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Monestarium

Monestarium

Titel: Monestarium Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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qu’elle nous rapproche de
Dieu. Maintenir l’homme dans l’ignorance, c’est le ravaler à l’état de bête et
le dominer. Valézan en est également certain. Il utilise la peur, la bêtise,
l’ignorance et l’impuissance, voire la cupidité de ses victimes pour se frayer
un chemin vers l’ultime puissance.
    — Il faut placer les rouleaux
en lieu sûr, hors d’atteinte des griffes de Jean de Valézan. Les confier au
roi, peut-être. Puis, notre tâche céans sera terminée, monseigneur. Je vous
confesse que je n’en serai pas fâché.
    — Je n’en suis pas si certain,
Malembert.
     
    Le lendemain, dès après prime,
devait lui donner raison, lorsque Jean de Valézan requit hospitalité en
l’abbaye, pour lui et sa suite, afin de prier sur la tombe de sa bien chère
sœur.
    Ne doutant pas que l’archevêque
était au fait de sa présence aux Clairets, Mortagne rasa les murs et se fit
discret. Il eut la roublardise de faire porter un message par Malembert, priant
le prélat de lui pardonner son retard à le saluer et arguant d’affaires
urgentes à expédier avant de se consacrer tout entier au plaisir de le
rencontrer. Étrange. Mortagne pistait Valézan depuis des années. Il reniflait
ses coups bas depuis des lustres. Valézan lui était devenu une sorte de
compagnon de sinistre connaissance. Pourtant, il savait à peine à quoi
ressemblait l’autre.
    Malembert lui rapporta la réponse de
son ennemi. Le plaisir serait sien, et il attendait avec impatience le bonheur
de le savourer. Étienne ajouta d’un ton détaché :
    — Je n’ai même pas aperçu
l’archevêque. J’ai remis votre message à… son secrétaire, dirons-nous. Quant au
reste de sa suite, si ce sont des clercs, c’est que je suis bonne femme.
    — Ont-ils l’air si inquiétants
que cela ?
    — Et bien davantage,
monseigneur. Quatre sbires à la trogne d’hommes de main.
    — Il fallait s’y attendre.
    — À sa demande, lui et son
entourage ont été installés dans les logements de feu la grande prieure, ajouta
son secrétaire.
    — Valézan espère y découvrir
quelque chose, traduisit Mortagne.
    — Les rouleaux du
diptyque ?
    — Pourquoi pas.
    L’effervescence qui suivit l’arrivée
de l’archevêque ne s’apaisa qu’à sexte, après qu’il eut longuement supplié le
Seigneur d’accueillir en Son sein l’âme de sa tendre Hucdeline, et rencontré
l’abbesse en son palais.
    Mortagne mit à profit ce court répit
pour déménager Alexia de Nilanay dans l’une des chambres de l’hostellerie dont
elle ne devait sortir sous aucun prétexte. La jeune femme ne le questionna pas,
preuve qu’elle avait senti la menace, elle aussi. Malembert lui tiendrait
compagnie. Elle remercia le comte d’un ton étonné :
    — J’ignore, monseigneur,
pourquoi vous consentez à tant de peine afin de me protéger. Je vous en suis
infiniment reconnaissante, bien qu’étourdie.
    Il lui jeta l’un de ses longs
regards et repartit en souriant, de ce lent étirement de lèvres enjôleur :
    — Ma faiblesse pour la douce
gent, sans doute. Une tradition familiale, madame.
    — Une jolie tradition,
monsieur.
    — C’est également ce que je
pense, après mon père et mon grand-père. La gent virile n’a-t-elle pas été
créée afin de protéger la vie et l’honneur des femmes ?
    — Je ne sais, monsieur. En tout
cas, je remercie le ciel que vous en soyez convaincu.
    Le sourire mourut. L’émotion le
remplaça. Elle avait peur mais demeurait brave. Elle lui plaisait, décidément.
Plus tard.
    — Charles d’Ecluzole, mon grand
bailli, s’est attardé entre ces murs après l’émeute avortée des ladres. Je m’en
félicite. Il vous rejoindra bientôt.
    L’inquiétude se peignit sur le
visage d’Alexia, qui murmura :
    — M’abandonnez-vous ?
    — Que nenni, madame. Je prévois
la suite.
    — Est-elle si affreuse que deux
hommes aguerris doivent me garder ?
    — Rassurez-vous. Malembert vous
confirmera que je divague parfois, mentit-il. Les hommes confondent par
amusement une simple escarmouche avec la guerre. À vous revoir très vite,
madame, pour plaisanter des anciens soldats.
    Mortagne n’évoqua pas l’ahurissante
découverte faite grâce au diptyque. Il fonça dans le bureau de l’abbesse et
exigea :
    — Vous avez reçu monseigneur de
Valézan.
    — Ainsi que je l’eusse fait de
n’importe quel évêque, en effet.
    — Lui avez-vous tendu les
rouleaux ?
    — Non. Il ne les a pas

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