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Mort à Devil's Acre

Mort à Devil's Acre

Titel: Mort à Devil's Acre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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d’un souteneur nommé
Max ? Pas de mensonges, sinon je vous arrête pour recel d’information
relative à un homicide, et là, pour vous, c’est la corde, je vous préviens. Une
sale affaire.
    — Oh ! Vous parlez du pauvre gars qui s’est fait…
    Sous la crasse de son visage, Squeaker pâlit.
    — Alors ? le pressa Pitt. Que savez-vous sur lui ?
    — Je sais pas qui l’a tué, je l’jure, Mr. Pitt. Un fou
furieux ! Qui ferait une chose pareille ? Ça se conçoit pas, des
choses comme ça.
    — Bon, vous ignorez le nom de l’assassin, concéda Pitt
avec un sourire tolérant. Sans cela, vous nous auriez prévenus, bien entendu…
    — Bien entendu, renchérit Squeaker, en détournant les
yeux d’un air anxieux.
    Il se doutait bien que le policier se moquait de lui, mais
il n’avait pas envie de s’en assurer.
    — Je le jure, ajouta-t-il pour faire bonne mesure.
    — Et Max ? reprit Pitt. À quoi ressemblait-il ?
    — Connaissait bien son métier. Il était doué, ça oui, on
peut pas dire le contraire, admit Squeaker en rechignant.
    Le métier de proxénète était certainement plus lucratif que
celui de petit faussaire, et sans aucun doute plus jouissif. Squeaker ne
voulait pas concéder trop de compliments ; après tout, Max n’aurait pas
fait un bon faussaire. Il n’était même pas sûr qu’il fût capable de rédiger une
lettre ! Bien écrire était un art, et Squeaker ne tenait pas à ce que son
métier fût dévalorisé.
    Au souvenir du visage lourd et sensuel, des yeux sombres de
Max Burton, Pitt ne douta pas un instant qu’il ait exercé sa profession avec
talent.
    — Oui, c’est ce que l’on m’a dit. Il tenait plusieurs
maisons closes, non ?
    Squeaker lui lança un coup d’œil prudent.
    — Vous savez ça aussi ?
    — Oui. Quel genre de clients recevait-il ?
    — Tout dépend de la maison… Si vous parlez de celle de
Partridge Lane, eh bien, n’importe qui peut y aller ; on y trouve des
filles de la rue. Mais celle de George Street, alors là, c’est différent. Là-bas,
les pensionnaires ont de la classe. J’ai même entendu dire que Max pouvait
procurer à des gentlemen fortunés des dames de la haute, comme qui dirait.
    Il eut un clin d’œil entendu et sourit de toutes ses dents
jaunies. L’idée l’amusait, manifestement, une manière de prendre sa revanche
sur la société des nantis dont il était exclu.
    Pitt haussa un sourcil intéressé. L’affaire s’annonçait
prometteuse…
    — Des dames de la bonne société, rien que ça ? reprit-il
d’un ton sceptique.
    — Croyez-moi si vous voulez, c’est la vérité vraie, jura
Squeaker, enhardi par le soudain intérêt du policier. Faudrait p’têt’ chercher
l’assassin de ce côté-là… La règle d’or par ici, c’est de jamais se mêler à la
haute. Ceux-là, ils aiment pas être reconnus et prennent ça très mal ; ils
peuvent devenir méchants. Vaut mieux s’en tenir à ce qu’on connaît, comme ça
vous risquez pas de tomber sur quelqu’un qui ignore les règles, qui vous r’garde
de haut et qui vous plante un couteau dans le bide. Mais ce qu’on a fait à Max,
Mr. Pitt, c’est pas correct. Vraiment dégoûtant. Je me demande ce que vous
attendez pour mettre de l’ordre dans le quartier. Bientôt ce sera plus vivable
par ici.
    Pitt se retint de sourire.
    — Dégoûtant, en effet, acquiesça-t-il. Mais un homme
jaloux peut être poussé à bout, si par exemple il s’aperçoit qu’on lui a pris
son épouse pour en faire une prostituée.
    Squeaker soupira. Il n’avait ni femme ni enfants, et parfois
il le regrettait. Il rêvait d’une bonne épouse, dont il n’aurait pas à payer la
tendresse, une femme qu’il finirait par apprivoiser, avec le temps, et des
enfants qui le traiteraient avec respect – tout homme devrait connaître ça, à
un moment de sa vie.
    — Vous avez raison, Mr. Pitt, dit-il avec lenteur.
« Jamais toucher à la femme d’un autre » : encore une règle qui
devrait être écrite en lettres d’or. Au fond, maquereau, c’est un métier risqué.
Avec les femmes, faut faire attention où on met les pieds ; et puis y a
des types de la haute qui ont des drôles de goûts, enfin, d’après ce qu’on dit.
Des fois, on entend des histoires pas croyables. Moi, au moins, avec mes
lettres, je sais où je vais. Les gens perdent pas la tête pour de la paperasse.
    Pitt ne chercha pas à discuter.
    — Donc cet établissement de luxe se trouve

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