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Mort à Devil's Acre

Mort à Devil's Acre

Titel: Mort à Devil's Acre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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à comprendre
sa belle-sœur. Il l’aimait bien, tout simplement et, pour être honnête, il lui
arrivait même d’apprécier Pitt !
    Il décida donc de se montrer attentif et galant avec leur
hôtesse, ce qui, sans grand effort de sa part, eut un effet totalement
dévastateur. Lord Ashworth était un bel homme – il avait de très beaux yeux – auquel
une longue ascendance de privilèges et d’argent avait conféré une assurance
naturelle. Flatter Christina Ross ne présentait pour lui aucune difficulté ;
il lui suffisait de la regarder d’un air admiratif en lui accordant toute son
attention.
    Leur temps était compté ; Emily l’employa à bon escient,
en entrant tout de suite dans le vif du sujet.
    — Quel plaisir de vous revoir, dit-elle à Alan Ross en
souriant. George a été en-chan-té de l’invitation ! Nous passons un temps
fou avec des gens si peu intéressants ! D’ailleurs, j’avoue être moins
habile à juger autrui que je ne l’imaginais. Par naïveté sans doute, je me suis
retrouvée en compagnie de personnes que je n’aurais pas choisies si j’avais eu
deux sous de jugeote. Mais bien souvent, on n’est pas averti à temps… Même
maintenant, il m’arrive de ne pas toujours comprendre certaines choses…
    Elle baissa la voix, comme si elle s’apprêtait à faire une
confidence.
    — Tenez… J’ai entendu dire que des dames de la bonne
société se comportent de façon… inexprimable !
    — Vraiment ?
    Une ombre passa sur le visage d’Alan Ross, si rapide que
Charlotte se demanda si elle n’avait pas rêvé, mais elle lui laissa une pénible
impression de malaise. La maladresse de sa sœur avait-elle réveillé en lui de
douloureux souvenirs ? Le meurtre de Callander Square ?
    — Emily, intervint-elle, il n’est peut-être pas
opportun d’aborder un tel sujet.
    Sa sœur fixa sur elle de grands yeux bleus étonnés, avant de
se tourner vers Alan Ross.
    — J’espère ne pas vous avoir blessé en exprimant trop
franchement mon opinion ?
    Elle paraissait sincèrement touchée, alors que, sous les
amples plis de sa robe, elle décochait un méchant coup de talon à Charlotte. Malgré
la douleur, celle-ci fut bien obligée de faire bonne figure.
    Alan Ross eut un léger geste de la main, comme pour
signifier le peu d’importance qu’il attachait à la question.
    — Bien sûr que non ! Je suis d’accord avec vous. Il
n’y a qu’une chose plus ennuyeuse et plus déplaisante que la débauche, c’est d’en
entendre parler interminablement, et par personne interposée.
    Il ponctua sa phrase d’un léger sourire et Charlotte ne put
que deviner les pensées qui lui avaient soufflé cette remarque.
    — Vous avez tout à fait raison ! renchérit Emily, en
envoyant à sa sœur un deuxième coup de pied, précisément là où elle l’avait
atteinte la première fois. Je trouve très embarrassant que des femmes parlent
de cela. Je ne sais jamais que répondre.
    Charlotte déplaça discrètement ses pieds hors de portée de
celui d’Emily.
    — Le problème trouble ma sœur au point de l’empêcher de
trouver une réponse, ironisa-t-elle. Vous conviendrez que c’est là un résultat
tout à fait remarquable !
    Le talon d’Emily chercha encore à atteindre sa cheville, mais
ne rencontra cette fois que les plis du bas de sa robe. Du coin de l’œil, elle
lui lança un regard menaçant. Charlotte adressa à Alan Ross un sourire
éblouissant.
    À cet instant, la porte s’ouvrit et le valet introduisit le
général Balantyne et Lady Augusta. George et Alan se levèrent, tandis que les
femmes restaient assises. Balantyne dévisagea Charlotte avec une telle
intensité qu’elle sentit le rouge lui monter aux joues. Elle regrettait
amèrement que sa sœur l’ait présentée sous son nom de jeune fille.
    Bravant les convenances, qui exigeaient que les femmes
attendent que les hommes se soient présentés, Christina se leva et s’avança
vers ses parents, les bras tendus dans un geste théâtral, mais s’arrêta avant d’embrasser
son père.
    — Papa, comme je suis contente de vous voir !
    Elle se détourna pour tendre une joue indifférente à sa mère,
puis se livra aux présentations d’usage.
    — Maman, vous connaissez Lord Ashworth, bien entendu…
    George s’inclina devant Lady Augusta.
    — … et Lady Ashworth… ajouta Christina, nettement moins
aimable.
    Emily s’était levée, comme il convient à une jeune femme en
présence d’une dame

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