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Morgennes

Morgennes

Titel: Morgennes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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sol. Elle lui servirait de repère, au cas où il reviendrait sur ses pas. Ensuite, il choisit d’aller à gauche, à gauche, et encore à gauche. Il verrait bien s’il se heurtait à un cul-de-sac ou continuait de tourner en rond. Curieusement, il n’avait plus peur. Mieux, il se sentait innocent.
    — Bien sûr, que je vais m’en sortir… Puisque je n’ai rien fait !
    Ce n’était d’ailleurs pas tout à fait faux, puisqu’il n’était pour rien dans la dernière lettre reçue par l’empereur. « Oui, oui. Je vais m’en sortir. Mais après ? Eh bien, je crois que je me jetterai aux pieds de l’empereur et que… Avouerai-je ? »
    Guillaume marcha un certain temps, revint sur ses pas, choisit une autre route, prit à gauche, encore à gauche puis à droite… Et se retrouva de nouveau à son point de départ. Il changea une troisième fois de chemin, puis encore une fois, puis une cinquième fois. En vain.
    — Voyons, il faut bien que la sortie soit quelque part…
    Mais non. Il avait déjà épuisé tous les doigts de son squelette, et s’apprêtait à lui sectionner l’autre main, lorsqu’il entendit derrière lui une série de cliquètements puis un grincement de gonds. Serrant son bâton sur sa poitrine, Guillaume se retourna et vit s’ouvrir la porte par laquelle il était entré. L’empereur était là, et le dévisageait, l’air satisfait.

30.
    « Mais il était fatal que celui qui a traversé le pont sentît enfin la force abandonner ses mains. »
    ( CHRÉTIEN DE TROYES ,
Lancelot ou le Chevalier à la Charrette. )
    C’était un long et large corridor, aux murs ornés de bas-reliefs en forme de dragons. Six magnifiques gongs d’or, placés de part et d’autre du couloir à intervalles réguliers, attendaient d’être frappés à l’aide d’un marteau suspendu devant chacun d’eux par une chaîne accrochée au plafond. Au bout du corridor, une lourde porte à double battant devait garder l’accès à quelque important trésor, car une tête humaine y était insérée, juste au milieu. Les lèvres closes, les yeux fermés, la tête avait tout du sage en train de méditer. Et l’on aurait pu croire qu’elle était vivante si son aspect n’avait été de pierre.
    — Une autre épreuve ? demandai-je à Morgennes.
    — Possible.
    Considérant les gongs, je m’interrogeai : « Y a-t-il un ordre dans lequel les frapper ? Ou bien ne faut-il en frapper qu’un ? Ou deux ? Et en cas d’erreur, quelles conséquences ? Une trappe s’ouvrira-t-elle au-dessus de nous pour déverser une mer de feu ? Non, probablement pas… Car il n’y a ici nulle trace de brûlé. Alors peut-être au-dessous de nous, pour nous précipiter dans les Abysses ? »
    Curieusement, la ligne du jour s’arrêtait exactement au pied des deux premiers gongs. Était-ce voulu ? Cela avait-il un sens ? Le plus étrange, c’était que si les bas-reliefs en forme de dragons et les motifs en or étaient resplendissants, les gongs, eux, restaient dans l’obscurité. Comme si la lumière n’avait pas de prise sur eux…
    Je m’approchai d’un des marteaux placés devant les gongs pour lire ce qui y était inscrit, lorsqu’un bruit attira mon attention. C’était Morgennes. Il venait de toquer à la porte de pierre, le plus normalement du monde – comme s’il avait frappé à la maison de son voisin. Pour un peu, je n’aurais pas été étonné de l’entendre demander : « Il y a quelqu’un ? »
    — Qu’est-ce que tu fais ?
    — Oh rien, répondit Morgennes. C’était juste une idée.
    — À propos d’idée, tu n’as pas trouvé curieux que le Chinois connaisse Shyam ?
    — Shyam n’était pas chinoise, me rappela Morgennes. Elle parlait chinois. Mais son teint cuivré, ses longs cheveux noirs, sa profonde connaissance des épices, son goût pour les éléphants, le Kama Sutra et bien d’autres choses encore, me permettent de penser qu’elle était originaire d’Inde.
    — Comme le prêtre Jean…
    — De plus en plus étrange. Je ne m’attendais vraiment pas à entendre parler de Shyam dans un tel endroit. Par moments, j’ai l’impression de me trouver dans l’un de ces contes d’aventures, dont tu es si friand…
    Mais je ne l’écoutais déjà plus. J’avais pris l’un des marteaux situés le plus près du flanc de la montagne pour essayer de déchiffrer l’inscription gravée sur son manche. En vérité, il y en avait quatre – en latin, en grec, en

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