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Montségur, 1201

Montségur, 1201

Titel: Montségur, 1201 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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deux frères n’auraient pu être plus
différents. Courtaud, sombre de peau, velu comme un sanglier et sauvage comme
un taureau dont il possédait la mâchoire, Gilabert était cruel, fourbe, violent
et coléreux. Veuf, il mettait les femmes et les filles de ses serfs dans son
lit après les avoir battues comme plâtre. Plusieurs fois, Amiel avait tenté de
le ramener à la raison, mais si son cadet lui avait promis de s’amender, il n’y
était jamais parvenu.
    Heureusement, la proximité avec ce barbare ne
tourmentait pas trop Amicie. Le château était grand et Gilabert occupait une
vieille tour, la partie la plus sinistre et la plus ancienne de la place forte,
tandis qu'elle et son mari logeaient au-dessus de la grande salle.
    Saverdun signifiait « la forteresse sur la
hauteur ». Érigé quatre-vingts ans plus tôt par le comte de Foix, sur un
éperon dominant l’Ariège, le château n’avait longtemps été qu’un grand donjon
pentagonal de cent cinquante pieds de largeur. Puis on l’avait agrandi d’une
salle de réception, d’une seconde tour, d’une salle de gardes et d’une
chapelle. En même temps, l’éperon rocheux avait été ceinturé de solides
murailles aux portes fortifiées pour protéger la ville qui s’était développée.
    À quinze lieues de Toulouse, ce puissant château,
qui verrouillait l’entrée du comté de Foix, contrariait toujours Raymond de
Saint-Gilles. Malgré l’accord survenu après le contrat du mariage d’Amicie, la
discorde pouvait revenir à tout moment, et c’est ce qui arriva.
    Le vicomte de Béziers et de Carcassonne, le jeune
Trencavel, avait atteint l’âge de la majorité au printemps de l’an 1199. Son
oncle, le comte de Toulouse, voulait profiter de son inexpérience pour rétablir
sa suzeraineté sur la vicomté, droits dont s’était affranchi le père de
Trencavel, ce qui avait provoqué une longue lutte entre les maisons de
Saint-Gilles et de Carcassonne.
    Craignant, à juste raison, son puissant voisin toulousain,
le jeune vicomte s’était tourné vers le comte de Foix qui lui paraissait moins
redoutable. Les deux hommes s’étaient rencontrés pour signer un traité d’union,
s’engageant mutuellement à se donner protection. Trencavel avait même désigné
le comte de Foix à sa succession, s’il venait à décéder sans enfant. C’était, à
mots couverts, une ligue contre Raymond de Toulouse.
     
    Loin de ces querelles, qui pourtant la
concernaient en tant que coseigneur, Amicie avait entrepris d’établir à
Saverdun une cour aussi prestigieuse que celle de Saint-Gilles. Pour y
parvenir, elle invitait ses voisins à d’éclatants banquets où elle recevait les
troubadours et les jongleurs les plus réputés du Toulousain.
    Les tournois donnés au château étaient aussi des
prétextes à de somptueux rassemblements. Amiel appréciant les joutes guerrières
auxquelles il conviait ses amis et ses vassaux, les seigneurs de Montaut, de
Saint-Quirc, de Marquefave et d’Auterive.
    La plus fastueuse de ces fêtes avait été donnée
lors de la venue du comte de Foix avec sa jeune épouse, qui avait accouché au
château. La dernière avait eu lieu à Pâques. À cette occasion des hérauts
d’armes avaient annoncé les festivités à son de trompe, déclamant dans un rayon
de dix lieues :
     
    À la louange de Dieu. La noblesse qui voudra se
trouver au château de Saverdun, les fêtes de la Pâques prochaines, sera reçue
dans un tournoi qui se célébrera à la gloire d’Amicie de Villemur. On y
combattra à lance mornée. L’épée n’y servira que d’ornement pour ne pas
souiller par le sang. On ne promet d’autre prix que l’honneur d’avoir vaincu.
     
    Les chevaliers, leurs dames et leurs serviteurs
qui se rendaient à ces joutes recevaient une magnifique hospitalité au château
et dans les plus belles maisons de la ville haute que leurs habitants devaient
céder. La sombre et austère forteresse, qui n’avait que des meurtrières comme
ouvertures, était alors méconnaissable. Tentures, fourrures ou draps brocardés
d’or et d’argent couvraient les murs de la grande salle parfumée par des
plantes aromatiques jetées dans le foyer. Quant aux festins et aux banquets,
ils étaient raffinés et exceptionnellement copieux.
    Ces réjouissances duraient plusieurs jours et
commençaient par des épreuves en lices dans la Grand-Rue de Saverdun où toutes
les maisons étaient enguirlandées de draps aux armes des

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