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Montségur et l'enigme cathare

Montségur et l'enigme cathare

Titel: Montségur et l'enigme cathare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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Cela indique en
tout cas que le Razès constitue un endroit idéal pour se cacher et y cacher des
fugitifs ou des secrets. On est sûr qu’ils seront bien gardés.
    Et après tout, pourquoi le « Trésor » des Cathares
n’aurait-il pas été caché dans l’église de Rennes-le-Château ? Dans ce
genre d’affaire, tout est possible : il n’y a pas de preuve pour étayer
cet argument, mais il n’y a aucune preuve pour affirmer le contraire. Il serait
d’ailleurs profitable de se pencher sur l’ aménagement qu’a fait subir l’abbé Saunière à son église et à ses alentours après sa
fameuse découverte, et cela quelles que soient les motivations réelles de l’ecclésiastique,
et surtout sans entrer dans les querelles et les interprétations aussi divergentes
que délirantes qui se sont succédées sur cet étrange cas depuis la Seconde
Guerre mondiale.
    Cette église a subi maints remaniements, mais l’abside est
du XII e  siècle. C’est la partie la plus
ancienne, ce qui ne veut pas dire qu’il n’existait pas auparavant un autre
sanctuaire. Elle se trouve placée sous le vocable de sainte Marie-Madeleine, ce
qui donne tout de suite une connotation orientale, Marie-Madeleine, selon la
tradition, ayant débarqué en Provence, chargée d’un message pour le monde occidental.
Mais, « par la malencontre d’une laideur flamboyante, qu’on qualifia
injustement de sulpicienne, maint visiteur a ressenti dans le petit sanctuaire
surchargé de stuc un malaise bien inattendu en un lieu consacré. Mais le moyen
de se recueillir et de prier devant ces peintures outrées jusqu’à la vulgarité,
ces statues qui auraient mérité les imprécations du Huysmans de la Cathédrale » [10] .
Et cela commence dehors, quand on voit l’inscription qui surmonte le porche : terribilis est locus iste , c’est-à-dire « ce
lieu est terrible », avec cette remarque concernant l’emploi du mot latin iste qui comporte une nuance péjorative ou qui indique
la possession à la deuxième personne. Faut-il comprendre : « terrible
est ce vilain lieu », ou bien : « terrible
est ton lieu » ? Les amateurs de
mystères et les décrypteurs de kabbale phonétique apprécieront et feront leur
choix selon leurs propres convictions.
    Je me souviens du jour ensoleillé, presque torride, d’un
mois de septembre, où j’abordai Rennes-le-Château. Venant de Couiza, nous
avions, Marie Môn et moi, suivi la route qui s’élève sur le flanc de la
montagne pour passer de l’autre côté, vers un nouvel horizon. J’avais vraiment
l’impression de passer une frontière, un de ces cols où, selon d’anciennes
légendes, des êtres mystérieux attendent pour guider ou perdre, selon leur
humeur, les voyageurs qui se risquent jusque-là. Et nous pénétrâmes dans cette
bourgade inondée de soleil, cette ville fermée, cette ville qui semblait morte,
comme appesantie par une torpeur qui surgissait des entrailles de la terre. Sur
le bout du promontoire, la tour Magdala agressait le ciel et semblait s’ouvrir
à flanc d’abîme sur un paysage désolé de rocailles que couronnaient, vers l’ouest,
des montagnes au front bleuâtre. Paysage grandiose s’il en fût, mais quelque
peu inquiétant : qui pourrait bien se cacher dans la vallée, ou derrière
ces blocs erratiques qu’on pourrait confondre avec des guerriers changés en
pierre par un saint magicien comme le fut saint Kornely, dans mon pays ? Et
derrière nous, derrière un écran de verdure, il y avait l’église, à peine plus
haute que les maisons, à peine plus repérable dans cette masse endormie.
    À Montségur, j’avais eu le vertige, une peur panique du vide.
Ici, le vide était absent. Et je sentais qu’il était peuplé. De fantômes, sans
doute, de tous ces personnages mystérieux qui s’étaient égarés dans ce pays au
cours des siècles. Ils avaient fatalement laissé leurs traces, et c’est ce que
j’essayais de discerner sans trop croire au succès de la tentative. Ces
fantômes me guettaient, sans aucun doute, dans l’attente d’un signe que je
ferais vers eux. Mais ce signe, je ne voulais pas le faire parce que je ne
savais pas la nature réelle de ces êtres. Excès de prudence, sans doute, mais
qui s’expliquait par le sentiment que j’avais d’être observé par d’autres êtres,
parfaitement réels ceux-là, qui savaient qui j’étais et qui se demandaient
pourquoi j’avais abandonné les halliers de Brocéliande pour

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