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Montségur et l'enigme cathare

Montségur et l'enigme cathare

Titel: Montségur et l'enigme cathare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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dernier évêque cathare répertorié. Cependant, quelques Croyants se
sont échappés, sous la conduite du Parfait Guillaume Belibasta, et ils s’enfuient
dans le nord de l’Espagne. Mais Guillaume Belibasta n’est guère digne de ceux
qui furent brûlés à Montségur : il se dit « Parfait », il a reçu
le consolamentum qui, normalement, lui
interdit toute relation sexuelle, ce qui ne l’empêche pas de négliger la
spiritualité pour sa concubine et son enfant. Au reste, la tentative de
Belibasta ne dure pas : attiré, en 1321, dans un guet-apens aux environs
de Toulouse par des agents de l’Inquisition, il est capturé et livré au bûcher.
    Dans cette haute vallée de l’Ariège, c’est le territoire d’Ussat
qui retient le plus d’attention, parce qu’il renferme de nombreuses grottes
dans lesquelles on a retrouvé des nécropoles, et sur les parois desquelles on a
relevé d’étranges gravures ou peintures. De là à prétendre que ces grottes du
Sabarthès ont servi de cachettes, voire de temples, aux derniers Cathares, il n’y
avait qu’un pas. Et ce pas a été allégrement franchi au XIX e  siècle par certains personnages qui avaient
intérêt à mettre en valeur la région d’un point de vue touristique. Le flambeau
a été rallumé d’une façon encore plus durable au cours du XX e  siècle, notamment par Antonin Gadal, instituteur
en retraite, amoureux de son Sabarthès d’origine, et, ce qui explique beaucoup
de choses, président du syndicat d’initiative d’Ussat-les-Bains.
    Ussat-les-Bains est une petite station thermale, connue vraisemblablement
par les Gaulois et les Romains, remise à l’honneur au XV e  siècle pour les vertus curatives attribuées
aux eaux chaudes qui surgissent de nombreuses sources, et passablement tombée
en désuétude à la fin du XIX e  siècle. Visiblement,
cette « ville d’eaux » avait besoin d’une nouvelle jeunesse. Alors, on
y a « retrouvé » les Cathares, et ce qui est encore plus fort, le
Saint-Graal lui-même. Pourquoi se gêner ? On a fait la même chose pour
mettre en valeur Alise-Sainte-Reine (Côte-d’Or) en y plaçant, au mépris de tous les textes latins et grecs , l’Alésia
de Vercingétorix alors que cette Alésia ne peut se trouver que dans le Jura. Mais
à Alise-Sainte-Reine, il s’agit d’histoire officielle, Vercingétorix étant l’ancêtre
de tous les Français, comme chacun sait, et la certitude est appuyée sur un
décret impérial de Napoléon III, soutenue par les archéologues officiels
de la République, et patronnée par les syndicats d’initiative ainsi que par les
groupements de commerçants. C’est donc indéracinable. Mais dans le Sabarthès, les
souvenirs cathares ne tiennent pas devant l’archéologie officielle, et ne sont
même plus soutenus sérieusement. Cela ne veut pas dire qu’on ne puisse pas y découvrir
la trace des « bons hommes ». Il faut faire la part des choses et
éviter de tomber dans le délire d’interprétation.
    Le territoire d’Ussat est constellé de grottes et de sources.
L’activité volcanique souterraine y est évidente, ce qui a dû provoquer, chez
les peuples de la Préhistoire, des attirances à la fois profanes et religieuses :
les eaux chaudes qui surgissent des entrailles de la terre sont nécessairement
d’origine divine : il est probable que la région a été un immense
sanctuaire dédié à une divinité tellurique nourricière et tutélaire. Dans la paroi
verticale où s’ouvre la grotte de Ramploque, la vapeur s’échappe de temps à
autre, et manifeste une vie intérieure. Ce « trou qui fume »
communique par un gouffre avec le lac souterrain d’eau chaude qui est le
trop-plein de la source thermale. Il y a quinze ou vingt mille ans, l’eau
devait se perdre dans les prairies qui bordent actuellement l’Ariège, formant
des ruisseaux, des mares et des bourbiers chauds. Cette eau chaude a dû attirer
les tribus de chasseurs, puis de pasteurs établis du côté de Niaux. D’ailleurs,
on pouvait venir de Niaux jusqu’à Ussat par la célèbre grotte de Lombrives, l’une
des plus vastes de toute l’Europe. Et les boues chaudes guérissaient les
blessures, soulageaient certaines maladies. Or, on sait bien que les sources
des fleuves et les eaux curatives ont toujours donné lieu à un culte dans les
anciens temps, médecine et religion étant intimement liées. Ne va-t-on pas
aujourd’hui encore à Lourdes plus pour des raisons

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