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Morgennes

Morgennes

Titel: Morgennes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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situé à La Mecque, se trouvait la Pierre vers laquelle les musulmans se tournaient pour prier.
    — C’est magnifique, dit Morgennes.
    — C’est le deuxième que je brode. Le premier m’a demandé plus de cinq années de travail.
    Morgennes toucha le tissu, heureux d’effleurer la matière que Guyane avait tenue entre ses mains. Enfin, il se tourna vers le puits :
    — Alors, c’est ici ? Le puits au fond duquel est Dieu ?
    — D’après la légende, oui.
    Elle se pencha vers le puits, où Morgennes regarda à son tour. Mais il n’aperçut que leur propre reflet, tout au fond d’un trou noir où de l’eau scintillait.
    — Je ne vois rien, dit Morgennes.
    — Peut-être qu’il faut descendre ? dit Guyane en souriant.
    — Cela paraît logique, effectivement.
    Il passa alors une jambe de l’autre côté de la margelle, puis le corps tout entier, et entreprit de descendre au fond. Il faisait si sombre qu’il voyait à peine ses mains et qu’il redouta plusieurs fois de tomber tant sa prise était mal assurée. Il crut qu’il n’y arriverait jamais, lorsque Guyane eut une idée.
    — Tenez ! dit-elle en lui envoyant un seau. Il est accroché à une corde, que j’ai nouée à un arbre. Ça tiendra.
    — Merci.
    Passant un bras à l’intérieur du seau, Morgennes poursuivit sa lente incursion dans les entrailles du puits. L’air était moite, et les parois du puits glissantes. Enfin, il atteignit le fond. À sa grande surprise, il avait pied.
    — Alors ? demanda Guyane.
    — Je ne vois rien ! Il fait trop sombre…
    Sans se décourager, il tâta les murs, à la recherche d’une ouverture, d’un mécanisme, de quoi que ce soit d’anormal – en vain.
    — Il n’y a vraiment rien ! Je crois que je vais remonter.
    Pour tout commentaire, il entendit un rire. Morgennes leva les yeux, et vit le rond visage de Guyane, pareil à une lune échappée d’un nuage.
    — Qu’y a-t-il ? demanda Morgennes.
    Elle rit de nouveau. « Ça alors, se dit Morgennes. Elle a dû voir quelque chose… » Sondant les murs, passant les mains sur chaque interstice, fouillant la vase au fond du puits, il chercha, chercha et chercha. Mais ne trouva toujours rien.
    — C’est vide ! cria-t-il.
    — Pas tout à fait ! lui répondit Guyane.
    — Ah bon ? s’étonna Morgennes. Vous voyez Dieu ?
    — Peut-être que oui !
    Et elle rit de nouveau.
    — Bon, dit Morgennes, vaguement irrité. Je peux remonter ?
    — Oui ! Venez !
    S’aidant de la corde pour grimper, il revint auprès de Guyane et, les pieds tout crottés, les mains salies par la vase et la boue, lui demanda :
    — Me direz-vous enfin ce que vous avez vu ?
    — Vous !
    Elle s’approcha de lui et lui posa la main sur la poitrine. Mais Morgennes recula.
    — Non, dit-il. J’ai promis à mon roi…
    — Que je ne connais pas ! fit Guyane. C’est vous que j’attendais, j’en ai la conviction. Vous êtes…
    De nouveau, elle fit un pas en avant, et de nouveau il recula :
    — C’est mon roi.
    — Pas le mien.
    — Écoutez, ne nous disputons pas. Sortons d’ici…
    Mais Guyane s’assit au bord du puits, et dit à Morgennes :
    — Non. Je vous l’ai dit, je n’ai pas choisi…
    Et elle reprit son ouvrage. Morgennes était désemparé. Que faire ?
    — Je vais repartir, dit-il. Je reviendrai demain.
    — Vous doutez ? demanda violemment Guyane en le regardant droit dans les yeux.
    — De quoi ?
    — De ce que je ressens ?
    Le cœur de Morgennes battait à tout rompre, et cependant il dit :
    — Non, désolé. Je ne peux pas.
    — Comme vous voudrez, dit Guyane en se remettant à broder.
    C’est alors que dans un même piaillement, tous les oiseaux s’envolèrent. Un silence pesant s’installa dans le Coffre et une odeur de brûlé parvint aux narines de Morgennes.
    — Vous sentez ?
    — Non.
    Guyane lâcha ses travaux de couture et regarda, comme Morgennes, vers le ciel.
    — Et là ? demanda-t-il.
    Des langues de fumée rouge et noire montaient à l’assaut des nuages.
    — Un incendie !
    — Quelqu’un a mis le feu au Coffre !
    À cet instant, la jument de Guyane passa au grand galop devant eux, la crinière et la queue embrasées. Guyane poussa un cri, auquel la jument répondit par un hennissement de douleur.
    — Il faut sortir d’ici ! dit Morgennes.
    Il attrapa Guyane par le bras et l’entraîna vers la porte du labyrinthe. Mais celle-ci s’ouvrit, livrant passage à des

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