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Mort à Devil's Acre

Mort à Devil's Acre

Titel: Mort à Devil's Acre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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plus âgée, quand toutes deux sont également titrées. De
nouveau, on fit les présentations. Puis Christina se tourna enfin vers
Charlotte, qui se leva à son tour.
    — Vous vous souvenez peut-être de Miss Ellison, qui
avait eu la gentillesse de venir aider papa à ranger ses papiers, il y a
quelques années ?
    De toute évidence, Lady Augusta n’avait aucune envie de se
souvenir de tout ce qui lui rappelait de près ou de loin ces pénibles moments.
    — En effet. Bonsoir, Miss Ellison.
    Dans sa voix perçait l’étonnement de voir cette dernière
invitée à la table de sa fille.
    — Bonsoir, Lady Augusta.
    Soudain le sentiment de culpabilité de Charlotte s’évanouit ;
elle rendit à Lady Balantyne le regard glacial que celle-ci n’aurait pas manqué
de darder sur une débutante qui n’aurait pas su tenir son rang.
    — Bonsoir, Miss Ellison, fit Balantyne, dont les
pommettes anguleuses avaient légèrement rosi. Comme je suis heureux de vous
revoir.
    Il faillit s’étrangler et se mit à tousser.
    — Je… je pensais justement à vous l’autre jour… Je veux
dire… un incident m’a fait penser à vous…
    — Je ne vous ai pas oublié non plus, fit Charlotte, désireuse
de venir à son secours.
    Elle ne mentait pas, d’ailleurs ; chaque fois qu’elle
lisait un article relatif à un événement militaire, elle ne manquait pas de penser
à lui.
    Christina haussa un sourcil stupéfait.
    — Grand Dieu ! Je n’aurais jamais cru que nous
étions si présents dans votre esprit, Miss Ellison ! À moins que vous ne
parliez que de papa ?
    C’en était trop. Charlotte décida de se venger.
    — Les circonstances peu banales de notre rencontre sont
difficiles à oublier, Mrs. Ross, dit-elle en soutenant son regard sans ciller.
    Elle vit celle-ci pâlir au souvenir des meurtres de
Callander Square.
    — J’ai appris à admirer votre père, en lisant ses
Mémoires. Je suis certaine que, le connaissant bien mieux que moi, vous devez
partager la même admiration pour lui.
    Le visage de Christina se crispa.
    — Naturellement. Mais il s’agit de mon père. C’est tout
à fait différent, Miss Ellison.
    Balantyne rougit un peu plus, mais ne trouva rien à dire.
    — Vous ne lisez jamais les Mémoires de votre père, ma
chère, intervint Alan Ross, volant à leur secours. L’affection filiale n’a rien
de commun avec le respect objectif qu’une personne étrangère à la famille peut
avoir pour les travaux du général.
    Le sang reflua du visage de Balantyne, qui se détourna
vivement.
    — Bien sûr, dit-il assez sèchement. J’ose croire que tu
n’avais pas l’intention d’être aussi blessante que tes propos le laissaient
supposer, Christina. Miss Ellison se montrait simplement polie.
    Sans regarder Charlotte, il se lança dans une grande
discussion avec George, tandis qu’Emily se tournait vers Christina, laissant à
sa sœur le soin d’engager la conversation avec Alan Ross et Lady Augusta. Aussi
ne fut-elle pas peu soulagée d’entendre annoncer le dîner.
    La table était richement dressée. Charlotte remarqua que sa
sœur l’examinait discrètement pour en évaluer le prix. Elle savait reconnaître
avec précision la qualité d’un service de verres en cristal, de l’argenterie, des
nappes de lin et apprécier une cuisinière à sa juste valeur. Charlotte surprit
son regard quelques secondes après qu’elles se furent mises à table ; à
voir le front plissé d’Emily, elle comprit que selon ses calculs, Christina
Ross devait être terriblement dépensière.
    Pendant que l’on servait les entrées, la conversation prit
un tour banal, comme toujours au début d’un repas, lorsque chacun cherche à
calmer son appétit, tout en essayant de se montrer civilisé. Charlotte n’y prit
pas part ; ne connaissant pas les gens dont on parlait, elle n’aurait su
commenter les chances de mariage – heureux ou malheureux – qui pouvaient
exister entre telle et telle personne de la haute société.
    Son regard se dirigea involontairement vers le général
Balantyne, seule personne attablée ne participant pas à la conversation, soit
par ignorance, soit par manque d’intérêt. Elle se sentit un peu mal à l’aise de
constater qu’il ne la quittait pas des yeux, bien que Christina bavardât avec
animation.
    Un éclat de rire parcourut la tablée. Christina s’aperçut
que son trait d’esprit avait laissé deux convives de marbre. Elle regarda
Charlotte droit dans les

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