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Monestarium

Monestarium

Titel: Monestarium Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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s’arment.
    — Mais…
    — Le clos des lépreux compte se
soulever à nouveau. Toutefois, la violence de cette rébellion dépassera de
beaucoup celle que vous connûtes. Nous allons l’étouffer dans l’œuf et barrer
ainsi la route à Valézan.
    Plaisance tentait de reprendre pied.
    — Il a fomenté les
révoltes ? Le maudit !
    Mortagne ne la détrompa pas sur
l’identité du premier instigateur.
    — Le temps presse, madame. Je
requiers humblement de vous que madame de Nilanay soit protégée à l’instar des
autres, bien que ne faisant plus partie de vos filles. Disons… Disons qu’elle a
rejoint mon entourage.
    Plaisance le fixa, et il comprit
qu’elle voyait clair en lui. Elle répondit d’une voix douce :
    — Cela allait sans dire,
monsieur. Me voilà grandement soulagée sur son sort.
     
    L’écho nerveux et puissant de la
grande cloche saisit les moniales. Elles se consultèrent du regard, interdites,
lâchant pour certaines leurs outils ou leurs ouvrages. D’autres évitèrent de
justesse le destrier de Malembert qui fonçait dans l’enceinte de l’abbaye, son
cavalier rugissant sur son passage :
    — Aux dortoirs à l’instant. Aux
barricades ! Que nulle n’en sorte. Nous sommes sous attaque !
    Ce fut la panique. Des robes
blanches volèrent en tous sens. Les religieuses couraient devant elles, sans
trop savoir où elles se rendaient. Même l’acariâtre et pontifiante portière,
Agnès Ferrand, lâcha le livre qu’elle tenait et s’enfuit à toutes jambes de la
bibliothèque, remontant sa robe sur ses bas. Aude de Crémont, bousculée par le
flot affolé qui se ruait dans l’étroit passage menant à l’escalier du dortoir
principal, s’affala de tout son long. Sans la poigne vigoureuse de Clotilde
Bouvier qui l’agrippa par le col, elle périssait piétinée. Enfin le troupeau
fut réuni dans l’immense dortoir. Un silence de mort s’abattit, seulement
troublé par les pleurs et les reniflements de quelques-unes qui voyaient déjà
l’enfer s’entrouvrir à leurs pieds. Rolande Bonnel, sœur dépositaire, fit
preuve de son habituelle rapidité d’esprit en demandant d’une voix hachée :
    — Et… et qui nous attaque, si
je puis m’enquérir ?
    Agnès Ferrand, que sa morgue
vipérine avait abandonnée, cria :
    — Gourde… Nul ne le sait !
Ah mon Dieu… Nous allons périr égorgées cette fois, je le sens ! Et ça
n’est pas ce Mortagne et son mire qui y changeront quoi que ce soit !
    — Avez-vous jeté votre raison
aux orties ? la rabroua avec violence la sœur cherche, Adélaïde Baudet.
Qui nous égorgerait ? Taisez-vous à l’instant !
    Ses nerfs lâchaient Agnès Ferrand.
Elle vagit :
    — Un bain de sang, un carnage,
je le savais ! À cause de cette bécasse d’abbesse… Nous allons toutes
mourir ! Ils vont nous cueillir céans où nous avons eu la stupidité de
nous masser.
    Elle se rua vers la lourde porte et
tenta d’en basculer la traverse.
    Barbe Masurier, la robuste cellérière,
se précipita sur elle, la tirant par la taille en criant :
    — Cessez !
    Mais Agnès Ferrand, en pleine crise
nerveuse, éructait, les muscles raidis par la terreur. Elle se jeta sur la
cellérière, tenta de la mordre afin de sortir. La gifle qui s’abattit sur sa
joue la déséquilibra et elle chut sur le sol.
    — Assez ! ordonna Barbe.
    Agnès rampa à quatre pattes,
enserrant les chevilles de son opposante, prête à en découdre de nouveau.
Clotilde Bouvier se précipita pour apporter son aide à la cellérière. Elle se
laissa tomber de tout son poids sur Agnès et s’assit sur son dos, en déclarant
paisiblement :
    — Avant qu’elle parvienne à
soulever ma masse, elle sera calmée ou épuisée.
    Haletante, Barbe Masurier reprit le
contrôle de la situation. Les ordres plurent. Les lits, les chaises, les bancs
et les coffres de la pièce furent poussés contre la porte, entassés les uns sur
les autres, formant barricade.
     
    Plaisance de Champlois et Alexia de
Nilanay attendaient, assises côte à côte sur le petit lit de l’abbesse, ainsi
que l’avait conseillé monseigneur de Mortagne avant de poster deux des
serviteurs laïcs armés l’un d’une houe, l’autre d’une pique de chasse dans le
bureau attenant. Trois de ses hommes d’armes protégeaient l’ouvroir à l’étage
inférieur.
    Affolée par l’ampleur de cette
défense, Plaisance avait demandé :
    — Votre intention n’était-elle
pas d’intervenir

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