Montségur et l'enigme cathare
décorée de
moulures, de sculptures symboliques. On y voyait une chaire, des candélabres, des
urnes ; puis des ornements sacerdotaux, un pallium, des tiares ; puis
encore des fruits répandus autour de ces morts, des melons, des champignons, emblèmes
de vie ; et enfin une cloche de bronze, dont l’énorme capsule, comme
tombée de sa voûte, gisait à terre, symbole d’éternel silence et signe en même
temps de la victoire remportée par ces martyrs sur le prince de l’Air dont le
clairon muet décorait leur caveau sépulcral. »
Bien qu’on ne comprenne pas très bien ce que viennent faire
les tiares et les riches ornements sacerdotaux – même résultant de l’illusion d’optique
– chez des Parfaits qui ont renoncé au monde et aux vaines richesses de Satan, cette
évocation délirante a quelque chose d’émouvant. Et elle peut demeurer symbolique.
Le tort de l’auteur est d’avoir fait passer cela pour de l’Histoire.
Or, dans un opuscule sans nom d’auteur, publié en 1963 à
Ussat-les-Bains, mais reprenant des textes fragmentaires d’Antonin Gadal qui
fut président du syndicat d’initiative d’Ussat, on peut lire ceci :
« Les Cathares habitaient, après l’an mille, les grottes, immenses
habitats sûrs et agréables ; ils fortifièrent certaines d’entre elles pour
en faire de véritables châteaux forts. Ces dernières s’appelaient des spoulgas ou grottes fortifiées. Et c’est ainsi que
la spoulga de Bouan, séjour d’un évêque, devint
l’église de Bouan. » Et puis ailleurs, à propos des salles de la grotte de
Lombrives : « De mystérieux symboles et des inscriptions de tous les
siècles recouvrent leurs parois. On y trouve, cœur grandiose de la caverne, la « Cathédrale
des Cathares » (en 1244, après la chute de Montségur, la grotte devint le
siège de l’évêque cathare Amiel Aicard). Depuis longtemps, les vallées de l’Ariège
et de Sos communiquaient entre elles à volonté par les grottes de Lombrives et
de Niaux. En sorte, qu’en toute sécurité, secrètement, les membres du temple de
l’esprit avaient entre eux une voie de communication. » Et dans un autre
opuscule également publié à Ussat-les-Bains, mais cette fois sous le nom d’Antonin
Gadal, on peut lire une version contractée du récit de l’emmurement des
Cathares, visiblement démarqué de celui de Napoléon Peyrat. On y trouve aussi
tous les renseignements désirables concernant la « république troglodyte
du Sabarthès », accompagnés d’un vibrant hommage à Napoléon Peyrat
qualifié de « clairon d’Aquitaine » et à un certain abbé Vidal qui
aurait compulsé dans la bibliothèque du Vatican un document « de toute
première importance » mais que seules « quelques mains, encore peu expertes »
ont pu feuilleter. On attend toujours la publication de ce document.
De plus, Antonin Gadal, président du syndicat d’initiative d’Ussat,
a été l’ami, le maître à penser et l’initiateur du mystérieux Otto Rahn. Il a
fait découvrir à celui-ci non seulement les refuges et les cathédrales des
Cathares du Sabartès, mais encore les signes symboliques qui se trouvent dans
les grottes, à Lombrives notamment. Cela nous vaut cette magnifique page d’Otto
Rahn dans La Cour de Lucifer : « Ce
sont naturellement les témoignages de l’époque albigeoise qui m’ont le plus ému.
Il y en a beaucoup, mais ils sont très difficiles à découvrir. Je suis passé
toute une année, sans la voir, devant l’image qu’une main cathare a tracée au
charbon sur la paroi de marbre et dans l’éternelle nuit de la caverne il y a
sept siècles : elle représente un bateau des morts qui a pour voile le
soleil, le soleil qui dispense la vie et renaît chaque hiver !… Je vis
aussi un arbre – l’arbre de vie – dessiné également au charbon ; et en
tout dernier lieu, dans une anfractuosité très mystérieuse, le tracé, gravé
dans la pierre, d’une colombe dont on prétend qu’elle était le symbole de
Dieu-esprit et qu’elle figurait sur le blason des chevaliers du Graal. »
Nous y voici donc : le Graal est dans le Sabarthès, bien
que d’autres prétendent qu’il se trouve à Montségur. C’est d’autant plus
irritant que, dans la vallée parallèle de Vicdessos, le château de
Montréal-sur-Sos contient un dessin énigmatique dans lequel même des scientifiques
ont cru discerner une figuration du Graal. Mais le dessin date de la fin du
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