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Montségur et l'enigme cathare

Montségur et l'enigme cathare

Titel: Montségur et l'enigme cathare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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majeur » et un « fils
mineur », qui l’aidaient dans sa tâche, et si l’évêque décédait, le fils
majeur lui succédait tant que la communauté n’avait pas choisi un autre évêque.
Ainsi était maintenue une cohésion, impensable au premier abord, dans des
groupements composés d’hommes et de femmes d’origines différentes et professant
parfois des idées divergentes, groupements qui admettaient parfaitement la
libre discussion et ne refusaient jamais la contradiction. On ne peut parler de
tolérance : c’est plutôt par souci d’une recherche continuelle de la
vérité que les Cathares ont laissé le souvenir d’hommes et de femmes d’une
piété exemplaire et d’une grande honnêteté intellectuelle. Mais c’est aussi
pour cela qu’ils constituaient un danger pour l’Église catholique romaine :
ils donnaient le mauvais exemple à la fois aux fidèles de l’Église et aux
populations que la monarchie capétienne voulait attirer dans son orbite.
    Il fallait donc les faire disparaître. Et par tous les
moyens.
    Ce qui a été fait.

TROISIÈME PARTIE

L’énigme cathare

I

LES CATHARES PARMI NOUS
    C’est un lieu commun que de dire que le catharisme est mort
au moment de la reddition de Montségur, quand s’est allumé le bûcher où
périrent deux cent cinq Parfaits qui ne voulurent rien renier parce qu’ils
savaient qu’ils étaient des Anges purifiés et assurés de réintégrer le Royaume
de Lumière. C’est une réalité. Après le drame de Montségur, les Cathares se
sont dispersés ou sont tombés entre les griffes redoutables de l’Inquisition. Il
y eut évidemment des sursauts, des renouveaux pendant un siècle : une
telle religion, appuyée sur des convictions profondes et inébranlables, ne peut
disparaître d’un seul coup par décision d’un tribunal, fût-il ecclésiastique. Mais
l’usure agissait. La terreur aussi. Et l’administration royale capétienne, mise
en œuvre par Alphonse de Poitiers, frère de saint Louis, époux de Jeanne de
Toulouse, avait tissé sa gigantesque toile d’araignée sur toute l’Occitane. De 1321
à 1335, de nombreuses condamnations pour hérésie sont encore prononcées, mais
elles ont tendance à se raréfier. Et à la fin du XIV e  siècle,
après les premières tragédies de la guerre de Cent Ans, l’Inquisition n’exerçait
pratiquement plus en territoire cathare, preuve que l’hérésie n’existait plus.
    C’est peut-être difficile à admettre, puisque l’on sait que
les religions laissent toujours des traces. Entendons-nous : le catharisme
a disparu bel et bien en tant que religion organisée et
pratiquée . Il en a été de même pour le druidisme à partir de la conquête
de César : interdits d’enseignement, les Druides sont d’abord allés se
réfugier dans les forêts et les endroits inaccessibles, mais leurs disciples se
sont faits de plus en plus rares, et ils ont fini par se fondre dans la nature,
c’est-à-dire s’intégrer aux nouvelles façons de penser, aux nouveaux modes de
spiritualité : ils sont devenus chrétiens. On peut imaginer un sort
identique pour les Cathares. Privés d’enseignement, privés de réunions
cultuelles, dispersés et réfugiés dans des endroits inaccessibles, ils ont fini
par ne plus se reconnaître entre eux, et ils se sont dissous dans une époque
qui ne prêtait plus aux spéculations sur la chute des Anges. Cela ne veut pas
dire que l’ esprit cathare soit mort. De même
que l’esprit celtique druidique est demeuré très vivant dans la civilisation
médiévale et même dans le christianisme, surtout dans les églises d’Irlande et
de Bretagne, l’esprit cathare semble avoir maintenu sa permanence sur une
grande partie de l’Occitanie. D’une façon générale, les Occitans manifestent
toujours une tendance très nette à l’hérésie. Au XVI e  siècle,
bon nombre d’entre eux brandiront l’étendard de la Réforme. L’histoire du
protestantisme occitan recouvre très exactement les zones où le catharisme
avait exercé une durable influence. N’en concluons pas que le protestantisme
est l’héritier du catharisme, ce serait faux : mais ce protestantisme s’est
développé dans des terrains favorables. D’ailleurs, des points de détail indiquent,
non pas une filiation, mais une source commune, au fond des âges, ne serait-ce
que la fameuse croix huguenote, qui est la croix occitane surmontant une
colombe. Il est difficile de nier un rapport plus ou

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