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Montségur et l'enigme cathare

Montségur et l'enigme cathare

Titel: Montségur et l'enigme cathare Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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considérés
comme des concubins. Et sans admettre le sacrement de la Pénitence, les
Cathares pratiquaient une sorte de confession publique : les Parfaits
avouaient leurs fautes devant une assemblée de Parfaits et de Croyants, un peu
comme cela se pratiquait chez les manichéens.
    Le seul sacrement, si on peut l’appeler ainsi, pratiqué par
les Cathares était le célèbre consolamentum . Il
se présentait sous deux formes distinctes correspondant à deux circonstances différentes.
Il y avait d’abord le consolamentum donné à un
Croyant qui voulait entrer – et qui s’en croyait digne – dans la catégorie des
Parfaits. Dans ce cas, le nouveau Parfait devait s’engager à respecter
intégralement les règles auxquelles étaient astreints ceux qui prétendaient
avoir atteint un degré suffisant de sagesse et de pureté. C’était un acte d’une
extrême gravité, car on ne pouvait le recevoir – ou en être revêtu – qu’une seule fois dans sa vie. Cela
explique la rigueur, l’austérité, la ténacité et la foi des Parfaits, et leur acceptation
paisible de la mort lorsqu’ils étaient condamnés au bûcher. Renier leur foi, c’était
renier à jamais leur consolamentum , c’était
régresser, au risque de se retrouver dans une situation inférieure lors d’une
prochaine incarnation.
    Une autre forme de consolamentum pouvait être conférée par les Parfaits aux Croyants sur leur simple demande, mais
seulement quand ils se trouvaient en danger de mort. C’était en quelque sorte l’équivalent
du baptême que n’importe quel Chrétien peut administrer à qui n’est pas encore
baptisé et qui se trouve en danger de mort. Mais ce consolamentum n’avait pas valeur perpétuelle : en cas de survie, il devenait caduc, et
il pouvait être conféré plusieurs fois, au gré des circonstances.
    Dans l’un et l’autre cas, le rituel était identique. On demandait
au Croyant qui désirait devenir Parfait s’il voulait se rendre à Dieu et à l’Évangile.
S’il répondait affirmativement, on lui faisait promettre qu’à l’avenir, il s’abstiendrait
de toute nourriture interdite ou déconseillée, qu’il ne se livrerait plus au
commerce charnel, qu’il ne mentirait plus, qu’il ne jurerait plus et qu’il n’abandonnerait
jamais plus la communauté cathare, même par crainte de la mort par le feu, par
l’eau ou de toute autre manière. Ces promesses faites, le candidat récitait le Pater , seule prière catholique admise, mais réservée
aux Parfaits – parce que le Pater passait pour
la prière dite par les Anges devant le trône de Dieu –, et dans sa version
hérétique : au lieu de panem quotidianum ,
on dit panem supersubstantialem , « pain
au-delà de la substance », parce que, pour les Cathares, le pain matériel
n’était que création diabolique, comme le reste. Et après la récitation de ce pater « hérétique », les Parfaits
imposaient les mains au nouvel élu et mettaient le « Livre », sans
aucun doute l’Évangile, sur sa tête. Enfin, ils lui donnaient l’accolade et
toute l’assemblée se prosternait devant lui.
    Il existe aussi un autre rite, très particulier, qui ne nous
est connu qu’à propos du siège de Montségur, en 1244 : la convinenza . Il s’agit d’une variante du consolamentum en cas de guerre, qui concernait des
hommes d’armes qui risquaient d’être blessés mortellement et de perdre l’usage
de la parole. Avant de partir au combat, ils « convenaient » avec les
Parfaits que le consolamentum leur serait
administré sans qu’ils aient à répondre aux questions d’usage et sans réciter
le Pater . Mais cette convinenza semble un acte tout à fait exceptionnel.
    Reste le problème de l’ endura .
Les Cathares ayant une conception si fortement pessimiste du monde, leurs
adversaires n’ont pas hésité à les présenter comme des candidats au suicide :
en toute logique, des hommes qui croient être des Anges prisonniers d’une
enveloppe corporelle, peuvent être tentés de brûler les étapes et de fuir leur
prison le plus vite possible. D’ailleurs, leur courage devant la mort, fût-elle
la plus horrible, sur le bûcher, et les grèves de la faim qu’observèrent
certains d’entre eux enfermés dans les cachots de l’Inquisition, pouvaient
accréditer la thèse d’un suicide en quelque sorte rituel. Mais ce ne furent que
des cas individuels, et l’on n’a aucune trace d’une quelconque incitation au
suicide dans la

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