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Montségur, 1201

Montségur, 1201

Titel: Montségur, 1201 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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les
préceptes des saints Évangiles : ne pas mentir, ne pas commettre de
violence, ne pas jurer. À ces règles, les cathares ajoutaient le refus de se
nourrir de viande, car ceux qui n’étaient pas sauvés se réincarnaient après
leur mort, et le rejet de la procréation, puisqu’elle entraînait la venue de
nouveaux êtres dans le royaume du mal.
    De tels préceptes étant difficiles à observer,
seule une minorité y parvenait. C’étaient les Parfaits. Ceux-là avaient reçu le consolamentum , le baptême de l’Esprit. Les autres ne le recevraient
qu’au moment de leur mort.
    L’austérité et la moralité des Parfaits, qui
contrastaient avec la corruption et la cupidité du clergé catholique, leur
assuraient la vénération du peuple. L’Église cathare n’avait ni le faste ni la
hiérarchie de celle de Rome. Elle ne comprenait que quatre évêques et des
diacres parfaits, qui étaient aussi bien des hommes que des femmes. Même issus
de la noblesse, ces Parfaits travaillaient de leurs mains, vivaient en
communauté et sillonnaient les chemins, de villes en châteaux pour prêcher,
porter leur bénédiction et accorder le consolamentum aux mourants.
    Leurs prédications portaient sur les Épîtres de
saint Paul, les Épîtres canoniques, les Actes des apôtres et l’Apocalypse.
Toujours suivies avec recueillement, elles exerçaient une forte influence tant
sur les seigneurs que les gens du peuple. Leur bénédiction avait le plus grand
prix pour ceux auxquels ils l’accordaient. Dans les maisons et les châteaux,
chacun les accueillait avec de profondes révérences, s’agenouillant en
demandant :
    — Bon chrétien, bénissez-moi.
    Ils répondaient en posant les mains sur les bras
de ceux qu’ils bénissaient et, lors des repas, ils rompaient le pain avec ces
paroles :
    — Que le Seigneur vous bénisse et vous amène
à une bonne fin.
     
    Amicie de Villemur n’était pas cathare, bien que
son frère aîné protégeât les bons hommes et suivît les plus faciles des
préceptes du dogme manichéen. Mais Amicie respectait profondément la doctrine
dualiste et participait aux bénédictions. Comme toute la population du
Toulousain et du Languedoc, elle ne voyait aucune hérésie dans les deux
principes. Que le monde, avec sa violence et sa méchanceté, ait été créé par
Satan, et non par Dieu, ne pouvait choquer des gens perpétuellement confrontés
à la peur, aux malheurs et à la misère.
    Dans l’ensemble, le peuple acceptait donc sans
embarras la coexistence de l’Église cathare et de l’Église de Rome, en vérité
les deux religions n’en faisant qu’une à ses yeux puisque les cathares se
disaient bons chrétiens. La noblesse avait la même attitude et il n’était pas
rare que, dans une même famille, certains soient cathares et d’autres
catholiques romains. Ainsi Esclarmonde de Foix suivait-elle les préceptes
manichéens tandis que son mari, le comte de L'Isle-Jourdain, était resté
fervent catholique.
    Si les cathares étaient présents partout, les
églises et les abbayes n’en étaient donc pas moins nombreuses.
    Amiel de Beaumont, le mari d’Amicie, s’efforçait
aussi de suivre les préceptes cathares, même s’il chassait, se nourrissait de
gibier et participait aux expéditions guerrières de son seigneur, le comte de
Foix. Cependant, à sa table, il y avait toujours du poisson et il s’attachait à
ne pas mentir ni jurer. Surtout, il accueillait chaleureusement les Parfaits
pour qu’ils bénissent le pain des convives.
    Amiel souhaitait connaître une bonne fin,
c’est-à-dire être « consolé » au moment de sa mort. Le consolamentum ,
donné par les Parfaits, assurait le passage de l’âme dans le royaume de Dieu,
mais ne pouvait être accordé qu’aux derniers instants de la vie, ou à ceux qui
choisissaient de devenir Parfait. Il n’était valable que si le consolé récitait
un Pater. Or, un guerrier comme le seigneur de Saverdun pouvait à tout instant
finir de mort violente. Amiel avait donc obtenu le convenenza , une
bénédiction particulière permettant d’être consolé même après avoir perdu
conscience.
    Bien que sa famille lui ait imposé son époux,
Amicie était fière de lui, bel homme, vaillant, courageux, généreux, craignant
Dieu et le Diable. Amiel était aussi fort libéral avec sa femme qu’il couvrait
d’amour et de cadeaux. Son unique imperfection était son cadet, Gilabert, lui
aussi coseigneur de Saverdun.
    Les

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