vous m’avez trompée ! Et
maintenant cette émeute. Vous me semblez admirablement calme, Hucdeline. Quoi,
êtes-vous si certaine de vous en sortir indemne que vous restiez dans vos
appartements, seulement gardée par deux paysans ?
    Hucdeline de Valézan la toisa et
ironisa :
    — On ne fait pas d’omelette
sans casser des œufs. Vous étiez un des œufs ! À vous revoir, très chère.
Tentez de ne pas vous faire massacrer une fois dehors. Quant à moi, j’ai besoin
de savourer ce moment et vous me le gâchez. Ah, j’oubliais… Lorsque ensuite,
très bientôt… Enfin, après mon élection… je vous conseille en amie d’oublier
tout de notre commerce. Pour votre bonne santé.
    Le calme glacé qui revenait sur le
visage de la vieille secrétaire étonna un peu madame de Valézan.
    Bernadine tourna les talons et
sortit, tirant derrière elle le battant. Une masse se détacha du mur situé à sa
droite. La vieille secrétaire enjamba un des serviteurs assommés et déclara au
chasseur d’une voix lasse :
    — J’ai échoué, vous aviez
raison. Elle est à vous.
    Petit Jean le Ferron la remercia
d’un mouvement de tête et se baissa afin de pénétrer à son tour dans le bureau.
    Hucdeline avait rejoint sa table de
travail. Elle exigea :
    — Alors, venez-vous m’annoncer
enfin son trépas ?
    — Non.
    La rage défigura le joli visage
méprisant.
    — Mon frère sera furieux, et
ses fureurs sont redoutables. Il vous paie

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