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Montségur et l'enigme cathare

Montségur et l'enigme cathare

Titel: Montségur et l'enigme cathare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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sorte, ne serait-ce que dans les alignements de Carnac, dans
le Morbihan. Il n’y a donc aucun doute sur ce point : le château de
Montségur a été conçu et réalisé de telle sorte que le donjon puisse recevoir
les premiers rayons du soleil au solstice d’été.
    On en a conclu que Montségur, avant d’être une forteresse de
défense, avant d’être un haut lieu de la résistance cathare contre l’oppression
de l’Église et de la monarchie capétienne, a été un sanctuaire. Cette
affirmation s’appuie aussi sur les conditions assez mystérieuses de la
reddition de Montségur en 1244 : les assiégeants ont laissé aux assiégés
un sursis de quinze jours pour quitter les lieux le 16 mars, et l’on en a
déduit que c’était pour leur permettre de célébrer une dernière fois une fête
rituelle solaire, le 15 mars étant la date de l’équinoxe, cette année-là. On
a calculé qu’effectivement, l’équinoxe a eu lieu le 15 mars 1244. Mais qu’est-ce
que cela veut dire ? L’équinoxe n’est pas le solstice. De plus, on a parlé
à ce propos de fête manichéenne . Or les
Cathares ne sont pas des manichéens, même s’ils ont emprunté de nombreux
éléments à la religion de Mani, et il est impossible de prouver la réalité de
cérémonies solaires célébrées par les Albigeois des XII e et XIII e  siècles.
Il semble bien qu’il n’y ait là que délire d’interprétation.
    Pourtant, à la réflexion, le problème n’est pas si simple et
ne peut être résolu par une simple négation.
    D’abord, la position de Montségur est singulière, et son
orientation par rapport au pic de Bugarach ne peut laisser indifférent. Ensuite,
la valeur militaire de l’ouvrage – même si nous ignorons exactement comment
était le vrai château cathare, avant les aménagements de la fin du XIII e  siècle – peut être mise en doute : Montségur
est davantage défendu par l’escarpement et les précipices environnants que par
son architecture militaire proprement dite. Le château est petit, l’enceinte
insuffisamment haute, et les portes sont beaucoup plus ornementales qu’efficaces.
De plus, la plate-forme sommitale du pog n’est
pas entièrement occupée par l’ouvrage, deux ou trois mètres étant laissés à l’abandon
vers le nord et vers le sud : si l’ensemble avait été utilisé, comme à Peyrepertuse
ou à Quéribus, la forteresse aurait été encore mieux protégée. Pourquoi ce
laisser-aller ?
    C’est pour essayer de répondre à cette question qu’on a envisagé
l’hypothèse d’un temple solaire préexistant au château actuel, lequel aurait
été simplement fortifié à la hâte, sur ordre de Ramon de Perella, par l’ingénieur
Arnaud de Beccalaria. Des chercheurs, comme Fernand Niel, ont effectué des
relevés précis qui, tous, mettent en évidence un souci d’orientation par
rapport aux levers du soleil. Il y a là une certitude : le plan
architectural de Montségur dépend essentiellement de considérations solaires :
chaque entrée du soleil dans un signe du zodiaque correspond à un alignement
précis sur des points caractéristiques du château. En outre, le château est
orienté par rapport aux points cardinaux d’une façon très subtile, et que l’on
ne peut comprendre qu’en unissant deux des angles de la construction avec le
milieu des façades opposées.
    Il est évident que si on s’acharne à trouver des correspondances
entre des éléments d’architecture et des repères solaires, on en découvre
toujours. À Carnac, des chercheurs – quelque peu distraits, ou singulièrement
malhonnêtes – tracent d’étonnants graphiques à partir de certains monuments, et en écartant de ces graphiques les monuments qui les
gênent . Après quoi, ils peuvent faire dire au vaste ensemble
mégalithique de Carnac et de sa région à peu près tout ce qu’ils veulent lui
faire dire. Il y a un peu de cela à Montségur : les relevés de Fernand
Niel ne peuvent vraiment convaincre que ceux qui sont convaincus d’avance. On
peut tout prouver quand on s’en donne la peine, surtout quand on en rajoute.
    Mais, à Montségur, il n’est pas nécessaire d’en rajouter
pour comprendre qu’effectivement la construction du monument a suivi certaines
directions précises. Est-ce une exception ? Si l’on faisait les mêmes
relevés dans tous les monuments du Moyen Âge, et sur tous les sites d’une
certaine importance, on déboucherait sur des conclusions à

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