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Montségur, 1201

Montségur, 1201

Titel: Montségur, 1201 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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vendu
d’autre ?
    — Des armes et des bagages, seigneur.
    — Montre-les-moi.
    L’homme les accompagna dans une remise, véritable
bric-à-brac où étaient empilés et entassés selles, harnais, sacoches, armes,
coffres et malles de toutes sortes, en bois et en buffle.
    Immédiatement Guilhem aperçut la boîte de sa
vielle à roue, posée sur une selle. Il se précipita, la saisit et l’ouvrit.
L’instrument était intact.
    — J’ai acheté cette vielle, seigneur, fit
craintivement le charretier.
    En fouillant, Wolfram avait aussi découvert une
grande partie de leurs bagages volés. S’il n’y avait pas l’épée offerte par le
comte de Foix, ni sa dague incrustée de pierreries, ni aucune arbalète, il
trouva le haubert et le camail de Guilhem, ainsi que leurs rondaches.
    — Dommage qu’il n’y ait pas nos arbalètes,
fit-il en grimaçant.
    — Il y en avait, seigneur, reconnut le vieil
homme, embarrassé, mais comme les sergents d’armes de Flaçan en recherchaient,
je les leur ai portées cet après-midi.
    — Tant pis ! fit Guilhem. On en trouvera
d’autres à Carcassonne. Combien t’ont-ils vendu nos affaires ?
    — Je leur ai payé avec six pièces d’or,
seigneur. Tout ce que j’avais.
    — Je t’en donne dix. Demain, nous prendrons
nos deux chevaux, la sellerie et mon hamois. Que tout soit prêt à laudes. Je te
laisserai le reste et le roussin en garde, et surtout ma vielle. Je les
reprendrai à mon retour.
    Il ouvrit son escarcelle et en tira dix pièces.
     
    Dès l’aube, ils prirent la direction de
Carcassonne, celle suivie par le comte Dracul et ses gens.
    Pour cette étape, ils étaient enfin bien équipés,
tous deux en haubert et camail, casqués avec rondache, épée et hache. Le voyage
leur prit la journée et ils n’aperçurent l’imposante masse de la cité qu’au
coucher du soleil.
    C’est Théodoric, le fils d’Alaric le Grand, qui
avait construit l’enceinte et les tours de Carcassonne, sur d’anciennes
fortifications érigées par les romains. Devenue la principale forteresse du
royaume wisigoth, Théodoric y avait déposé les trésors enlevés par son père
pendant le sac de Rome.
    Après la défaite d’Alaric II, les comtes
étaient devenus les tout puissants seigneurs de la cité jusqu’à ce que la
bourgeoisie et le clergé, pressurés d’impôts, se révoltent. Avec le soutien de
la papauté, commerçants et artisans y avaient obtenu une certaine liberté qui
avait provoqué leur enrichissement.
    Plus tard, le comte Roger de Béziers avait créé
deux foires annuelles. Depuis lors, Carcassonne était devenue si prospère que
la ville battait sa propre monnaie. En même temps, le château des vicomtes de
Carcassonne était devenu le rendez-vous des troubadours les plus réputés.
    Le commerce et les troubadours itinérants avaient
propagé les idées cathares et depuis les Wisigoths, qui bien qu’ariens
autorisaient le culte catholique, la tolérance religieuse avait toujours régné
dans la province. Pour ces raisons, l’Église hérétique s’était solidement
implantée à Carcassonne, tant dans la bourgeoisie que dans la noblesse.
     
    Ils passèrent l’Aude par le vieux pont romain
avant d’emprunter le chemin conduisant aux deux tours flanquant la porte du
Levant. À cette heure, il était encore encombré de voyageurs et de marchands
qui feraient étape dans la ville.
    Wolfram était impressionné par les massives
fortifications, la barbacane devant eux et les tours rondes surmontées
d’oriflammes. C’était une ville imprenable, jugeait-il. Il en fit part à
Guilhem.
    — Elle l’est d’autant plus que la vicomté de
Carcassonne et de Béziers n’est en guerre avec personne, même s’il y a en ce
moment quelques querelles avec Toulouse.
    La porte en plein cintre, en briques, avait été
construite par les Wisigoths. Un sergent d’armes et quelques gardes
interrogeaient les voyageurs. Ils expliquèrent être des chevaliers errants
troubadours et on les laissa entrer sans leur demander d’autres justifications.
    Dans la ville, ils empruntèrent une rue étroite
conduisant à l’église Saint-Nazaire. Bordée de commerces, d’échoppes d’artisans
et d’auberges, elle traversait un lacis de ruelles encombrées d’étals, de
badauds et d’animaux errants.
    Guilhem s’arrêta devant l’ Ostal del Potz ,
une auberge qu’il connaissait. Ayant laissé leurs montures aux soins des
palefreniers et avant recommandé leurs

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