Montségur et l'enigme cathare
humain à face de lion, dont le
corps est entouré d’un serpent qui figure la renaissance perpétuelle. On dit qu’il
naquit d’un rocher, le 25 décembre, jour où l’on célébrait, quelques jours
après le solstice d’hiver, la renaissance du soleil. On voit tout de suite
pourquoi les Chrétiens, après de nombreuses hésitations, ont fixé la date de
naissance de Jésus un 25 décembre, et dans une grotte. Mithra est le fils
de la Terre-Mère, comme tous les êtres vivants : étant de même nature qu’eux,
il peut donc les entraîner facilement à sa suite pour la reconquête de la
Lumière. Mais le mithraïsme reste quasiment muet sur les puissances qui s’opposent
à cette reconquête : on comprend qu’il s’agit avant tout de ce qui
emprisonne l’être humain dans un égoïsme forcené, contribuant ainsi à son
aveuglement, c’est-à-dire à sa mise à l’écart de la Lumière. On remarquera que
le mithraïsme, contrairement au mazdéisme, ne pose pas le problème du dualisme
sur le plan ontologique, mais seulement sur le plan matériel et psychologique, ce
qui aboutit à la création d’un système de morale assez austère. Mais il s’agit
bel et bien d’un dualisme qui se résout lui aussi par la victoire de la Lumière
sur les Ténèbres.
Il existe également une variante du mazdéisme qui s’est développée
parallèlement au mithraïsme : c’est le zervanisme, d’après le nom persan
du Khronos grec, le dieu Zervan. Il est possible de voir dans ce zervanisme une
évolution d’un mazdéisme primitif qui aurait ignoré l’influence de Zoroastre. De
toute façon, nous sommes en présence d’une tentative pour résoudre une dualité
qui n’est pas toujours très nette dans la pensée zoroastrienne, du fait de la
supériorité essentielle d’Ahura-Mazda.
Dans les conceptions zervanistes, Ahura-Mazda et Ahriman
sont à égalité, du moins à l’origine. L’un est le principe du Bien et de la
Lumière, l’autre du Mal et de l’Ombre. Et ces deux personnages divins sont en
conflit continuel, ce qui explique les turbulences du monde. Mais Ahura-Mazda
et Ahriman ne sont pas des dieux suprêmes : ils sont les émanations d’un
principe supérieur qui est Zervan, ce qui signifie le Temps en langue zend, plus
exactement Zervan Akanara , le « Temps
Infini ». Il existe des rapports certains entre ce Zervan perse et le
Khronos grec : ce sont tous deux des dieux créateurs et dévoreurs. Mais le
cas de Zervan est intéressant dans la mesure où il donne naissance aux deux
principes du Bien et du Mal. C’est donc qu’il les contient tous les deux :
Zervan est le dieu du Bien et/ou du Mal, et tout dépend du choix que l’on fait
en s’adressant à lui. Le dualisme est ici résolu par une synthèse harmonieuse
des deux principes antagonistes.
En effet, dans l’absolu, c’est-à-dire quand le dieu suprême,
en l’occurrence Zervan, n’a pas encore créé, qu’il ne s’est pas encore
manifesté, le Bien et le Mal coexistent en lui dans une sorte de nirvâna où il
n’y a nulle action mais seulement contemplation passive. Mais, dans la
relativité, c’est-à-dire à partir du moment où le monde créé par Zervan
commence à entrer en action, cette action n’est possible que si les deux
principes se séparent et se heurtent, un peu comme l’électricité n’existe que
lorsqu’il y a affrontement entre un courant positif et un courant négatif :
avant l’affrontement, l’électricité n’existait que dans la potentialité.
Zervan absolu, avant la création du monde, était un dieu
suprême certes puisque rien ne s’opposait à lui, mais surtout un dieu potentiel . Et sa potentialité ne sert à rien, selon
le principe hégélien. Mais lorsque la potentialité devient action , les deux composantes se mettent en mouvement
et produisent les événements de l’Histoire. Ces deux composantes sont
évidemment le Bien et le Mal parce que ce sont les plus antagonistes qui
puissent être. Mais le monde n’existe que grâce à cette lutte perpétuelle entre
les deux principes. On voit que le dualisme du zervanisme est résolu par un
raisonnement dialectique de la meilleure veine. En fait, ce n’est même pas un
dualisme, puisque les forces du Bien et du Mal ne sont rien en elles-mêmes que
des manifestations d’une Totalité unique. Les zélateurs de Zervan avaient-ils
pensé aux conclusions ontologiques auxquelles aboutissait leur système ?
Le zervanisme s’est
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