Montségur et l'enigme cathare
jumelés une illustration du dogme primordial du mazdéisme, l’existence
des deux principes qui luttent l’un contre l’autre. L’écrivain et géographe
grec Strabon affirme avoir vu de semblables monuments en Cappadoce, sur
lesquels des Mages entretenaient une flamme sacrée.
Il est évident que Zoroastre, qui était avant tout
philosophe, a modifié quelque peu le mazdéisme primitif. On ne sait pas exactement
à quelle époque a vécu ce personnage essentiel de l’aventure intellectuelle humaine :
il est probable que sa réputation a été telle qu’on en a fait un héros de
légende, mais à travers celle-ci, on peut quand même discerner quelques traits
de l’homme réel qu’il a été, sans doute à la fin du VII e ou au début du VI e siècle
avant notre ère. C’est l’époque du Bouddha historique, en Inde. C’est le début
de la brillante civilisation athénienne. Zoroastre paraît avoir été ignoré d’Hérodote,
mais Platon le cite dans son Alcibiade , et
Pythagore, autre personnage semi-légendaire, aurait figuré, d’après saint
Clément d’Alexandrie, parmi ses meilleurs disciples. On pense qu’il serait né
en Médie et qu’il aurait été tué en Bactriane, lors d’un de ces massacres
collectifs qui sont malheureusement fort nombreux dans l’histoire de l’Antiquité,
mais la légende rapporte qu’il aurait été tué par la foudre, mort évidemment
plus conforme à l’idée qu’on se fait de ce prophète inspiré. Son nom de Zarathoustra , en langue zend, pourrait signifier « Astre
d’Or », ou encore « Astre brillant », ce qui fait supposer qu’il
s’agit en fait d’un surnom, encore que l’étymologie moderne soit plus proche d’une
signification qui serait « l’Homme aux vieux chameaux » en langue
avestique. Mais Zoroastre aurait appartenu à une famille noble du nom de Spitamas , ce qui signifie les « Blancs ». On
ne peut que penser au nom générique des Vénètes de Vannes, très ancien peuple d’origine
controversée mais entièrement celtisé, dont l’appellation veut dire également « blancs »,
mais aussi « de pure race ». Quoi qu’il en soit, cette idée de « blancheur »,
de « lumière », de « pureté », s’accorde parfaitement avec
la doctrine mazdéenne comme avec les croyances cathares.
On s’accorde à dire que Zoroastre a contribué à débarrasser
le mazdéisme de ses éléments les plus « folkloriques » et qu’il s’est
efforcé d’intellectualiser et de spiritualiser les vieux mythes qui étaient à l’honneur
dans la tradition. C’est ainsi que le Soleil proprement dit figurait à l’origine
parmi les « immortels bienfaisants », autrement dit qu’il était
considéré comme un archange à part entière, en quelque sorte le lieutenant
direct d’Ahura-Mazda : sous l’influence de Zoroastre, il devint un simple
symbole, celui de la Lumière spirituelle et de la pureté divine à laquelle tout
être humain doit parvenir. De plus, Zoroastre eut le mérite de codifier et d’ordonner
les traditions ancestrales du mazdéisme et d’en faire un ensemble cohérent et
logique. Après sa mort, on rédigea l’ Avesta , qui
est placé sous son patronage, et qui prétend rendre compte des paroles du
prophète, paroles dictées, selon l’affirmation de Zoroastre, par la « Grande
Lumière ». Le mazdéisme, revu et corrigé par Zoroastre, se présente donc
presque comme une religion de type révélé, et, dans l’iconographie, Ahura-Mazda,
au départ uniquement entité spirituelle incommunicable, devient une divinité
anthropomorphique plus compréhensible, sous la forme d’un personnage qui émerge
d’un disque solaire ailé. Cette représentation n’est pas sans avoir été
influencée par celle d’Assur, le dieu des Chaldéens, et par le culte du Disque
solaire chez les Égyptiens.
Car s’il y a eu contacts et brassages de peuples dans l’Orient
antique, il y eut aussi interaction des différentes traditions. C’est
particulièrement visible pour ce qui est de l’apport mazdéen sur le Judaïsme de
l’époque de Jésus. Et si ce mazdéisme zoroastrien se développa surtout en Perse,
après la mort du prophète, avec un succès indéniable, il déborda largement du
plateau iranien. En fait, on s’aperçoit qu’il a perduré jusqu’aux invasions
musulmanes, au VII e siècle : c’est
dire qu’il s’étend sur une dizaine de siècles au moins, ce qui est considérable.
Les
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