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Montségur, 1201

Montségur, 1201

Titel: Montségur, 1201 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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s’écroula à son
tour.
    La stupéfaction de la jeune femme se changea alors
en terreur, mais elle n’eut pas le temps de réagir. La flèche qui lui était
destinée transperça sa robe et pénétra dans la cuisse de son cheval qui rua et
la fit tomber. La bête, affolée et blessée, partit au galop, heurtant les mules
de la litière de dame Esclarmonde. Un timon se brisa, un autre se démit de son
logement et la litière se renversa au moment où une autre flèche traversait un
des rideaux.
    Épouvantée, Amicie rampait au sol. Autour d’elle,
le carnage se poursuivait dans la confusion la plus totale. Ce n’était que
hennissement, cris et hurlements. Un cheval passa sur elle au galop, ses sabots
lui effleurant les mains. Le cœur battant, elle rampa vers le fourré le plus
proche et regarda en arrière.
    Les flèches continuaient de pleuvoir sur le
chemin, chacune faisant mouche. Les femmes hurlaient d’effroi et de douleur.
Elle vit une servante courir avec un trait planté dans son sein. Un valet
s’écroula à quelques pas d’elle. Plusieurs mules, pourtant placides,
s’emballèrent et piétinèrent les blessés ou ceux qui essayaient de se mettre à
l’abri.
    À l’avant du convoi, elle aperçut le médecin qui
fuyait, mais une flèche le rattrapa et il s’écroula.
    Le tumulte devint infernal. Cris, gémissement,
supplications se mêlaient aux piétinements des sabots. Les flèches, empennées
avec des plumes de corbeaux, noires comme la mort, tombaient les unes après les
autres avec une diabolique précision. Dès qu’une personne de la suite
d’Esclarmonde découvrait la moindre partie de sa personne, elle n’échappait
point aux traits. Chacun atteignait son but, provoquant un cri, un gémissement,
puis l’affaissement du corps. Les habits des plus pauvres, comme les plus
splendides étaient désormais souillés de sang et de poussière. À leur tour les
mules s’affolèrent et se débandèrent, renversant et piétinant hommes et femmes.
L’une partit au galop, faisant tomber son chargement de coffres qui se
brisèrent.
    Amicie priait, devinant qu’ils allaient tous
mourir.
    Pourtant, à l’instant où Roger avait lui aussi
reçu une flèche mortelle dans le cou, le sergent d’arrière-garde avait mis pied
à terre. Aussitôt, il avait rassemblé les arbalétriers. L’un d’eux venait
d’être atteint, mais les autres avaient déjà mis leurs pavois devant eux pour
se protéger. L’un après l’autre, ils chargèrent leurs arbalètes en tirant sur
le crochet, pied dans l’étrier de l’arme. Les cinq étaient des vétérans
éprouvés et ni l’odeur du sang ni le sifflement des traits adverses ne les
impressionnaient. Comme le sergent, ils avaient tous participé à la prise
d’Urgel.
    Mais sur qui devaient-ils tirer ? Les flèches
venaient des bois, sur la gauche du chemin. Or, on n’apercevait personne.
    — Dame Esclarmonde ! cria le sergent,
abrité derrière le pavois de l’arbalétrier mort.
    Il jeta un regard désemparé vers la litière
démantibulée. La caisse était renversée, les harnais s’étaient détachés quand
les mules avaient pris peur. Les bêtes attendaient maintenant à une centaine de
pas, en compagnie de quelques chevaux.
    Personne ne répondit, sinon des blessés en
gémissant. Soudain une femme hurla, se redressa et partit en courant vers le
bois. Elle n’avait pas fait dix pas qu’une flèche l’atteignit dans le dos. Elle
s’écroula dans un flot de sang.
    Deux arbalétriers, qui avaient vu l’endroit d’où
était parti le trait, lâchèrent leurs viretons. Pourtant il ne se passa rien,
il n’y eut aucun cri, donc ils avaient dû rater leur cible.
    Le sergent à la lance ne savait que faire. Combien
y avait-il d’assaillants ? Il cria encore :
    — Seigneur de Salsigne ! Seigneur
Limoux !
    Il n’y eut pas plus de réponse. Un arbalétrier,
toujours à l’abri, lui désigna alors Salsigne, étendu près de la litière. Puis
le sergent aperçut la robe écarlate de l’écuyer Limoux dont la chevelure était
couverte de sang. Il pâlit. Que faire ?
    Il cria encore, en plein désarroi.
    — Maître Séguier ? Vénéré Rival ?
    Ni le clerc, ni le parfait ne répondirent.
    — Ils sont morts, Rigaud ! lui lança un
arbalétrier, fataliste. On va tous crever si on reste là !
    — Par le diable, que veux-tu faire ?
Dis-le-moi ! cria Rigaud, désemparé.
    — Il faudrait atteindre la forêt, proposa

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