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Morgennes

Morgennes

Titel: Morgennes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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gardés par des géants. Dans le demi-jour, Guillaume aperçut cinq soldats hauts de plusieurs toises et vêtus d’antiques armures. Leurs mains gantées de fer étaient refermées sur d’énormes massues, et leurs boucliers décorés d’une hydre.
    — C’est le signe ! fit l’empereur. Le signe que le Déluge a bien eu lieu et que d’autres temps ont existé, avant le nôtre. Le signe que la Bible dit vrai. Du moins dans sa première partie…
    — Seraient-ce, hasarda Guillaume, des Nephilim ?
    — Absolument. Vous voyez leur massue ?
    — Oui.
    Manuel se tourna vers son secrétaire, qui poursuivit pour lui :
    — Elles sont en bois de gopher, qui est le bois dans lequel a été construite l’Arche de Noé.
    — Sont-ils vivants ?
    — Non, rassurez-vous, continua l’empereur. Ils sont morts depuis des temps immémoriaux. Vous n’en voyez ici que la coquille, mais l’intérieur est vide. Leurs os, cependant, nous attendent dans la salle suivante. Mes artisans ont réussi l’exploit de les rassembler, ce qui permet d’avoir une idée de leur physionomie…
    — Puis-je demander à Sa Majesté où elle les a trouvés ?
    — Mais où, sinon à Thèbes, la ville natale d’Hercule !
    Guillaume s’approcha d’une armure, se dressa sur la pointe des pieds et la toucha juste en dessous du genou. Le métal était froid, en parfait état. Les nuages s’y reflétaient dans des reflets bleutés.
    — Par la Vierge Marie ! Cela me fait penser à une autre légende…
    — Ne pensez point, dit Manuel. Venez !
    La salle suivante offrait un puissant contraste avec celle qu’ils venaient de quitter. Car autant celle-ci était haute de plafond, autant celle-là avait le plafond bas. Au point que Guillaume (qui pour un Franc était grand), Coloman et les gardes de Manuel Comnène devaient se baisser pour avancer. S’il n’y avait pas eu çà et là quelques torchères insérées dans les parois pour dispenser une maigre lumière, on aurait pu se croire dans un tombeau.
    Et Guillaume s’aperçut que c’était le cas.
    Sur de vastes tables de pierre disposées en cercle, les squelettes des géants de la pièce voisine reposaient, dans un silence sépulcral. Leurs crânes, aux os épais, touchaient presque la voûte de la salle – et fournissaient aux nombreuses araignées nichées là un lieu idéal où tisser leurs toiles.
    — Pourquoi cette salle est-elle si basse de plafond ? demanda Guillaume.
    — Imaginez qu’ils se relèvent, dit Manuel. Au moins, ils resteront bloqués. Avec ce genre de prodige, je préfère ne courir aucun risque.
    Sage décision, en vérité. Mais qui pourtant ne rassura pas totalement Guillaume. Ces Nephilim avaient des mains de la taille de son corps, et il voyait mal comment il pourrait ne pas succomber à leur étreinte, si par malheur l’un d’eux s’emparait de lui. Ces géants étaient peut-être bloqués dans une position allongée, cela ne changeait rien au fait qu’ils étaient impressionnants. Et redoutables.
    — Parlez-moi, dit Manuel, de cette légende à laquelle vous faisiez allusion…
    — Il s’agit justement de celle de la naissance de Thèbes. On raconte que c’est un certain Cadmos qui fonda cette ville, après avoir tué un dragon. Il reçut de la déesse Athéna l’ordre de planter dans la terre les dents de ce dragon, et des géants poussèrent à l’endroit même où Cadmos les avait jetées, et s’entre-tuèrent…
    — Tous à l’exception de cinq d’entre eux, qui aidèrent Cadmos à bâtir sa ville, ajouta Manuel. Je connaissais cette légende, qui doit bien avoir un fond de vérité puisque ces cinq géants, les voici. Mais ce n’est pas tout…
    Et il guida Guillaume vers le centre de la pièce, en un point situé au cœur du cercle formé par les cinq géants. Là, sur une stèle de pierre se trouvait un coffret de verre serti d’or, avec en son milieu une dent gigantesque.
    — Qu’est-ce que c’est ? demanda Guillaume.
    — Vous ne devinez pas ?
    — Non. Une dent de…
    — Oui. Une dent de dragon.
    — Et si nous la jetions par terre, un géant surgirait ?
    — Qui sait ? Je n’ai pas envie d’essayer. Mais je pense que oui. Alors autant ne pas y toucher. Suivez-moi, la visite continue.
    « Pour quelles raisons, se demanda Guillaume, me montrer tout cela ? Où veut-il en venir ? Qu’attend-il de moi ? S’il veut m’impressionner, en tout cas c’est réussi. Nous ne possédons pas, en

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