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Monestarium

Monestarium

Titel: Monestarium Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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existent,
cela étant… Voilà. Je me tais à l’instant et vous laisse soupeser votre
attitude.
    Un silence d’étrange nature suivit.
Un silence d’attente sans impatience. Un silence dont Marie-Gillette se fit la
réflexion qu’il était cordial, presque complice. Incapable de penser, elle ne
soupesa rien. Elle se laissa bercer de longues secondes par le rythme lent de
la respiration de l’abbesse.
    Un détail insaisissable troublait
Plaisance de Champlois depuis quelques instants. Une impression, plutôt. Elle
eut beau chercher, rien ne se précisa. Un raclement de gorge mit terme à ses
interrogations.
    — Notre douce Angélique n’était
pas visée. Le fardeau de cette mort dont je me sens coupable… Je… J’ai fui la
Castille, à la suite de l’assassinat de mon amant. Un incompréhensible
égorgement. J’ai été pourchassée comme une bête par deux hommes, jusqu’en
royaume de France. Parvenue en Perche, je me suis… terrée aux Clairets. Aussi
ne puis-je accorder nul crédit à la culpabilité d’un lépreux qui aurait semé sa
cliquette sur les lieux de son crime. Vous savez tout, ou presque. Lorsque je
vous affirme que j’ignore les mobiles véritables de ce meurtre, de ces
meurtres, il faut me croire, ma mère. Alfonso était un être joyeux, léger, que
les affaires de pouvoir n’intéressaient guère. Quant à Angélique, c’est-à-dire
à moi puisqu’elle périt à ma place… (Elle lutta contre les sanglots et reprit :)
Qu’ai-je fait, sinon mener une vie un peu trop libertine et
superficielle ? Je me déteste. Pourtant, je n’ai rien commis qui le
mérite, sinon ressembler à ce pauvre petit ange. Oh, il est vrai… je le
confesse, je ne peux me prévaloir de belles et généreuses actions. Sans doute
mon égoïsme passé, mon indifférence de cœur ont-ils déçu nombre d’êtres chers.
Ma mère, mon frère – qui sont bien vifs, du moins je l’espère – et vous
aujourd’hui. En vérité, madame, je vous le jure : je n’ai jamais volontairement
heurté âme qui vive.
    Elle tendit la main vers l’abbesse
qui s’en saisit.
    — Ma mère, je suis soulagée. Si
vous saviez.
    — Se décharger des menteries
qui vous empoisonnent l’esprit produit bien souvent cet effet.
    Un rire sans joie lui répondit
d’abord :
    — Je ne vous ferai pas accroire
à ma grande pureté. Au demeurant, j’y échouerais. Je ne cherche pas le
soulagement.
    Non, voyez-vous, ma mère… Je me dis
depuis la mort d’Angélique que ces hommes me talonnent. Je me dis qu’ils
parviendront sans doute à m’occire à mon tour, s’ils s’aperçoivent de leur
méprise. Le pis… Le pis à mes yeux serait que leurs meurtres demeurent impunis.
Celui d’Alfonso, de cette adorable moniale. Le mien peut-être. Maintenant, vous
savez, vous aussi. Je suis apaisée.
    Plaisance serra la main glacée de la
jeune femme.
    — Qui sont ces hommes ?
    — Je l’ignore. Il ne s’agit pas
de vauriens communs. Plutôt des nervis [148] à la solde de
quelqu’un.
    — Marie-Gillette d’Andremont
n’est pas votre nom, n’est-ce pas ?
    — Non. Je me nomme Alexia de
Nilanay. Ces… confidences ayant indiscutablement un lien avec les affreux
événements, du moins avec le décès d’Angélique, comptez-vous… en faire part au
comte Aimery ?
    — Je ne sais… Lui taire la
vérité serait grandement coupable, d’autant… (Le regard de l’abbesse se liquéfia.
Elle lutta contre les larmes et acheva :) D’autant que je ne puis plus
vous considérer comme l’une de mes filles… Je vous relève de vos vœux
définitifs.
    Alexia-Marie-Gillette voulut se
lever, protester. Plaisance l’interrompit d’un geste sans colère.
    — Vous n’avez pas choisi Dieu
en votre âme et conscience et n’avez été reçue parmi nous que sous un passé,
une identité d’emprunt. Votre cœur, votre âme n’étaient pas grands ouverts
ainsi qu’ils l’auraient dû. Un subterfuge, une mystification. Il s’agit à mes
yeux d’une supercherie inacceptable en ces lieux de dévotion. Marie-Gillette,
de grâce, croyez-moi… rien, ni personne ne me contraindra jamais à vous jeter
la première pierre. Je ne connais pas le siècle, ou si peu… Peut-être, à votre
place, aurais-je moi aussi triché afin de rester sauve. Dieu seul peut le dire.
Dieu seul peut juger. Cela étant, et pour en revenir à votre inquiétude,
monseigneur de Mortagne représente la justice séculière. Puisque vous n’êtes
plus une

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