Montségur et l'enigme cathare
en
face de laquelle se trouvait une citerne aux parois internes étanchéifiées par
un enduit rose dit « mortier de tuileau ».
On parvient ainsi à la troisième enceinte, de loin la plus importante,
construite à l’aide de pierres calcaires, et qui abrite plusieurs salles ainsi
que la masse imposante du donjon. Sur la gauche, en entrant, une longue salle
voûtée est éclairée au sud par une meurtrière et prolongée au nord-ouest par
une échauguette qui protégeait vraisemblablement la première citerne. À droite,
on peut voir un corps de logis à trois niveaux, largement éclairé au sud par de
nombreuses ouvertures. À l’extérieur, sur deux niveaux différents, il y a deux
cours, et au-dessous d’une petite salle, une seconde citerne. Au fond, vers le
sud, c’est le donjon, l’un des plus remarquables du genre dans toute l’Occitanie.
On découvre en effet, dans ce donjon, tout ce qu’il faut
pour assurer une défense efficace du château, et également de tout le versant
oriental de la montagne. Mais ce qui surprend, c’est de trouver, au cœur même
du bâtiment, un ensemble architectural de toute beauté : la fameuse « salle
du pilier », au sujet de laquelle on a pu exprimer des hypothèses aussi
audacieuses que variées.
La première impression qu’on ressent est celle de se trouver
à l’intérieur d’un sanctuaire. Il s’agit donc d’une salle, qui nous apparaît
aujourd’hui plus grande qu’elle n’était, car elle était divisée en deux niveaux.
Mais ce qui surprend, c’est cet unique et immense pilier qui s’élance vers le
sommet où il éclate en quatre voûtaines à croisées d’ogives, construction
insolite dans la sévérité des lieux. La lumière extérieure passe par de curieuses
baies jumelées, en fait une baie unique dont le meneau cruciforme délimite deux
fenêtres inférieures rectangulaires et deux fenêtres supérieures en arc brisé. Cette
baie se trouve dans un renfoncement, et, le long des murs, courent deux
banquettes de pierre appelées « coussièges ». Les murs de la salle
ont sept mètres de côté.
On ne sait pas si cette salle servait de chapelle. La
majesté du lieu, avec ce pilier qui évoque irrésistiblement un palmier aux
branches irrégulières, tendrait à le faire penser. Mais où serait l’emplacement
de l’autel ? Alors, s’agit-il d’un sanctuaire cathare ? Est-ce un
lieu de culte ésotérique ? Autant de questions qui demeurent sans réponse.
Mais il faut bien dire que partout où les Cathares sont passés, ils ont laissé
un étrange souvenir, et en tout cas des éléments assez ambigus pour susciter l’imaginaire…
Mais Montségur et Quéribus ne sont pas les seuls châteaux
cathares, ou tout au moins que l’on dit cathares. Non loin de Quéribus, donc
toujours dans les Corbières, mais plus à l’intérieur, de l’autre côté de
Cucugnan, se trouve Peyrepertuse. Le nom même du château témoigne du caractère
insolite d’une garrigue pleine de trous et de bosses : Peyrepertuse, c’est
la « Pierre Percée ». Le chemin qui mène à cette forteresse est
étroit et rude, et, devant soi, se profile un curieux monument que l’on hésite
d’ailleurs à qualifier de château : on croirait plutôt à une sorte de
fortification naturelle taillée dans la pierre par les intempéries. Mais on s’aperçoit,
en approchant, qu’il n’est pas toujours facile de faire la distinction entre ce
qui est naturel et ce qui ne l’est pas, d’autant plus que Peyrepertuse, contrairement
à Quéribus qui est très ramassé, s’étale largement jusqu’à se perdre dans les
arêtes rocheuses qui le prolongent. Ce n’est plus en effet un bâtiment avec une
cour, comme à Quéribus, et aussi comme à Montségur, mais un véritable village,
« une Carcassonne céleste », selon l’expression de Michel Roquebert qui
est hanté par les « citadelles du Vertige ». Le château proprement
dit n’est que le cœur d’un vaste ensemble, perché sur un énorme rocher qui
domine toute la région.
Peyrepertuse est impressionnant par son site, très différent
des autres châteaux de ce genre. Mais là, l’Histoire n’a guère laissé de traces
vraiment visibles. Il est même tout à fait possible que les Cathares ne s’y
soient jamais installés et que la résistance occitane n’y ait trouvé aucun
appui. Très mal préparée à suivre le soulèvement de 1239, Peyrepertuse a
succombé tout de suite, après un siège de
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