Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Montségur et l'enigme cathare

Montségur et l'enigme cathare

Titel: Montségur et l'enigme cathare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
Vom Netzwerk:
émigration
ultérieure, en 56 av. J.-C., venant du bassin de la Vilaine, à la suite de
la défaite de la confédération armoricaine devant César, confédération dirigée
par les Vénètes de Vannes et à laquelle participaient les Rhedones. Ils se
seraient alors établis dans les régions les plus déshéritées d’un immense
territoire occupé par les Volques Tectosages, en un pays qui était déjà soumis
à une forte influence romaine.
    Du reste, la toponymie du Razès est fortement marquée d’éléments
celtiques, surtout dans les environs de Rennes-le-Château. On peut y remarquer
le mot bec , c’est-à-dire « pointe »,
dans Saint-Julia de Bec et la Coume de Bec. Le mot coume est gaulois, et signifie le « creux » (la combe) et se retrouve dans
la Comme de Hadras. Le Bézu est soit le « bouleau », soit le « tombeau »,
et se retrouve un peu partout. Le nom d’Alet paraît être le même que celui de l’ancienne
appellation de Saint-Servan (Ille-et-Vilaine), dans le pays des Rhedones d’Armorique,
comme par hasard. Artigues provient de la racine arto- ,
« ours ». Le nom du pic de Chalabre provient du radical calo qui signifie « dur ». Le torrent du
Verdouble provient d’un ancien Vernodubrum , c’est-à-dire
« cours d’eau des aulnes ». Cassaignes est dérivé du mot gaulois cassano , « chêne ». Belvianes et Belesta, comme
d’autres composés de « Bel », proviennent plus vraisemblablement du
nom du dieu solaire gaulois Belenos, le « Brillant », que de l’adjectif
exprimant la beauté, encore que l’ancien français « bel », qui n’a
rien à voir avec le latin bellum , ne soit issu
de la même racine exprimant la beauté lumineuse. Précisément, à propos de
divinité solaire, on retrouve le surnom de l’Apollon gaulois Grannus dans le
village de Granès : mais l’Apollon gaulois (qui est le Diancecht irlandais)
est beaucoup plus un dieu guérisseur qu’un dieu solaire. Quant à Limoux, la
ville la plus célèbre du Razès à cause de sa fameuse « blanquette »
et de son carnaval, son nom, qui est le même que Limours, en Île-de-France, est
bâti sur l’appellation gauloise de l’orme qu’on retrouve aussi dans le lac
Léman et dans Limoges, la ville des Lemovices. On pourrait multiplier les
exemples : ils montreraient une forte implantation celtique dans ce pays
dont le caractère méridional ne fait pourtant aucun doute, du moins en surface.
    Ce n’est donc pas sans raison que l’abbé Henri Boudet, qui
fut curé de Rennes-les-Bains aux alentours de 1900, écrivit et publia en 1886
un ouvrage intitulé La vraie langue celtique et le
cromleck de Rennes-les-Bains . Ce digne ecclésiastique, qui mena une vie
sage et retirée, prétendait retrouver cette langue gauloise perdue à travers
les pierres de sa région. Pour ce faire, il utilisait hardiment de nombreuses
langues, et tout particulièrement la langue anglaise, on se demande encore
pourquoi, et la caution d’auteurs qui, tel Chateaubriand, ne connaissaient strictement
rien à la linguistique.
    C’est ainsi que l’abbé Boudet interprète le nom de Rennes, et
celui de Rhedae, d’une façon plutôt originale : le peuple des Rhedones, ceux
d’Armorique et ceux des Corbières, aurait été la « tribu des pierres
savantes, – read ( red )
savant, – hone , pierre taillée. L’étude et la
science étaient indispensables pour connaître le but de l’érection des
mégalithes, et ceux-là seuls en possédaient l’intelligence et le sens qui l’avaient
appris de la bouche même des druides ». C’est reconnaître que les druides
possédaient une grande science, ce que s’accordent à confirmer tous les auteurs
de l’Antiquité grecque et latine. Mais le malheur est que les monuments
mégalithiques appartiennent à une tout autre civilisation que celle des Celtes
et qu’ils ont été construits au moins deux mille ans avant l’arrivée des
druides. C’est plutôt fâcheux pour la thèse de l’abbé Boudet. Et l’on se demande
pourquoi cette explication par un anglais approximatif. Il est probable que l’auteur
avait absolument besoin de pierres savantes pour justifier sa démarche. Mais comme un malheur ne vient jamais seul, on peut
remarquer qu’il n’y a même pas de cromlech, et qu’il n’y en a jamais eu, aux
alentours de Rennes-les-Bains.
    Qu’à cela ne tienne : l’abbé Boudet n’est pas à court d’arguments.
« On pourrait se demander pourquoi le

Weitere Kostenlose Bücher