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Mort à Devil's Acre

Mort à Devil's Acre

Titel: Mort à Devil's Acre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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yeux, avec une petite grimace.
    — Oh, je suis désolée, Miss Ellison ! Bien sûr, vous
ne pouvez pas connaître Miss Fairgood, ni le petit-fils du duc ; c’est
vraiment stupide de ma part. Vous devez vous sentir exclue de la conversation. Pardonnez-moi.
    Elle n’aurait rien pu dire de mieux pour souligner le
sentiment qu’éprouvait Charlotte. Elle qui, jusqu’à présent, ne s’était pas
souciée de cet échange de propos mortellement ennuyeux se sentit rougir jusqu’aux
oreilles. Elle décida de ne pas répondre, de peur de se montrer trop cinglante
et d’accorder ainsi une seconde victoire à leur hôtesse.
    — Je n’ai pas l’heur de connaître cette Miss Fairgood, moi
non plus, fit le général en prenant son verre. Et je ne m’en porte pas plus mal.
Peu m’importe de savoir qui va épouser le petit-fils du duc. Savez-vous, ajouta-t-il
en se tournant ostensiblement vers Charlotte, que j’ai reçu dernièrement un
véritable trésor : des lettres d’un soldat ayant servi pendant la guerre d’Espagne [4] . Je
pense que vous les trouveriez extrêmement intéressantes, et très encourageantes.
On se rend compte à quel point, en quelques dizaines d’années, les soins aux
blessés ont fait des progrès sensibles. Je me souviens que vous admiriez
beaucoup le travail accompli par Miss Florence Nightingale durant la guerre de
Crimée [5] .
    — Des lettres ? s’exclama Charlotte. Elles doivent
être bien plus passionnantes à lire qu’un livre d’histoire.
    Oubliant le but de leur visite, elle se pencha en avant, vivement
intéressée.
    — J’aimerais tant les voir. Ce serait comme… comme
tenir un petit bout du passé entre mes mains. Jusqu’à présent, je me suis
contentée des commentaires des historiens. Que savez-vous de ce soldat ?
    Balantyne reposa son verre. Ses traits graves s’adoucirent
et il se départit légèrement de sa réserve. Il ne prit pas la peine de lui dire
qu’elle pourrait avoir accès à ces lettres ; cela allait de soi.
    — Un être d’une grande intelligence, commença-t-il d’une
voix vibrante. Un simple soldat, semble-t-il, pas un officier, mais il savait
fort bien lire et écrire. Ses observations démontrent une grande sensibilité et
une compassion que je trouve très émouvantes.
    Augusta lui lança un regard désapprobateur.
    — C’est une conversation bien peu édifiante, au cours d’un
dîner. Ne pourriez-vous parler d’autre chose ? Nous n’avons aucune envie d’entendre
raconter les souffrances d’un pauvre diable pendant je ne sais quelle guerre.
    — La guerre d’Espagne, précisa Balantyne.
    Sa femme fit semblant de ne pas l’avoir entendu.
    — À mon avis, elles sont tout aussi intéressantes que
les aspirations matrimoniales de Miss Fairgood, intervint sèchement Alan Ross.
    — Et pour qui, d’après vous, le seraient-elles ? le
rembarra Christina, acerbe.
    — Pour moi, pour votre père et, à moins qu’elle ne se
montre plus courtoise que les autres, pour Miss Ellison.
    Charlotte surprit son regard et baissa les yeux vers son
assiette.
    — Je ne prétends pas à une telle délicatesse, Mr. Ross,
répondit-elle avec modestie. Je suis sincèrement intéressée par le sujet.
    — Comme c’est étrange… murmura Christina. Lady Ashworth,
vous disiez que vous avez récemment rencontré Lavinia Hawkesley ? Ne la
trouvez-vous pas très amusante ? Je me demande seulement si elle le fait
exprès.
    — À mon avis, cette pauvre Lavinia s’ennuie à mourir, répondit
Emily en lançant à Charlotte un regard furibond. Et je ne peux l’en blâmer. Sir
James est un homme assommant. Il doit avoir trente ans de plus qu’elle, au bas
mot.
    — Et d’une santé florissante, renchérit Christina. Bien
que, pour dire les choses crûment, il lui reste une dizaine d’années à vivre.
    Emily roula vers le ciel des yeux effarés.
    — Mon Dieu ! Mais que va-t-elle devenir durant ces
dix ans ?
    Un léger sourire effleura les lèvres de Christina.
    — Lavinia n’est pas dénuée d’imagination…
    — C’est bien son malheur ! la coupa Augusta. Il
vaudrait mieux qu’elle en soit privée ! Je ne sais pas ce que tu vas
imaginer, ma fille, mais tu ferais mieux de te taire, par décence. N’anticipons
pas les mauvaises actions d’autrui.
    Christina prit une profonde inspiration. C’était bien ce qu’elle
mourait d’envie de faire, mais, curieusement, elle ne chercha pas à discuter. Charlotte
crut voir ses

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