Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Morgennes

Morgennes

Titel: Morgennes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
Vom Netzwerk:
paysans, que ces démons ne sachent pas où va leur maître ? »
    Alors les cavaliers – montés sur des juments alezanes de petite taille, coursiers rapides fort appréciés des musulmans – repartaient aussi vite qu’ils étaient arrivés, non sans couper le bras de celui qui leur avait indiqué la route à suivre, en expliquant :
    — Tu y repenseras à deux fois avant de montrer sa route à un autre que nous ! Et avise-toi de tenir ta langue, sinon nous te la couperons aussi !
    Ainsi, le tremblement de terre et le passage de Guillaume se doublaient-ils, pour les paysans, d’une nouvelle misère – un bras coupé, quand tant de bras manquaient à l’appel.
    Guillaume, lui, ignorait qu’il était espionné. Depuis des mois déjà, des soldats appartenant à une unité d’élite nouvellement créée par Saladin gardaient un œil sur lui. Cette unité s’appelait le Yazak, et à sa tête avait été nommé, en remerciement de ses nombreux exploits, un noble et vaillant jeune homme : Taqi ad-Din.
    Taqi, accompagné d’une poignée de soldats, parmi lesquels Tughril – l’ancien garde du corps de Chirkouh –, chevauchait donc sur les traces de Guillaume, en espérant que ce dernier les conduirait vers Crucifère. Qui ne devait tomber à aucun prix entre les mains des ennemis de l’Islam, et encore moins entre celles des ophites.
    Car ceux-ci, bien que totalement anéantis au Caire, avaient encore des ressources. À partir d’une base secrète, située quelque part dans le désert du Sinaï, ils continuaient de harceler les Damascènes. Mais ce que Saladin ignorait, et qu’ignorait également Taqi, c’était à quel point les ophites étaient résistants et capables de s’adapter. Surtout quand il s’agissait pour un fils (Palamède) de venger son père ; surtout quand ce fils avait en son pouvoir une jeune femme (Philomène) capable de lui fabriquer à peu près n’importe quel artefact, une femme pour qui la mécanique n’avait aucun secret…
    Guillaume tira sur les rênes de sa monture. La bave aux lèvres, les jambes flageolantes, son coursier menaçait de s’écrouler. Agitant sous le ciel son bâton à tête de dragon, Guillaume espérait que les vigies du Krak le reconnaîtraient et le laisseraient approcher.
    Le Krak ne semblait pas avoir trop souffert. Seule une tour s’était effondrée, entraînant un glissement de terrain qui avait englouti les découvertes effectuées auparavant. Mais révélé d’autres trésors, issus des entrailles du Djebel al-Teladj, et notamment de nouveaux ossements de dragons.
    Au milieu de ces derniers, Amaury était comme un fou. Il gesticulait, braillait, parlait sans arrêt de cette légende de la cour du roi Arthur, qui voulait que Merlin eût prédit à un roi que les malheurs le frapperaient tant qu’il ne se serait pas débarrassé des deux dragons luttant sous les fondations de son château.
    — Ici, bégayait Amaury, ce ne sont pas deux d-d-dragons qui nous posent problème, mais des dizaines. Les Arabes ont bien raison de dire que le Krak est comme un os posé en travers de leur gorge… Cette montagne est pire qu’un p-p-poulet ! Elle fourmille de petits os, hein mon chéri ?
    Ce disant, il donna une aile de poulet au jeune chiot qu’il avait dans les bras. Oméga IV ne fit qu’une bouchée du morceau, et Alpha II, qui tournait en jappant autour des pieds d’Amaury, réclama sa part de pitance.
    — Majesté ! s’exclama Guillaume en poussant sa monture vers le roi.
    Guillaume continuait de brandir son bâton, afin que les archers du roi ne le prennent pas pour cible. Ici, on craignait plus que tout les Assassins, qui se montraient de plus en plus envahissants.
    — Guillaume, que fais-tu ici ? demanda Amaury en le voyant galoper vers lui.
    — Un miracle !
    — Un malheur, tu veux dire !
    — Non, Majesté, un miracle ! Un miracle, vous dis-je !
    Interloqué, Amaury dévisagea Guillaume. Le vieil homme qu’il avait choisi pour rédiger la chronique de son règne et pour éduquer son fils était-il devenu fou ?
    À l’instar des meilleurs cavaliers du royaume, Guillaume bondit de sa monture avant même qu’elle ne se soit arrêtée, mais roula plusieurs fois sur lui-même en touchant la terre, se meurtrissant vivement le dos, les jambes et les épaules.
    — Je n’ai plus l’âge pour ces bêtises, murmura-t-il par-devers lui, tout contusionné.
    Le roi l’aida à se relever, et lui demanda :
    — Mais que

Weitere Kostenlose Bücher