Montségur et l'enigme cathare
Moyen
Âge, ou peut-être même du XVII e ou du XVIII e siècle, et il n’a rien à voir avec les
Cathares. Quant à la colombe, à l’arbre de vie et à la barque des morts, Antonin
Gadal et Otto Rahn sont probablement les seuls – en dehors de ceux qui les
croient sur parole – à les avoir vus. Mais par là, Gadal, – car c’est lui l’ inventeur – rattachait les Cathares au culte solaire
et à la légende du Graal dans sa version allemande.
Il y a naturellement beaucoup de graffiti dans les grottes
du Sabarthès, et de toutes les époques. Il y a même d’innombrables dessins et
gravures qui remontent au Paléolithique supérieur et qui sont parfaitement
authentiques : la grotte de Niaux est particulièrement riche et
intéressante à ce point de vue. Mais quel rapport avec les Cathares ? Les
affirmations fantaisistes d’Antonin Gadal ont débouché sur de vrais romans :
les grottes d’Ussat devinrent des sanctuaires d’initiation pour les Cathares – et
aussi pour les chevaliers du Graal. Et puisque les graffiti n’étaient pas assez
formels, on se chargea d’en faire d’autres ou de trafiquer les relevés qu’on en
faisait [5] . Christian Bernadac, originaire
d’Ussat, et qui a bien connu Antonin Gadal, fait justice de toutes ces
allégations dans l’enquête serrée qu’il a entreprise sur Le mystère Otto Rahn . Il rappelle que les
préhistoriens qui se sont intéressés aux figurations pariétales des grottes du
Sabarthès ont fait depuis longtemps la lumière sur les différentes origines de
ces peintures : aucune ne date de l’époque des Cathares.
Ces Cathares ont résidé dans le Sabarthès, c’est évident. La
haute vallée de l’Ariège leur a offert, pendant un certain temps, un refuge
assez sûr contre les Inquisiteurs. Mais nous n’en avons pas la preuve, et en
tout cas aucune preuve de leur établissement dans ces fameuses grottes dites
initiatiques, dites sanctuaires secrets. Christian Bernadac est formel sur ce
point : « Jamais les Cathares, dit-il, n’ont vécu dans les cavernes. Jamais
les Cathares n’ont été initiés dans les cavernes. Jamais les Cathares n’ont
tracé le moindre signe sur les parois de Lombrives, Bethléem ou l’Ermite (deux
autres grottes d’Ussat). Jamais les Cathares n’ont fortifié le moindre porche
de grotte. Jamais les Cathares n’ont été poursuivis dans les “sombres corridors”.
Jamais les Cathares n’ont célébré le moindre culte dans les cathédrales de
pierre au fin fond de Lombrives… Une seule fois, dans les registres de-l’Inquisition,
un accusé avoue qu’il s’est caché dans l’entrée de la grotte de Bédeilhac, quelques
heures, pour échapper à des poursuivants. On connaît parfaitement aujourd’hui
les emplacements des “maisons amies”, des “séminaires”, des “cabanes”, des “clairières”
en forêt, qui abritaient les poursuivis. Chaque témoignage devant l’Inquisition
mentionne avec précision les itinéraires, les centres d’accueil. »
En un mot, pourvu qu’on veuille bien rester objectif, il est
impossible de considérer les grottes de la haute vallée de l’Ariège comme ayant
servi aux Cathares de refuges ou de sanctuaires. C’est peut-être dommage pour
les amateurs de mystère ou de pittoresque ésotérique, mais c’est ainsi. De
toute façon, il n’y a pas à regretter cette réalité : le mystère est
ailleurs.
V
LE COMTÉ DE RAZÈS
Le Razès est certainement l’un des plus étranges pays qui
soient, à la fois par la beauté de ses paysages rocailleux qui évoquent encore
une fois la Gaste Terre qui entoure le château du Graal, de ses vastes horizons
qui s’ouvrent vers la mer, vers les sommets pyrénéens et les vagues
déroulements du Massif Central. Quand on se trouve dans le pays, on a l’impression
d’être ailleurs, un peu comme sur les landes qui entourent la forêt de
Brocéliande, en Bretagne. Ce n’est d’ailleurs pas le seul lien subtil qui unit
le Razès à la Bretagne armoricaine.
Il y a d’abord le nom même du Razès, terme qui provient de l’évolution
d’un ancien Rhedae , attesté par de nombreux et
anciens documents. Comme l’implantation wisigothique a été très importante dans
la région, on a supposé que le nom est germanique. Ce seraient les Wisigoths
qui auraient fondé la forteresse de Rennes-le-Château, au cœur du Rhedesium ou du Pagus Reddensis .
C’est de cette dernière appellation que provient le nom actuel
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