Montségur et l'enigme cathare
médicales que pour des
manifestations religieuses gratuites ?
Certes, la grotte de Lombrives excite la curiosité et l’admiration.
Elle est immense. Les différentes salles rocheuses qui s’y succèdent montrent
une rare multitude de formations calcaires, stalactites et stalagmites. En plus,
on y découvre une floraison de dessins énigmatiques, de quoi faire rêver le
plus rationaliste des visiteurs, et une importante moisson de « matériel »
archéologique. Pendant tout le XIX e siècle,
les chercheurs, bénévoles ou intéressés, se sont abondamment servis.
En 1877, l’archéologue Gustave Marty décrit ainsi son exploration
de la grotte de Lombrives : « Quand on construisit les escaliers du
fond de la “Grande Salle”, on retira du plancher stalagmitique des pièces, sorte
de dalles volumineuses pour établir les marches ; on trouva alors des
ossements humains en grande quantité. J’en obtins… Le cimetière est à l’extrémité
du défilé. On entre dans cette salle lugubre où plus de 500 personnes ont
été enterrées, mais qui ont été recouvertes par des couches stalagmitiques. Cette
pièce a 82 mètres de longueur ; sa largeur moyenne est de 18 mètres,
y compris le grand enfoncement qui se trouve à droite ; sa hauteur varie
de 8 à 15 mètres ; cette salle est plénière. On a découvert en ce
lieu une grande quantité d’ossements humains, là est l’origine du nom que les
guides lui ont donné… On en a retiré en quantité des pièces de l’époque du
bronze, très remarquables, des haches de pierre polie, des hameçons en bronze, des
dents de loup, de chien et de renard percées ; quelques-unes de ces pièces
sont déposées aux musées d’histoire naturelle de Toulouse et de Bordeaux.
« À l’extrémité du cimetière, on trouve le passage dit
le Désert de Sahara, ainsi nommé par les guides… Un peu plus loin, le passage
fait une petite courbe très peu sensible ; au centre de cette courbe, il y
a un enfoncement qui est aussi garni de sable ; j’y ai trouvé, en le
remuant, des ossements humains et des dents de loup et de renard percées. Dans
cette pièce, j’ai trouvé des ossements humains, des foyers avec du charbon, quatre
moules en pierre schisteuse, un pour les épingles à cheveux, un autre pour les
lacets, le troisième formant une sorte de grosse épingle ou étui, le quatrième
pour couler la flèche d’une lance d’un joli travail et parfaitement bien
conservé. L’intérieur de ce moule formé de deux pièces contenait le noyau en
bronze destiné à former le passage du manche : j’y ai trouvé aussi
quelques restes de poterie [3] . »
Il semble acquis que les sépultures et les ateliers
découverts dans la grotte de Lombrives soient incontestablement de la Protohistoire,
pour ne pas dire de la Préhistoire. Le journaliste Jules Metman, qui ne s’est
jamais prétendu archéologue, et qui ne s’est jamais préoccupé d’histoire
scientifique, prétendait seulement imaginer à partir de décors naturels de belles
histoires à faire pleurer dans les chaumières. Il écrivait ceci en 1892 dans le
journal La Mosaïque du Midi :
« La grotte de Lombrives s’ouvre dans le flanc de la montagne,
presque en face de l’établissement thermal ; je l’ai visitée l’année
dernière avec un grand plaisir ; je n’ai point vu de cathédrale dont les
voûtes fussent plus hardies et les nefs plus spacieuses ; je ne connais
point de palais dont les galeries soient plus vastes, plus sonores, plus
régulièrement prolongées. Je me rappelle encore avec émotion le moment où, parvenus
tous les quatre dans la plus grande salle de cette grotte merveilleuse, chacun
tenant une faible lumière, dont les pâles reflets éclairaient à demi les
blanches stalactites qui pendaient de la voûte, ou dressaient sur le sol leurs
formes fantastiques, nous avons, d’une voix creuse et lugubre, entonné les
premiers versets du Dies irae , puis chanté à
pleine gorge l’admirable chœur du troisième acte de Robert
le Diable [4] . »
Le ton est donné. Et Jules Metman en profite pour raconter
un événement qui se serait déroulé en 1802 dans la région d’Ussat et dans la
grotte de Lombrives. Des contrebandiers devenus des brigands aguerris se
seraient alors servis de cette grotte comme repaire, et leurs exactions étant
devenues insupportables, il fallut faire appel à la troupe. Les soldats
engagèrent alors une terrible bataille contre les
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