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Mort à Devil's Acre

Mort à Devil's Acre

Titel: Mort à Devil's Acre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Perry
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le sujet.
    Charlotte accepta le défi sans ciller.
    — Bien sûr, si l’on veut avoir quelque influence, il
est nécessaire d’être documenté.
    — Mais c’est répugnant, conclut Augusta, décidée à
clore le débat.
    — Cela va de soi ! s’exclama Alan Ross, refusant d’être
réduit au silence. Nous en parlions justement l’autre soir avec Brandy. Vous
souvenez-vous de mon beau-frère, Miss Ellison ? Si ceux d’entre nous qui
ont l’oreille de certains membres du Parlement ne se soucient pas du problème, qui
donc pourra travailler à cette réforme, je vous le demande ?
    — Je suis sûre que les gens d’Église sont mieux placés
que nous, affirma Augusta, d’un ton définitif. Ne pourrions-nous pas parler d’autre
chose ? Brandon, auriez-vous l’obligeance de me passer la moutarde ? Christina,
tu devrais dire deux mots à ta cuisinière. Cette sauce est insipide ! On
dirait de la ouate. Qu’en pensez-vous, Miss Ellison ?
    — Elle est douce, répondit Charlotte avec un léger
sourire. Mais je ne la trouve pas désagréable.
    — Étrange… murmura Augusta, je pensais que vous
préfériez les sauces piquantes !
     
    À la fin du repas, le majordome apporta le porto. Les femmes
se retirèrent dans le petit salon, laissant les hommes boire et fumer à leur
guise. C’était ce moment qu’attendait Charlotte. Elle avait parfaitement
conscience de l’animosité de Christina à son égard et de la réprobation de Lady
Augusta. Mais par-dessus tout, elle redoutait une intervention maladroite de sa
sœur, dont le seul but était d’obtenir les noms des amies de Christina les
moins fréquentables, pour découvrir si certaines d’entre elles avaient été
séduites par Max.
    Plût au ciel qu’Emily fasse preuve de subtilité, si tant est
que l’on puisse se montrer subtile sur un tel sujet.
    Cette dernière lui lança un regard qui en disait long, avant
de prendre place sur le canapé.
    — Vous savez, je suis tout à fait d’accord avec vous, dit-elle
à Christina, sur le ton de la conspiration. Je rêve d’occupations plus
émoustillantes que les éternelles visites où l’on se contente d’entretenir une
conversation polie et assommante avec des dames sur lesquelles on sait à peu
près tout. Quant aux bonnes œuvres… C’est une noble cause et j’admire celles
qui s’y consacrent. Mais personnellement, cela m’ennuie.
    — On vous demande seulement d’aller à la messe de temps
en temps et de vous occuper des familles de vos domestiques, lui fit remarquer
Augusta. Les œuvres de charité proprement dites sont réservées aux vieilles
demoiselles qui n’ont rien d’autre à faire. Cela les occupe et elles ont l’impression
de servir à quelque chose. Dieu sait qu’elles sont nombreuses ! On ne doit
pas usurper leur fonction.
    Toutes trois paraissaient avoir oublié que Charlotte était
censée se situer à leurs yeux dans la catégorie des « vieilles demoiselles ».
    — Il ne me déplairait pas d’aller me promener en
calèche dans Hyde Park, dit Emily, songeuse. On y fait parfois d’intéressantes
rencontres, paraît-il.
    — Je vois ce que vous voulez dire, répondit Christina. Croyez-moi,
il est des façons de s’amuser bien plus palpitantes qu’écrire des lettres ou
rencontrer des gens assommants. Il n’est pas incorrect, à condition d’être
accompagnée, de se rendre à…
    — Peignez-vous, Miss Ellison ? l’interrompit Augusta
d’une voix forte, ou jouez-vous du piano ? Vous chantez, peut-être ?
    — J’aime peindre, répondit Charlotte.
    — Ce doit être très agréable, fit Christina d’un ton
qui montrait le peu d’intérêt qu’elle accordait à ce genre de distraction.
    Une vieille fille passant ses journées assise un pinceau à
la main devant une feuille de papier à dessin était pour elle une vision
navrante ! Elle se tourna vers Emily.
    — J’ai décidé d’aller me promener dans l’allée
cavalière du Park, le matin, quand il fera beau et que je m’en sentirai d’humeur !
Je suis sûre qu’avec une bête fougueuse, cela doit être un vrai plaisir.
    — Avec une monture fougueuse, ma chère, on a vite fait
de se retrouver la tête la première dans la boue ! s’exclama Augusta. Souviens-toi
qu’une chute de cheval peut être dramatique !
    Christina pâlit. Elle regarda droit devant elle, mais se
garda de toute réflexion.
    Charlotte chercha quelque chose à dire pour meubler le
silence, mais une simple

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