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Morgennes

Morgennes

Titel: Morgennes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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ophites. Ils venaient dans leur direction. Morgennes rebroussa chemin, prit Guyane dans ses bras et sauta dans le puits. C’était leur seule échappatoire. Quand il atterrit au fond, se ramassant sur lui-même, Morgennes amortit le choc et tint Guyane étroitement serrée contre lui.
    Leurs regards se croisèrent. Les lèvres de Guyane tremblèrent. C’est alors que le voile noir de la Kaaba, que Guyane avait entraîné dans sa chute, tomba sur eux – les plongeant dans l’obscurité.
    — Fouillez le jardin ! s’écria l’officier des ophites en venant près du puits.
    Le temps pressait. Déjà, la chaleur augmentait, et ils avaient du mal à respirer.
    — Elle n’est pas là ! hurla l’un de ses hommes.
    — Il faut la retrouver, sinon Chawar va nous tuer !
    — À vos ordres !
    L’ophite claqua des talons, et s’éloigna.
    — Par Alexandre ! siffla l’officier. Elle doit bien être quelque part !
    Il parcourut le jardin de son regard de serpent, se demandant où Guyane avait pu se cacher. C’est alors qu’un seau posé sur la margelle du puits attira son attention. Le prenant dans sa main, marchant vers l’arbre auquel le seau était resté accroché, l’officier hésita un moment à le jeter dans le puits… Mais après réflexion, il n’en voyait pas l’intérêt. Il n’y avait rien au fond du puits, qu’une profonde nuit noire. Dépité, il reposa le seau au bord du puits et cria à ses hommes :
    — Elle a dû brûler, comme sa jument ! Filons d’ici !
    Morgennes et Guyane attendirent en silence qu’ils s’éloignent. Puis, quand il y eut un grand bruit de porte refermée, Guyane murmura à l’oreille de Morgennes :
    — Nous sommes sauvés.
    — Hélas non, lui dit-il. Je crois même que c’est tout le contraire.
    Et il se pencha sur elle pour l’embrasser.

50.
    « Mais grand vent tombe à peu de pluie ! »
    ( CHRÉTIEN DE TROYES ,
Perceval ou le Conte du Graal .)
    À plusieurs centaines de lieues de Fostat, une puissante armée se trouvait aux prises avec le Khamsin.
    Ce vent, que beaucoup associaient au djinn de la guerre et de la mort violente, s’acharnait sur ses proies avec une telle furie qu’il était difficile de croire qu’il n’était pas animé de conscience. Pire que les Maraykhât – ces bandits du Sinaï –, pire que le soleil ou la soif, pire que les bêtes sauvages, le Khamsin prenait un malin plaisir à guetter ses victimes pour les attaquer au moment opportun.
    Ainsi, il était inutile d’attendre une accalmie ou de sonder l’humeur du désert en y envoyant des éclaireurs. Car, toujours, le Khamsin se faisait mince brise qui vous invitait à entrer sur son territoire. Et quand vous vous trouviez à plusieurs jours de route de la plus proche oasis, il surgissait soudain de la terre et du ciel, et se jetait sur vous pour vous étriper.
    « Le Khamsin vous laissera tranquille », avait annoncé à l’armée de Nur al-Din le mage Sohrawardi, son plus proche conseiller. « J’ai convoqué les djinns, et obtenu d’eux qu’ils l’emprisonnent dans une cage de sable pendant la durée de votre voyage. »
    Apparemment, le Khamsin avait brisé les barreaux de sa cage. Car dès que les cavaliers de Chirkouh se furent suffisamment éloignés de Damas pour qu’il soit plus dangereux d’y retourner que de poursuivre vers Le Caire, de fortes rafales se mirent à souffler.
    — Par Allah tout-puissant ! Ce chacal de Sohrawardi s’est encore trompé, graillonna Chirkouh. Saladin, prends dix hommes avec toi, et rassemble nos troupes ! Nous bivouaquerons ici, en attendant que la tempête se calme.
    Saladin rabattit son keffieh sur son visage, déjà piqueté par le sable. Il avait l’impression qu’un millier de guêpes l’attaquaient, se jouant des nombreuses épaisseurs de tissu dans lesquelles il s’était enroulé. Le Khamsin se moquait des hommes et de Dieu – ce qu’il avait démontré, une fois encore, en s’abattant sur ses proies au moment de la prière.
    Saladin fulminait. Furieux contre le vent, qu’il qualifiait d’impie, et surtout contre lui-même. Par Allah tout-puissant ! Il savait ! Cette énième campagne militaire ne lui disait rien de bon. Déjà, à Alexandrie, il avait failli perdre la vie. Et maintenant, son oncle avait réussi à convaincre Nur al-Din de lancer une nouvelle expédition contre l’Égypte. Tout ça pour quoi ? Prendre les Francs de vitesse, prêter main-forte à cette girouette de

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