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Montségur et l'enigme cathare

Montségur et l'enigme cathare

Titel: Montségur et l'enigme cathare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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un dialogue de sourds et qui
se terminèrent sur un échec. En réalité, les gens du peuple, en Occitanie, avaient
plutôt l’habitude d’appeler les Cathares les « bons hommes », ce qui
était une façon de reconnaître leur valeur morale, mais ce qui ne comportait
aucune connotation géographique.
    Il est difficile de situer avec précision l’implantation
cathare dans l’Occitanie médiévale, car elle a été très irrégulière, souvent en
fonction des conditions sociales ou économiques, souvent en fonction de la
présence de « diacres » cathares plus ou moins efficaces dans leurs
prédications ou leur exemple. Cette difficulté est accentuée par le fait que l’hérésie
touchait toutes les classes de la population sans aucune distinction. Benoit de
Termes et Raymond de Mirepoix étaient, par exemple, des héritiers de nobles et
riches familles. Esclarmonde de Foix était vicomtesse. Mais à côté d’eux, il y
avait des bourgeois, riches ou pauvres, des paysans, des artisans, des soldats
de métier – qui abandonnaient leurs activités incompatibles avec la doctrine du
respect de la vie – des vagabonds, des clercs renégats bien entendu, bref une
masse hétéroclite et hétérogène. Dans certains villages, tout le monde était
cathare. Dans d’autres, il n’y en avait pas un seul, ou très peu, parfois
obligés de se cacher. Il en était de même dans les villes où les catholiques
orthodoxes dominaient. Mais Toulouse, avec son université, avec sa concentration
de population, était néanmoins une ville profondément et plus ou moins
secrètement cathare. Enfin, il y avait les sympathisants qui, sans se convertir,
admettaient fort bien la présence des hérétiques parmi eux, et au besoin les
aidaient de leur mieux. Combien de Cathares ont été ainsi sauvés des geôles ou
des bûchers de l’Inquisition par d’authentiques catholiques !
    On peut cependant faire coïncider la zone cathare avec la région
qui se trouvait dans la mouvance des comtes de Toulouse : le comté de
Toulouse lui-même, d’abord, l’un des États les mieux organisés de l’époque, et
des plus florissants. Avant la Croisade de 1209, ce comté s’étendait sur une
quinzaine de nos départements actuels, avec le Haut-Languedoc, l’Armagnac, l’Agenais,
le Quercy, le Rouergue, le Gévaudan, le Comtat Venaissin, le Vivarais et la
Provence, cette dernière relevant du Saint-Empire. À cela, il faut ajouter les
domaines des vassaux des comtes de Toulouse, c’est-à-dire ceux des vicomtes de « Carcassonne,
Béziers, Albi et Razès » (dynastie des Trencavel), ceux, très réduits, des
vicomtes de Narbonne, et surtout, au sud, les terres du comte de Foix. La
répartition de l’hérésie sur ce vaste ensemble est évidemment très inégale :
très faible en Provence et dans le Vivarais, elle atteint son maximum de concentration
dans le Toulousain proprement dit, dans le Razès et dans le comté de Foix.
    On peut se poser des questions concernant ce succès du catharisme
dans la zone d’influence des comtes de Toulouse : et ces questions sont
liées au problème de la civilisation occitane.
    Pour le sens commun, tout ce qui est occitan est marqué par
la latinité, par l’esprit méditerranéen. Le comté de Toulouse est de droit
écrit, par opposition aux États du nord qui sont de droit coutumier. L’influence
romaine paraît évidente, comme dans le domaine linguistique : la langue
occitane, ou plutôt les divers dialectes occitans, sont dits plus proches du
latin que les dialectes de langue d’oïl. Ce ne sont que des contre-vérités. La
langue occitane a subi une évolution parallèle à celle de la langue d’oïl, mais
ce qu’on oublie de dire, c’est que cette langue a subi moins de brassages que
la langue du nord. Elle est restée plus pure, c’est-à-dire que, d’une façon
générale, il s’agit de l’évolution d’un bas-latin parlé par des populations qui,
à l’origine, utilisaient la langue gauloise, et cela jusqu’à une époque avancée.
Le fonds celtique est important dans les dialectes d’oc, beaucoup plus important que dans les dialectes d’oïl.
Quant au droit, s’il était écrit, et s’il présentait d’évidentes marques romaines,
il était équilibré par les coutumes locales, bien différentes de celles du nord,
très marquées de germanité.
    En fait, à la fin du XII e  siècle,
l’Occitanie des comtes de Toulouse constitue une synthèse harmonieuse entre

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