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Montségur et l'enigme cathare

Montségur et l'enigme cathare

Titel: Montségur et l'enigme cathare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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intérêt, on remarque
deux saint Antoine : l’un est saint Antoine de Padoue, l’autre saint
Antoine l’Ermite, et ce dernier tient un livre fermé.
    Qu’y a-t-il de cathare, ou tout au moins d’esprit cathare
dans tout cela ? Peu de chose, en vérité. La présence privilégiée du
diable rappelle peut-être que les Cathares croyaient à l’existence d’un
principe du Mal incarné par Satan, un presque dieu du Mal s’opposant au dieu du
Bien. Cette conception dualiste est également illustrée par les deux saint
Antoine, et surtout par les deux enfant-Jésus. On a pu dire que l’enfant tenu
par Joseph représentait l’élément mâle, c’est-à-dire ce
qui est apparent , et que l’enfant tenu par Marie représentait l’élément
femelle, l’élément subtil, c’est-à-dire ce qui est
caché . Pourquoi pas ? Cela pourrait également illustrer une
croyance qui apparaît dans certains textes cathares : Jésus et Satan sont les deux fils de Dieu le Père, les deux
manifestations d’une divinité à la fois bonne et mauvaise. Cet aspect de la
doctrine cathare, qui est généralement négligé par les commentateurs, et qui
démontrerait que le catharisme est en réalité un faux dualisme et un monisme authentique, semble avoir été consciemment
mis en valeur dans cette église par ce duo insolite.
    Mais ce qui fausse tout, c’est le parti pris d’inversion, qu’on
dénote déjà à l’extérieur avec le socle carolingien placé à l’envers. Joseph se
trouve à gauche en regardant l’autel, sur le côté sinistre  :
autrefois, la place des femmes lors des cérémonies était dans cette partie sinistre , et c’est sur la façade nord qu’on
représentait le diable et les scènes de « diableries » si fréquentes
au Moyen Âge dans la sculpture des cathédrales. Ici, dans cette église
Sainte-Marie-Madeleine, Joseph, l’ apparence , l’homme,
est à gauche : l’enfant qu’il porte est-il donc Satan ? et l’enfant
porté par Marie, à droite, donc la réalité cachée ,
est-il le Jésus de l’Évangile ? Mais alors, pourquoi la grotesque statue
de Satan se trouve-t-elle à droite, et pourquoi le chemin de croix est-il
inversé ? La visite de cette église laisse sur une curieuse impression, une
sensation malsaine : ce sanctuaire paraît plus propice à une messe noire
qu’à une messe « normale ».
    Il n’y a qu’une seule église, de mêmes dimensions, qui peut
être comparée à Sainte-Marie-Madeleine de Rennes-le-Château : l’église
Sainte-Onenne de Tréhorenteuc (Morbihan), dans la forêt de Brocéliande. Je la
connais bien pour avoir participé dans une certaine mesure à sa restauration et
à son ornementation, qui sont très récentes, et qui se sont déroulées non pas
dans les mêmes circonstances que celles de Rennes-le-Château, mais selon un
processus quelque peu parallèle. Mais à Tréhorenteuc, même si la qualité
artistique reste discutable, les choses sont nettes : il ne s’agit pas de
dualisme, encore moins de « trésor », et il n’y a aucune ambiguïté
dans l’appareil symbolique.
    Ce qui frappe en effet, à Rennes-le-Château, c’est l’accumulation
de détails qui apparemment s’enchaînent d’une façon logique, et qui, après
examen, se retrouvent divergents, voire contradictoires. En plus, on y observe
des emprunts aux formules maçonniques et rosicruciennes. De toute évidence, le
sol, qui représente un échiquier, avec ses cases blanches et ses cases noires, orienté
aux quatre points cardinaux, évoque le « pavé mosaïque » des
Francs-Maçons. Il est vrai qu’on peut y retrouver encore une allusion au
dualisme : la partie d’échecs est un affrontement entre les fils de la
Lumière et les fils des Ténèbres. Pourquoi pas ? De toute façon, le
manichéisme est inscrit dans la toponymie : en face de la citadelle en
ruines de Blanchefort se dresse la crête déchiquetée du Roco Negro. Mais il y a
d’autres allusions maçonniques : la huitième station du chemin de croix, où
une femme avec un voile de veuve tient par la main un enfant vêtu d’un tissu
écossais, et la neuvième station présente un cavalier qui n’a rien à y faire, mais
qui évoque le grade de Chevalier Bienfaisant de la Cité Sainte du Rite écossais
rectifié. De plus, des roses et des croix décorent toutes les stations du
chemin de croix, ce n’est pas un hasard. Il faut d’ailleurs signaler que l’un
des membres les plus connus de la

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