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Morgennes

Morgennes

Titel: Morgennes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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vers le ciel. Si, tout à l’heure, sa lance n’avait eu aucun effet, il espérait que le Saint Bois lui permettrait de se faire entendre de son armée et de celle des Hospitaliers.
    — Soldats !
    Plusieurs centaines de paires d’yeux se tournèrent vers lui.
    — Nous n’avons écrit que le p-p-prologue de nos aventures ! Alors, suivez-moi au C-c-caire, afin d’en rédiger la suite ! Au C-c-caire !
    — Au Caire ! répétèrent après lui les mercenaires, les chevaliers et les piétons, les écuyers et tout ce qui portait une arme au nom de la chrétienté. Au Caire ! Au Caire !
    Amaury eut un large sourire, et murmura à Guillaume :
    — Tu vois, je reprends la main…
    Mais Guillaume ne trouvait pas cela de bon augure. D’ailleurs, un vautour vint se percher sur la Vraie Croix, et poussa un cri strident tout en promenant, au bout de son long cou, son regard intéressé sur l’armée franque.
    Comme pour chasser ce funeste présage, Amaury éperonna Passelande et fonça vers les prisonniers – dont il fendit les rangs.
    — Ceux de gauche sont p-p-pour moi. Les autres sont à vous…, dit-il à ses soldats.
    Enfin, se tournant vers ceux des prisonniers qu’il s’était octroyés, il leur dit :
    — Je vous rends la liberté, en retour de la grâce que Dieu m’a faite de conquérir l’Égypte. Rentrez chez vous, si c’est encore p-p-possible…
    Dix jours plus tard, les Francs arrivaient dans les parages du Caire. Mais entre-temps, un émissaire envoyé par Chawar s’était approché d’eux, dans l’intention de les sonder. Cet émissaire était le deuxième que Chawar dépêchait auprès d’Amaury – le premier ayant été acheté par la promesse d’un fief à prendre sur les futurs territoires francs d’Égypte…
    Tout de blanc vêtu, et muni d’un long drapeau blanc qui – comme renâclant à sa mission – pendait tristement sous les sabots de sa jument, l’émissaire s’avança vers Amaury, l’air faussement radieux. Il leva la main droite et lui dit :
    —  As-salam alei Kum à toi, ô roi félon ! Car comment t’appeler autrement, étant donné les funestes intentions qui t’ont conduit jusque chez nous…
    Amaury eut un geste de la main, et bégaya sa réponse :
    —  Alei K-k-kum as-Salam, mon ami ! Le ciel soit loué, mon frère, tu n’y es p-p-pas du tout. Va rassurer Chirkouh (la paix sur lui), car je n’ai nullement l’intention de lui nuire. Au contraire ! Je suis venu l’avertir d’un danger. Certains chrétiens particulièrement zélés se sont mis en tête de conquérir votre beau p-p-pays. Dans la crainte qu’ils ne réussissent, je me suis mis en route p-p-pour vous proposer mes services, en tant que médiateur…
    — Mon frère, dis-moi, quelle sorte de médiateur es-tu ? Car ces chrétiens, vêtus de lourdes capes noires ornées d’une croix blanche, que je vois accrochés aux sabots de ton armée, qui sont-ils ?
    — Des Hospitaliers.
    — Moi je dis, des démons !
    — Ils sont là p-p-pour ma sécurité, et pour la vôtre !
    — Allons, mon frère, vous êtes ici les seuls à pouvoir la menacer. Alors pourquoi ne dis-tu pas à tes Hospitaliers de s’en retourner paisiblement vers la forteresse qu’ils ont entrepris de bâtir, au sud du mont Thabor, et qui a nom castel de Belvoir ?
    — Mon frère ! Par D-d-dieu, je suis heureux de te voir aussi bien renseigné !
    — En effet… C’est le moins que je te doive, ô grand roi. Mais tu peux retirer le lourd manteau de l’inquiétude de tes nobles épaules, car nous n’avons pas besoin de ton aide. Cependant, pour te remercier de t’être ainsi déplacé, Chawar – Dieu le garde ! – m’a autorisé à t’offrir un dédommagement, d’un montant qu’il te propose de fixer toi-même pour te montrer à quel point il a de l’affection pour toi.
    — Mon frère, c’est formidable ! Ma foi, un million de d-d-dinars feront l’affaire. À ce prix-là, je pense réussir à convaincre les éléments récalcitrants de mon armée de rentrer à Jérusalem.
    — Un million ! C’est une fort belle somme, mais tu la vaux bien… Mon frère, j’ai le cœur en larmes, car il me faut désormais repartir vers mon prince. Rentre chez toi, et tu auras ta réponse dans quelques jours.
    Dix jours, donc, avaient passé, et au terme de ceux-ci, Chawar en personne s’était rendu auprès d’Amaury pour lui annoncer que :
    — Non, non et non, jamais je ne paierai une telle

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