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Mort d'une duchesse

Mort d'une duchesse

Titel: Mort d'une duchesse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elisabeth Eyre
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interrompus par un homme d’armes qui
frappa trois fois le sol avec l’extrémité de sa hallebarde. La musique se tut, à
l’exception d’une flûte qui poursuivit seule quelques mesures ; les rideaux
s’écartèrent sur un homme souriant de toutes ses dents et vêtu à la dernière
mode qui leva les bras et, après une brève révérence devant le duc, se mit à
tourner au milieu des tables en annonçant :
    — Nobles seigneurs, gentes dames ! Sur ordre de madame
la duchesse, dans la grande cour… un feu d’artifice ! Un spectacle
artistique sans précédent. On peut le voir également depuis la grande loggia. Une
chasse au cerf…
    On ne sut pas quelles autres merveilles avaient été prévues
car le duc se leva en tendant son bras à dame Cecilia. Le mari de celle-ci
parvint à. se lever, mais effectua une sortie plus remarquable par sa rapidité
que par sa grâce, puisqu’il fut habilement poussé vers une porte latérale par
quelques pages. Dame Violante suivit son père, escortée d’un cavalier qui se
penchait avec obséquiosité vers elle quand elle parlait.
    L e festaiuolo annonçait de nouvelles merveilles pendant
que l’assistance se pressait vers les portes, où des pages attendaient avec des
manteaux, car il allait faire froid sur la loggia. Certains convives restèrent
assis, et les serveurs continuaient à leur apporter plateaux de confiserie et
plats de sorbets pendant que les jongleries et la musique reprenaient.
    Sigismondo, peut-être conscient du souhait pressant de Benno,
se leva et accompagna une de ses voisines de table dehors, prenant en passant
un manteau muni d’une capuche. Lorsqu’il passa devant eux, les pages ignorèrent
Benno (qui serrait la colombe encore chaude sur sa poitrine), mais une fois
dehors un serviteur lui donna une couverture. Il trouva un banc à l’arrière de
la loggia, où trois valets de gentilshommes lui concédèrent la largeur d’une
main pour qu’il puisse se tenir debout. Une fois qu’il eut repéré son maître, adossé
à un pilier à l’autre bout, d’où il pouvait observer l’assistance à la lueur du
feu de joie, Benno se laissa absorber corps et âme par le divertissement.
    Il oublia tout pendant les instants qui suivirent. Il contempla
bouche bée les lumières tourbillonnantes, les silhouettes mouvantes, les
fontaines lumineuses, les explosions de couleurs, les étoiles qu’on voyait
éclore dans le ciel nocturne ; son haleine faisait un petit nuage de
vapeur devant son visage, mais il ne sentait pas le froid. Il redescendit sur
terre  – littéralement  – lorsqu’un homme bouscula le banc et lui fit
perdre son précaire équilibre. Il entendit demander : « Signor Sigismondo ? »
et joua des coudes pour fendre la foule à la suite du serviteur. Sigismondo
pencha la tête pour écouter le message, hocha la tête et se dirigea vers la porte
la plus proche. Benno se faufila à sa suite. Ils traversèrent une salle
encombrée de chevaliers parés d’armures fantaisistes en papier mâché et de
quelques personnages allégoriques aux têtes disproportionnées, l’un en forme de
crâne, l’autre vert avec des dents gris acier. Ébahi, Benno suivait Sigismondo
en s’efforçant de ne pas perdre de vue ses épaules. Les deux hommes sortirent
de la salle, gravirent un escalier en colimaçon, longèrent un couloir qui, à la
différence des salles publiques aux ornements abondants, était en pierre nue. Le
son de la musique et les détonations du feu d’artifice se firent distants, puis
enflèrent à nouveau lorsqu’ils débouchèrent au sommet d’un escalier.
    Sigismondo s’approcha d’une porte très ouvragée où un homme
d’armes curieusement pâle s’effaça après avoir ouvert l’un des panneaux
sculptés. Benno, empêché, soupira et attendit là où il était. Sigismondo entra.
    Il vit tout d’abord le duc, appuyé contre le mur près du rideau
masquant le pied d’un lit. Dans un miroir au cadre d’argent ouvragé, le reflet
de son profil avait les yeux fixes, la broche sur son chapeau scintillait. Sigismondo
contourna le rideau.
    La duchesse, en chemise, reposait sur le lit ; deux grosses
chandelles de cire éclairaient son corps étendu, sa main retombant avec
mollesse par-dessus le bord du lit, sa bouche ouverte sombre comme la tombe.

 
CHAPITRE V
« Elle ne l’avait plus »
    L’odeur qui dominait était celle du sang. Mais les senteurs
changeaient au gré des légers courants d’air

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