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Monestarium

Monestarium

Titel: Monestarium Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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vends-tu
donc ? Un manuscrit rare, une relique, quelques potions inconnues ?
    — Rien de cela.
    — Tu m’intrigues, l’ami.
Veux-tu me le montrer ?
    — Eh bien…
    L’espace d’un instant, Firûz avait
été tenté de tourner les talons et de décamper. Une intuition l’en avait
dissuadé. Sa route commune avec cette besace s’arrêtait bientôt.
L’indescriptible soulagement que lui avait procuré cette certitude avait fait
le reste. Il avait entraîné l’homme un peu à l’écart et dénoué les liens qui
protégeaient son secret. L’homme avait plongé le regard vers les profondeurs du
sac. D’abord, la surprise et la perplexité s’étaient peintes sur ses traits. Il
avait plongé la main pour extraire quelques triangles de pierre rouge. Il les
avait tournés et retournés entre ses doigts et avait blêmi jusqu’aux lèvres.
    Quelques jours plus tard, il avait
mis Firûz en relation avec un riche intermédiaire, du moins était-ce ce qu’il
avait affirmé. L’homme maigre au regard bleu-blanc. Tous trois s’étaient
retrouvés un soir dans une cabane plantée de guingois sur la rive orientale du
Bosphore. L’homme, celui de l’échoppe du cordonnier dont Firûz n’avait jamais
su le nom, n’était resté que quelques instants. Avant de les abandonner à leurs
tractations, il s’était approché de l’Arménien pour lui murmurer à
l’oreille :
    — Tu fais bien de t’en défaire.
    Il ne l’avait jamais revu.
    Firûz avait regretté de ne pas
conclure aussitôt l’affaire. Au lieu de cela, l’intermédiaire lui avait donné
rendez-vous à un mois, au prétexte qu’il ne disposait pas de la somme convenue
mais devait la récupérer au Temple de la citadelle Saint-Jean-d’Acre. Il avait
ajouté qu’un petit marchand en voyage se ferait moins repérer qu’un bourgeois
franc.
     
    Depuis cette rencontre dans une
cabane des rives du Bosphore, Firûz savait qu’il se débarrasserait sous peu de
son encombrant paquet. Il avait le sentiment que la vie lui revenait. Étrange
et grisante sensation. L’air lui semblait plus léger, plus odorant et, ce
matin, il s’était fait la réflexion que les voix des femmes n’avaient jamais
été aussi douces. Les femmes. Pas une n’avait arrêté son regard depuis deux
ans, depuis cette nuit durant laquelle il avait accompagné les derniers
instants de fièvre d’un inconnu d’ébène. Depuis, une ombre avait englouti son
existence sans qu’il y prenne garde, sans même qu’il en devine l’avancée.
Bientôt. Dans quelques minutes, le voile obstiné qui obscurcissait ses jours et
ses nuits disparaîtrait à jamais.
    Il contourna la cathédrale
Sainte-Croix et obliqua en direction de la tour Maudite, qui surplombait le
cimetière Saint-Nicolas. Dans une venelle qui descendait en pente douce vers le
premier mur d’enceinte, il découvrit sans difficulté la taverne des Preux.
    L’intermédiaire l’attendait déjà,
attablé devant un cruchon de vin. Il régnait dans l’établissement une pénombre
seulement troublée par la parcimonieuse clarté de quelques lampes à huile. Les
yeux de Firûz s’accoutumèrent à la semi-obscurité, et il se félicita du peu de
clients réunis. Ils auraient moins à craindre d’oreilles indiscrètes et
pourraient mener leur échange en tranquillité. Seul un homme gras ronflait,
avachi dans un coin, la tête renversée en arrière, la bouche grande ouverte. Ce
peu d’affluence avait, à n’en point douter, justifié le choix de son acheteur.
Le faux Bédouin s’installa en face du grand homme émacié, qui allait lui offrir
une fortune et la paix d’esprit. Bien qu’ayant longuement répété son entrée en
matière, il buta sur les mots. Quelque chose dans le maintien de l’autre l’intimidait,
à moins que ce ne fût la fixité de son regard, si bleu qu’il en paraissait
presque blanc.
    — J’irai droit au but,
monseigneur…
    — L’as-tu ? le coupa
l’autre.
    — Certes, répondit l’Arménien
en désignant la besace posée à ses pieds.
    L’intermédiaire – d’il ne savait qui
– parut satisfait et se laissa aller contre le dossier de sa chaise après lui
avoir servi du vin.
    — Bien. Alors buvons pour
célébrer notre marché, proposa-t-il en levant son gobelet de terre cuite.
    Firûz l’imita et but son vin d’un
trait. L’alcool aigrelet le revigora, lui communiquant un peu de courage.
    — J’irai droit au but, donc.
Trois cents livres sont

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