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Monestarium

Monestarium

Titel: Monestarium Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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est toute-puissance, tout intelligence, toute connaissance. Allons, madame,
s’emporta-t-il, ouvrez les yeux. Comparés à Lui, nous sommes de pathétiques et
prétentieuses fourmis. Mais nous avançons. Peu à peu, nous nous approchons de
Lui, lentement, mais avec obstination. Grâce à Lui, nous avons la ténacité des
fourmis. Enfin, ne voyez-vous pas la différence qui existe déjà entre nous et
ce que l’on nous rapporte des siècles passés ?
    Elle ferma les yeux et respira avec
peine. Elle refusait. Elle refusait de l’entendre plus avant. En quelques
instants, cet homme qu’elle avait commencé d’estimer, d’aimer presque, lui
devenait insupportable. Il fallait qu’il parte. Qu’il quitte son bureau,
l’abbaye. Au plus vite.
    — La tête me tourne, monsieur.
Je ne me sens pas au mieux.
    — J’ai abusé, et je souhaite
qu’un jour vous me le pardonniez. À vous revoir, ma mère.
    Il s’inclina et sortit.
    La voix ferme, coupante, le retint
sur le pas de la porte :
    — Vous êtes mon invité
d’honneur, monseigneur. Je vous suis infiniment reconnaissante de l’aide que
vous nous avez apportée et sans laquelle nous serions peut-être toutes mortes
aujourd’hui. Cela étant… vous voudrez bien vous abstenir de professer à nouveau
de telles sornettes impies en ma présence ou en celle de mes filles et de mes
gens. Pour notre bien à tous.
    — Il en sera fait ainsi que
vous le souhaitez, madame. Votre pardon. Du fond du cœur.
     
    Lorsqu’il rejoignit Malembert à
l’hostellerie, Aimery de Mortagne s’en voulait mortellement. Qui était-il pour
affirmer détenir la vérité ? Comment avait-il pu tenter d’en convaincre
cette jeune abbesse, pour qui la version de l’Église était la seule
authentique ? Il relata ses découvertes à son fidèle secrétaire et
s’épancha.
    Le visage anguleux de celui qui
était devenu son seul véritable compagnon s’était figé.
    — Je me suis conduit comme un
imbécile dépourvu de cœur, mon bon Malembert.
    — Non pas, monseigneur.
Brutalement certes, mais pas en faible d’esprit doublé d’un insensible. Quant à
votre tiède appréciation des créatures humaines, nous la partageons, ainsi que
vous le savez. Il est vrai que nous fûmes soldats, que nous avançâmes tous
deux, enfoncés jusqu’aux chevilles dans le sang et la mort. Que sait-elle,
cette gentille abbesse, de la fureur impitoyable des champs de bataille ?
Que sait-elle de ces blessés que l’on achève en se retirant afin de leur
épargner les tortures de l’adversaire ? Que sait-elle de la terreur ou du
goût du sang qui transforment certains êtres de mesure en monstres ?
Toutefois, je m’interroge sur le sens de toute cette affaire. Nicolas IV*
fut-il, à l’époque du rachat du sac à l’Arménien, informé de la véritable
nature des ossements ?
    — Je n’ai nulle certitude, mais
je parierais le contraire. Valézan a dû les lui taire afin d’en tirer un jour
profit. De la même façon, je jurerais que Clément V n’a aucune idée de
l’existence de cette besace. Imagine le pouvoir de Jean de Valézan. Il peut
maintenant faire trembler Rome en menaçant de divulguer son secret. Peut-être
ces petits triangles rougeâtres lui vaudront-ils un jour le Saint-Siège.
    — Dieu nous en préserve. Cet
homme a basculé depuis trop longtemps vers le mal… Pourquoi tant
d’acharnement ? Il suffisait de prétendre qu’il s’agissait d’un squelette
de singe. Tout le monde n’y aurait vu que du feu.
    — Ce n’est pas le squelette,
mais les pointes taillées qui importent. A-t-on déjà vu un singe capable de
façonner la pierre pour s’en faire armes et outils ? Or nous étions
plusieurs à les avoir contemplées. Presque tous sont morts, sauf nous deux et cet
Arménien qui ne doit la vie sauve qu’au fait d’avoir traité avec nous et pas
avec un des sbires de Valézan.
    Malembert chassa le remords qui
s’insinuait dans son âme et rétorqua :
    — En ce cas, pourquoi ne pas
parler vrai, expliquer que nous progressons pas à pas sur le chemin de Dieu et
que si le temps nous semble interminable, il n’est rien à Ses yeux ?
    — Comment expliquer aux plus
inquiets d’entre nous que le temps de Dieu n’est pas le nôtre ? Comment
leur faire sentir, sans les désespérer, que tout est symbole et que ces
symboles dépassent souvent notre piètre entendement ? La connaissance est
pouvoir, Malembert. Nous sommes tous deux convaincus

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