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Mort à Devil's Acre

Mort à Devil's Acre

Titel: Mort à Devil's Acre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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qu’elle
pouvait tromper et ceux avec lesquels la chose était impossible.
    Elle laissa échapper un soupir et leur adressa un sourire
désarmant.
    — C’est un véritable soulagement de rencontrer quelqu’un
qui vous comprenne… Tant de gens vous parlent gentiment, mais ils ne pensent qu’au
chagrin bien naturel d’avoir perdu un ami.
    Mrs. Woolmer se mit à se tortiller sur son siège en croisant
nerveusement ses mains sur ses genoux. Le tour que prenait la conversation lui
déplaisait, mais elle ne trouvait aucun moyen de la dévier vers un sujet anodin,
sans se montrer discourtoise.
    Lady Ashworth acquiesça d’un léger signe de tête, reprenant
la pensée de May.
    — Tout à fait. On s’imagine connaître quelqu’un et puis,
voilà ce qui vous arrive… Mais que peut-on y faire ? Surtout si cette
personne vous a été présentée par des relations respectables. Mon mari et
moi-même avons été abasourdis par la nouvelle.
    Elle prit une profonde inspiration.
    — Bien sûr, je n’ai pas l’honneur de connaître Sir Beau…
    May ne se laissa pas piéger aussi facilement.
    — Un homme très plaisant, répliqua-t-elle d’une voix
neutre.
    Elle chassa de son esprit le visage rieur et la voix douce
de Beau, le souvenir de salles de bal illuminées, où le jeune homme l’emportait
dans ses bras en des danses endiablées.
    — Et Sir Bertram s’est toujours comporté de façon très
correcte à mon égard, conclut-elle sur le même ton.
    — Bien entendu, renchérit Mrs. Woolmer, un peu trop
vite.
    Lady Ashworth flatta délicatement les plis de sa robe.
    — J’en suis persuadée. Pardonnez ma franchise, ma chère,
mais il est connu que certains hommes agissent sans réfléchir lorsqu’ils
tombent amoureux. On a même vu des frères arriver à se haïr pour l’amour d’une
belle.
    Mrs. Woolmer porta la main à sa bouche pour étouffer une
exclamation qui eût été déplacée.
    May se sentit vraiment mal à l’aise. Bien sûr, elle avait
conscience d’avoir été désirée par beaucoup d’hommes. Le but de la saison n’était-il
pas le mariage ? Mais, jusqu’à présent, elle pensait que les sentiments n’entraient
pas en ligne de compte et qu’il s’agissait seulement là d’un délicieux jeu de
société dont les gagnantes se retiraient pourvues d’un bon mari et assurées de
leur avenir social et financier. Les perdantes, elles, battaient en retraite en
songeant déjà à changer de tactique pour la saison suivante. May connaissait
ses points forts et ses faiblesses. Elle avait bien l’intention de gagner sur
tous les tableaux et trouvait donc naturel d’être enviée, voire jalousée… mais
pas haïe ! En tout cas, elle ne pensait pas susciter le genre de passion
qui puisse conduire l’un de ses soupirants au meurtre !
    — Vous me flattez, Lady Ashworth, avança-t-elle, prudente.
Je crois n’avoir jamais donné à quiconque des raisons d’éprouver des sentiments
aussi excessifs.
    Elle se dit que la seule façon de détourner la curiosité de
sa visiteuse était d’aborder un sujet encore plus choquant.
    — Je suis loin de posséder la pratique amoureuse de
certaines femmes, reprit-elle avec un petit sourire crispé. Devrais-je dire « l’expérience » ?
Je déteste les commérages, mais la rumeur est si persistante qu’elle ne peut
être entièrement fausse. Voilà : j’ai entendu dire que certaines dames de
la bonne société se comportent comme… des femmes publiques. Il est certain qu’elles
possèdent l’art d’attiser les terribles passions que vous venez d’évoquer.
    Comme elle l’avait prévu, la phrase fit l’effet d’une bombe.
Sa mère faillit s’étrangler d’horreur.
    — C’est grotesque ! Tu ne peux être au courant de choses
pareilles ! Des femmes publiques ! Ma fille, je te prierai de tenir
ta langue.
    Lady Ashworth releva la tête, les yeux écarquillés. Mais
curieusement, ce fut Mrs. Pitt qui vint à la rescousse de May.
    — C’est très affligeant, en effet, dit-elle à voix
basse, presque sur le ton de la confidence. Mais j’ai également entendu parler
de ces choses, de source sûre. Je me demande où il est possible désormais de
rencontrer des dames respectables. Vous avez dû vous poser la même question, je
suppose. Je me sentirais coupable de soupçonner des personnes certainement
aussi innocentes que l’enfant qui vient de naître ; et pourtant je serais
consternée de me retrouver, par naïveté et

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