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Montségur et l'enigme cathare

Montségur et l'enigme cathare

Titel: Montségur et l'enigme cathare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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fameux Rois mages de l’Évangile sont des prêtres du mazdéisme zoroastrien. Cette
tradition a valeur de symbole, puisqu’une partie de la doctrine s’est répandue
dans tout l’Orient et qu’elle a influencé valablement et durablement les
systèmes religieux qui se sont succédés à partir de là.
    La conception à la fois grandiose et dramatique de cette lutte
entre le Bien et le Mal est cohérente et logique : cela ne pouvait qu’entraîner
une adhésion, même assortie de nuances, à cette croyance. De plus, la victoire
finale du principe de Lumière mettait l’accent sur l’espoir, comme les
religions à mystères qui bouleversèrent la pensée grecque primitive et
pénétrèrent même à Rome immédiatement avant l’introduction du Christianisme, préparant
d’ailleurs de ce fait le triomphe de celui-ci. En séparant les puissances
mauvaises du Dieu bon et parfait, on donnait l’explication d’un monde qui
paraissait sinon incohérent, du moins soumis à la seule influence des démons. En
posant comme fin dernière la victoire d’Ahura-Mazda sur Ahriman, on donnait
également un sens à la vie : le devoir des humains était de se mettre au
service des forces lumineuses pour en hâter la victoire et bénéficier ainsi du
bonheur éternel.
    Quelques siècles avant l’ère chrétienne, l’Orient est en
pleine stagnation du fait de l’expansion assyrienne. Mais cette stagnation
renferme cependant une sorte de bouillon de culture : d’une façon plus
secrète, surtout à Babylone ou à Ninive, les diverses doctrines communiquent
entre elles. La captivité des Hébreux à Babylone eut lieu vers l’an 600 av. J.-C.,
c’est-à-dire au moment où l’influence de Zoroastre commençait à se répandre. On
sait que l’exil marque une cassure dans la vie politique d’Israël. Mais cette
cassure est doublée par toute une réforme religieuse. Des conceptions nouvelles
se font jour dans la tradition hébraïque. L’idée d’un Messie qui doit venir
annoncer la fin des Temps pénètre dans la pensée juive qui, jusque-là, demeurait
très vague à propos d’un hypothétique sauveur. Le personnage du Shatam
hébraïque, très confus dans sa formulation, commence à se préciser et à
emprunter le visage de l’Ahriman mazdéen. L’angéologie et la démonologie font
leur apparition dans les textes sacrés, en même temps qu’une certaine
simplification du rituel religieux extrêmement compliqué et très formel, ce
rituel se chargeant davantage de significations logiques. Bref, la captivité
des Juifs à Babylone, grâce aux contacts qu’ils ont eus avec d’autres
traditions, et surtout avec la tradition mazdéenne, a permis d’affiner la
pensée hébraïque, et surtout de développer une mystique qui paraît avoir été
totalement absente des premiers âges.
    Mais l’influence mazdéenne a été tout aussi efficace sur le
sud-est de l’Europe, en particulier sur les Grecs. C’est l’époque où, en Grèce,
le dieu d’origine thrace, mais déjà à moitié hellénisé, Dionysos commence à
pénétrer dans les habitudes religieuses, voire dans les mentalités. Les adeptes
du culte dionysiaque, dont les plus importants furent les prêtres et errants
des sectes orphiques, ont parcouru le monde grec en affirmant que le mal était
inhérent au corps charnel de l’homme, et que ce corps était une prison pour l’âme,
éternelle voyageuse tombée dans un piège, en cette vallée de larmes qu’est le
monde apparent. La seule façon d’échapper à cette misère et de ne plus retomber
dans les pièges du Mal était donc de préparer la délivrance de cette âme par l’ascèse
et la célébration des mystères . L’orphisme
sort tout droit de ces prédications, en même temps que la légende initiatique d’Orphée,
lui-même originaire de Thrace, pays d’où nous verrons plus tard surgir les
hérétiques connus sous le nom de Bogomiles et qui seront les ancêtres directs des
Cathares.
    Il va sans dire que la philosophie grecque n’a pas été sans
tenir compte de la pensée mazdéenne. Pythagore, qu’il ait été ou non disciple
de Zoroastre, exprime la même conception quant à la « prison de l’âme »
que constitue le corps, et il se lance dans des spéculations qui rejoignent
celle des Mages. Platon, bien au courant de ce qui se passait en Perse et dans
l’Inde du nord, affirmait sa croyance en l’âme égarée, descendue du royaume de
l’Esprit, du mystérieux mais

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