Montségur et l'enigme cathare
famille d’Hautpoul, François, fut, au XIX e siècle, vénérable de la Loge « Carbonari »
de Limoux. D’autre part, il est bon de savoir que, par suite des fantasmes d’Antonin
Gadal sur le Graal du Sabarthès, une secte rosicrucienne a fondé un
établissement à Ussat-les-Bains, et y a même érigé un monument à Galaad, fils
de Lancelot du Lac, le découvreur du Graal cistercien. À Montségur, on trouve
les Cathares, la légende du Graal et les « nordiques », pour ne pas
dire les nazis. Dans le Sabarthès, on trouve les Cathares, la légende du Graal et
les Rose + Croix. Dans le Razès, on trouve tout : les Cathares, les
Templiers, les Francs-Maçons, les Rose + Croix, la légende du Graal, les
Mérovingiens et, bien entendu, les « nordiques », mais ceux-là
beaucoup plus britanniques, en raison sans doute de l’origine écossaise de la
Maçonnerie. Encore faut-il y ajouter les Druides – mais oui –, que je croyais
avoir disparu depuis au moins mille cinq cents ans.
« L’Aude a toujours été terre accueillante aux
magiciens et aux sorciers, et ce n’est pas l’évêché de Carcassonne qui nous
démentira si nous affirmons que les pratiques
interdites (du moins en était-il ainsi lorsque sévissait l’Inquisition) y
ont plus qu’ailleurs sans doute droit de cité. L’abbé Saunière, enfant du pays
et que l’on nous disait de surcroît si près du peuple, ne pouvait ignorer que
la majorité des rites de sorcellerie ne sont que des rites religieux effectués à l’envers , et tous les folkloristes, à défaut des
exorcistes, ont dans leurs dossiers abondance de prières à rebours et d’histoires
de vieilles femmes faisant leur chemin de croix à reculons en proférant d’inaudibles
menaces [12] . »
De plus, nous savons que l’abbé Saunière est allé à Paris, soi-disant
pour faire examiner les documents qu’il avait trouvés dans son église auprès de
l’abbé Bieil, directeur de Saint-Sulpice, qu’il y a rencontré un futur prêtre
versé dans l’ésotérisme, Émile Hoffet, qu’il a fréquenté la cantatrice Emma
Calvé, dont il devint l’amant, et un cénacle d’illuminés et d’hermétistes
groupés autour d’authentiques artistes comme Claude Debussy, Stéphane Mallarmé,
Maurice Maeterlinck, par conséquent le milieu
symboliste et décadent dont les liens avec les membres de la Société de
théosophie, avec les Francs-Maçons (de rite écossais) et les Rose + Croix
sont bien connus. Ce milieu très parisien vient de découvrir Wagner et
notamment Parzival . Et c’est l’époque où l’on
traduit et publie des textes médiévaux comme la Quête
du Saint-Graal et Tristan et Yseult , ou
encore des textes jusque-là inconnus de l’ancienne littérature celtique, galloise
ou irlandaise. Ce n’est un secret pour personne que le Pelléas de Maeterlinck et Debussy (dont le nom est
celui du Roi-Pêcheur) est un drame lyrique initiatique construit sur un fonds germano-celtique. En somme, l’abbé Béranger Saunière a
été le pont qui reliait l’occultisme mondain et intellectuel de Paris à la
sorcellerie opératoire du Razès. En était-il capable ?
À regarder attentivement ce qu’il a fait de l’église de
Rennes-le-Château, la réponse ne peut être que négative. L’abbé Saunière n’a
fait que reproduire au premier degré et avec un mauvais goût vraiment
exceptionnel des discours qu’il a reçus. À moins que tout cela ne soit que de
la poudre aux yeux.
Car une telle accumulation de laideurs, de symboles hétérogènes,
d’inversions puériles, est trop remarquable pour avoir été l’effet du hasard. L’église
Sainte-Marie-Madeleine de Rennes-le-Château n’est qu’un vulgaire miroir aux
alouettes destiné à détourner l’attention. Le « Trésor » des Cathares
est nécessairement ailleurs, et c’est perdre son temps que de chercher le plan
qui y conduit dans cette église qui est une véritable « synagogue de Satan ».
Mais Rennes-le-Château n’est pas tout le Razès. Ce n’est
même pas l’antique Rhedae. Il y a d’autres lieux, dans ce pays étrange et magnifique.
Il n’y a pas qu’un seul Rennes, il y en a deux. Pourquoi oublier
Rennes-les-Bains qui a été, de toute évidence, un lieu de culte du temps des
Gaulois, et qui recèle bien des mystères, encore qu’ils aient cette qualité
propre aux mystères, c’est-à-dire le silence ? Il est vrai que dans la
notoriété publique, l’abbé Saunière,
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