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Montségur, 1201

Montségur, 1201

Titel: Montségur, 1201 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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bijou roula dans la poussière.
    — Radu, aidez votre maître à descendre de
cheval.
    Avec la fourrure de son manteau, l’autre essuya le
sang de son visage et entreprit de soutenir le comte par la taille. Dracul mit
pied à terre, chancelant un instant avant de s’appuyer sur son écuyer.
    — Maintenant, enlevez-lui son manteau et son
haubert. Ensuite vous lui ôterez ses bottes. Vous ferez pareil pour vous et
vous resterez tous les deux en chemise.
    — Qu’allez-vous faire ? demanda
Vladislas de Valachie, en se laissant dévêtir par Radu.
    — J’ai songé à vous pendre à ce chêne…
    Il désigna un arbre.
    — Je ne crains ni la mort ni la souffrance,
répliqua le valaque sans frémir… Je suis le fils du Diable, l’auriez-vous
oublié ?
    — La mort, sans doute… Mais la
déchéance ? laissa tomber Guilhem.
    Il lut alors une ombre d’effroi sur les traits de
Vladislas de Valachie et il sut qu’il tenait sa vengeance.
    — Pendant qu’ils se mettent en chemise,
Wolfram, récupère tout ce qui a de la valeur chez les deux autres et rassemble
les chevaux. Nous ne leur laisserons rien.
    Wolfram descendit de son palefroi et entreprit de
faire ce que Guilhem lui avait demandé. Il acheva le cheval blessé, puis
arracha manteaux et bottes aux deux valaques morts, récupéra arcs, flèches et
épées qu’il attacha aux selles du cheval survivant. Ensuite il revint vers
Dracul et Radu pour prendre leurs épées et leurs boucliers et les attacher à leurs
montures.
    En chemise, pieds nus, assis à même le sol,
Vladislas de Valachie le regardait faire, digne mais honteux et inquiet. Radu
finissait d’enlever son harnois.
    — Vos bracelets d’or ! ordonna Wolfram
en récupérant escarcelle, bourse, sacoche et équipement.
    Quand tout fut terminé, Guilhem fit signe à
Wolfram de rassembler les montures. Ils en avaient huit de plus, désormais et
auraient donc à mener dix bêtes. L’émeraude était toujours à terre.
    Guilhem descendit de sa selle et, l’épée toujours
à la main, s’approcha de Dracul :
    — Il y a un hôpital à la commanderie de
Douzens.
    Il en désigna la direction.
    — Si vous y arrivez vivant, vous mourrez
peut-être dans un lit. Mais ne comptez pas sur les templiers pour vous donner
le consolamentum .
    Le comte resta impassible, il savait sa fin
prochaine et n’envisageait pas d’aller plus loin.
    Guilhem ramassa l’émeraude et rejoignit Wolfram.
Choisissant le palefroi de Dracul, il glissa l’émeraude dans une des sacoches
du bât. Puis il passa rapidement les autres bagages en revue jusqu’à ce qu’il
trouve l’épée du comte de Foix. Il la prit pour qu’elle remplace à son baudrier
celle du forgeron de Bélesta.
     
    Ils furent de retour à Carcassonne avant la nuit.
En chemin, après avoir récupéré leurs arbalètes, Guilhem avait donné à Wolfram
son interprétation de la maladie du comte Dracul :
    — C’est toi qui avais raison. L’émeraude est
maléfique. C’est elle qui l’a affaibli et qui le tuera. Il l’avait deviné.
C’est pour cela qu’il voulait que je la prenne, espérant que je ferai le grand
voyage à mon tour.
    — Pourtant, tu l’as gardée plusieurs heures
par-devers toi sans souffrir, objecta Wolfram.
    — Peut-être pas assez longtemps pour tomber
malade.
    Il pensait aussi à l’attirance que la pierre avait
provoquée chez lui. Depuis qu’il avait vu l’état de Dracul, cette fascination
avait disparu de son esprit.
    — J’ai songé à une autre explication, dit
Wolfram. L’émeraude, qui est le Graal, distingue les bons et les méchants.
C’est en vain qu’un homme au cœur impur prétend le transporter.
    — Je n’aurais donc pas un cœur impur ?
ironisa Ussel.
    — Tu n’es pas cathare, et Vladislas de
Valachie était bogomile, proposa Wolfram. Peut-être que le Graal sait
reconnaître les hérétiques.
    — Mais il a sauvé Sanceline qui est cathare,
rétorqua Guilhem.
    Ils n’en parlèrent plus durant un moment, jusqu’à
ce que Wolfram reprenne la parole.
    — Guilhem, je ne veux pas de l’émeraude. J’y
ai bien réfléchi. J’ignore trop de choses sur elle. Conrad aurait fait comme
moi.
    — C’est une sage décision, mon ami. Je te
l’aurai laissée, comme promis, mais je suis certain qu’il est plus prudent de
lui faire réintégrer le gouffre d’où nous l’avons tirée.
    — Dans le coffre en or ?
    — Tout de même pas ! s’exclama Guilhem
dans un rire joyeux.

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