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Mort à Devil's Acre

Mort à Devil's Acre

Titel: Mort à Devil's Acre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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excès de crédulité, en compagnie de
personnes si peu recommandables que ma réputation en soit entachée – ou pis
encore !
    Lady Ashworth semblait sous le coup d’une vive émotion. Elle
fut prise d’une quinte de toux et plongea son visage dans son mouchoir, les
épaules secouées de tremblements. Elle avait rougi jusqu’à la racine des
cheveux. Fort heureusement, la bonne revint à ce moment avec le thé et les
gâteaux, ce qui lui permit de se ressaisir. Son visage était encore en feu, mais
elle avait recouvré son sang-froid.
    Mrs. Pitt avait raison. On ne pouvait se permettre d’être
aperçue en compagnie de créatures suspectées d’un tel comportement. May se
creusa la tête pour trouver parmi ses relations des femmes susceptibles de se
livrer à une telle débauche. Les noms de quelques-unes lui vinrent à l’esprit
et elle se jura de les éviter, à l’avenir, chaque fois que cela lui serait
possible. Devait-elle, par amitié, mettre en garde Mrs. Pitt contre certaines d’entre
elles ?
    — Connaissez-vous Lavinia Hawkesley ? demanda-t-elle.
    Lady Ashworth ouvrit de grands yeux. Il était superflu de
donner davantage d’explications. May se fit un plaisir de mentionner deux ou
trois autres noms, puis détourna la conversation sur la mode et les idylles qui
se nouaient dans la bonne société, le tout pimenté d’un parfum de scandale. Elles
bavardèrent ainsi agréablement pendant une demi-heure. Mrs. Woolmer chercha à
savoir si leurs visiteuses connaissaient dans leur entourage des jeunes gens
pouvant représenter un bon parti pour sa fille, mais sans succès.
    À seize heures, la bonne entra pour annoncer la venue de Mr.
Alan Ross, désireux de présenter ses condoléances au nom de toute sa famille.
    Lady Ashworth se leva précipitamment et prit Mrs. Pitt par
la main.
    — Charlotte, je crois que nous ne devrions pas
importuner nos amies plus longtemps. Ma chère, nous nous sommes tellement plu
en votre compagnie, ajouta-t-elle en se tournant vers May, que nous en avons
oublié les bonnes manières. Avec votre permission, nous aimerions partir avant
que vous ne receviez Mr. Ross. Nous ne voudrions surtout pas qu’il croie que
nous cherchons à l’éviter.
    — Oui… naturellement, fit Mrs. Woolmer, un peu étonnée.
Si tel est votre désir… Marigold, faites patienter Mr. Ross au petit salon, s’il
vous plaît.
    La bonne s’inclina et sortit de la pièce. Lady Ashworth se
pencha vers May et lui chuchota à l’oreille :
    — Ma sœur et moi avons connu Mr. Ross autrefois, dans
des moments pénibles dont le souvenir risquerait d’être douloureux pour lui. Auriez-vous
l’extrême gentillesse de ne pas mentionner nos noms devant lui ? Je suis
sûre que vous me comprenez…
    May n’avait pas vraiment saisi son propos, mais l’allusion
lui suffisait.
    — Bien entendu. Vous êtes simplement deux amies venues
nous présenter leurs condoléances. J’ai beaucoup apprécié votre délicatesse, Lady
Ashworth ; j’espère que nous aurons l’occasion de nous revoir dans des
circonstances moins dramatiques…
    — J’en suis certaine, affirma celle-ci avec un très
léger signe d’acquiescement.
    May comprit que son souhait avait été entendu ; c’était
tout ce qu’elle désirait.
     
    Une fois dans la rue, Charlotte se tourna vers sa sœur.
    — As-tu perdu la tête ? Il nous aurait été très
utile de rencontrer Alan Ross ! Max pouvait utiliser d’anciennes
connaissances pour recruter ces femmes !
    — Je le sais ! s’exclama Emily. Mais je ne tenais
pas à le voir dans cette maison. Il n’en aura pas pour longtemps. Nous pouvons
l’attendre.
    — Voyons, il gèle ! Pourquoi rester ici ? Il
se doutera que nous lui forçons la main, si nous l’attendons devant la porte.
    — Oh, vraiment, quelle bécasse tu fais !
    Emily adressa un signe à son cocher.
    — William ! Trouvez un problème quelconque à l’un
des chevaux et faites semblant de le soigner jusqu’à ce que Mr. Ross sorte de
la maison.
    — Bien, madame, fit le cocher, obéissant.
    Il se baissa pour passer la main sur le paturon d’un cheval
et feignit de l’examiner avec soin.
    Charlotte frissonna ; le vent glacial traversait l’épaisseur
de son manteau.
    — Je ne comprends toujours pas pourquoi nous ne sommes
pas restées, bougonna-t-elle, en lançant un regard furieux à sa sœur.
    Emily ignora la remarque.
    — J’ai toujours pensé que le général Balantyne

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