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Montségur et l'enigme cathare

Montségur et l'enigme cathare

Titel: Montségur et l'enigme cathare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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Parfaits : on ne doit tuer sous aucun
prétexte. Et cette interdiction s’étend aux animaux qui, selon la doctrine de
transmigration, peuvent enfermer les âmes de certains hommes, donc de certains
Anges obligés de renaître sous une forme inférieure à cause des péchés de leur
vie précédente. Cela va même très loin puisqu’on en arrive à désavouer tout
acte de légitime défense qui risque de tuer ou même de blesser l’agresseur. Végétariens,
les Cathares sont aussi fondamentalement des non-violents convaincus. La peine
de mort est un assassinat, car le châtiment et l’exécution des malfaiteurs sont
l’affaire de Dieu et non celle du pape, de l’empereur ou d’un souverain
quelconque.
    Cette interdiction a posé bien des problèmes aux Cathares, surtout
aux pires moments de la répression exercée contre eux. Pendant la Croisade des
Albigeois, si les Parfaits ne prirent jamais les armes, de nombreux Croyants, qui
n’étaient pas tenus de respecter scrupuleusement cet interdit, participèrent
aux combats et commirent même des assassinats, comme celui des Inquisiteurs à
Avignonnet. Mais la plupart du temps, c’étaient des mercenaires et des
sympathisants non convertis qui assuraient la défense des Cathares : on l’a
bien vu à Montségur en 1244. Et il est probable que les Templiers, dont le rôle
est officiellement très discret durant la Croisade des Albigeois, sont
intervenus certaines fois en leur faveur sur les champs de bataille. Des
adversaires des Cathares ont même prétendu que les Templiers étaient le bras
séculier des Parfaits.
    Pour le reste, la morale cathare coïncidait dans les grandes
lignes avec la morale des Chrétiens orthodoxes et de la plupart des autres
hérétiques. L’essentiel n’était pas d’interdire, mais de démontrer que
certaines actions ralentissaient ou même empêchaient le processus du retour aux
origines angéliques. Plus un Cathare prenait conscience de son état angélique, plus
il évitait les occasions de pécher. La morale cathare est d’une très haute
tenue dans la mesure où elle ne se contente pas d’édicter des règles négatives.
C’est au contraire une morale positive qui encourage à persévérer dans la
recherche de la pureté. Et c’est cet aspect qui a séduit les hommes et les
femmes confrontés à des Parfaits. Les Cathares ont été nombreux, preuve que
leur exemple était convaincant et que leur morale apparaissait comme
satisfaisante. Enfin, le rituel religieux, extrêmement simple, avait de quoi
attirer les fidèles saturés des interminables cérémonies romaines.
    Comme chez les Bogomiles et comme chez tous les autres
dualistes, les rites observés par les Cathares constituaient un strict minimum.
Il s’agissait de prières, de chants, de jeûnes à certains jours de la semaine, et
surtout de prédications. Les Parfaits ont été avant tout des Hommes de la
Parole. Il est probable que les sermons étaient suivis de discussions pendant
lesquelles tous les auditeurs pouvaient intervenir. Les prières et les
prédications avaient lieu n’importe où, en pleine nature, dans les bois, dans
des châteaux ou des maisons particulières. Il ne semble pas que les Cathares
aient eu des temples, n’en déplaise aux amateurs de mystères qui voient dans
Montségur un temple cathare, ou un temple manichéen, ou même un temple solaire.
Montségur, comme certains lieux, a certes joué un rôle particulier, mais en
tant que bien symbolique, en tant que « pôle » spirituel, dans la
même optique que le mont Mérou en Inde, ou la colline de Tara en Irlande. Mais
on ne peut pas parler d’un « temple » proprement dit, ce qui n’ôte
nullement de son importance à ce site, incontestablement sacré.
    Comme les Bogomiles, les Cathares rejetaient les sacrements
de l’Église romaine, y compris le baptême : étant tous des Anges, les
Cathares n’avaient que faire d’un geste rituel qui était censé les faire entrer
dans la communauté divine ; ils s’y trouvaient déjà, mais en un état de « dormition ».
Et c’était à eux-mêmes de prendre conscience de cet état et d’y remédier. Ils
rejetaient bien entendu le mariage – qui, à l’époque, pour être officiel, ne
pouvait être que catholique, puisqu’il n’existait pas d’état civil laïque – et
se contentaient d’un vague rituel civil. De sorte qu’aux yeux des Inquisiteurs,
les Cathares mariés (il s’agissait des simples Croyants) étaient

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