Montségur, 1201
vers de nouvelles
conquêtes, les Goths se préparant à occuper la Sicile avant de passer en
Afrique, Alaric, qu’on appelait désormais le Grand, se sentait fatigué. Il
avait même choisi de voyager en chariot et non à cheval. Son médecin lui avait
assuré que le climat pestilentiel de la Ville sainte était la seule cause de
ses maux.
Quelques jours plus tard, arrivé au sud de
l’Italie, le roi des Goths avait surmonté cette faiblesse passagère et fait
rassembler une flottille. Mais à peine une partie de celle-ci avait-elle pris
la mer qu’une tempête inattendue engloutit tous les vaisseaux.
Troublé par ce revers inattendu, car la divine émeraude
aurait dû assurer le succès de l’expédition, Alaric tomba brusquement malade.
Une fois de plus son médecin déclara que les marécages autour du camp étaient
responsables de cette fièvre passagère. Pourtant, malgré ses soins, Alaric le
Grand s’éteignit au bout de quelques jours.
Après l’avoir pleuré sincèrement, le peuple goth
décida de l’ensevelir avec les plus beaux trophées qu’il avait pris à Rome. Des
captifs détournèrent le cours d’un fleuve et creusèrent en son milieu, mis à
sec, le sépulcre de leur général qu’ils emplirent d’objets précieux. Puis les
Wisigoths ramenèrent les eaux dans leur premier lit et, pour que l’endroit qui
recélait le corps du victorieux Alaric ne pût jamais être connu de personne,
ils massacrèrent les fossoyeurs.
L’émeraude échut à Théodoric qui la replaça dans
le précieux coffret d’or. Ensuite le peuple goth adopta Adolphe comme roi.
Celui-ci abandonna le projet de conquête de l’Afrique de son beau-frère et
choisit plutôt de rejoindre les autres peuplades goths installées en Espagne.
Il remonta donc vers le nord de l’Italie avant d’entrer en Gaule.
Théodoric grandit au cours de cet exode avant de
devenir le premier roi de Toulouse. Son fils Euric, puis son petit-fils
Alaric II, lui succédèrent, chacun gardant avec dévotion l’objet sacré
contenu dans le coffre.
Mais en 507, le roi des Francs Clovis décida à son
tour de s’emparer du coffret d’or. Il rassembla une armée et écrasa
Alaric II à Poitiers.
Chapitre 1
B londe
comme les blés d’été, un visage ovale aux traits réguliers et au teint de
neige, des yeux bleus voilés par de longs cils, une bouche aux lèvres
généreuses et aux dents d’ivoire, Amicie de Villemur avait été, pendant des
années, l’astre de la cour d’amour du château du comte de Toulouse, à la
Salvetat de Saint-Gilles.
À 16 ans, on disait qu’elle était la plus
belle du comté de Toulouse. À dix-huit, avec son air de vierge qui dissimulait
des passions furieuses, les hommes se défiaient pour un de ses regards et, lors
des tournois, les chevaliers se laissaient aller aux plus incroyables témérités
pour obtenir d’elle un ruban.
De surcroît, si Amicie était belle à faire damner
un saint, elle avait de l’esprit et lisait le latin. Enfin, son lignage était
des plus anciens et la fortune de sa famille, immense. Les hommes la
recherchaient donc autant pour sa richesse que pour sa grâce et son caractère.
Son père, Guillaume-Aton, seigneur vicomte de
Villemur, s’était un temps ligué avec le comte de Foix contre le vicomte de
Carcassonne et y avait gagné plusieurs forteresses. Sa puissance et sa fortune
en avaient fait un des plus solides barons du comte de Toulouse. À sa mort, ses
fils Guillaume et Arnaud s’étaient partagé ses domaines, laissant à leur jeune
sœur Amicie une belle ferme avec quelques pièces de vignes et deux moulins.
Guillaume était devenu seigneur vicomte de Villemur, tandis que son frère
recevait la coseigneurie de Saverdun.
À la cour du comte de Toulouse, la jolie Amicie
était la maîtresse de Guilhem d’Ussel, un vaillant chevalier au service des
Saint-Gilles et aussi un fin troubadour. Ce choix avait surpris plus d’un car
Ussel, d’obscure origine, était un ancien routier. Mercenaire au service de la
compagnie du sinistre Mercadier, puis de celle du crapuleux Lambert de Cadoc,
Ussel avait été appelé par le père du comte qui s’inquiétait des prétentions de
Richard Cœur de Lion sur ses domaines. Venu à Toulouse avec une troupe de
routiers dont il était le capitaine, il avait appris à son arrivée que le vieux
comte était mort et que son fils avait noué une alliance avec le Plantagenêt en
acceptant d’épouser sa sœur Jeanne.
Bien
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