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Mort d'une duchesse

Mort d'une duchesse

Titel: Mort d'une duchesse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elisabeth Eyre
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silence, on entendit Benno qui promenait
les chevaux devant la hutte.
    — Alors, tu as vu quoi ?
    — J’ai vu sa main. Elle pendait au bord du lit, immobile,
et je me suis dit que Madame dormait. Je ne voulais pas perdre plus de temps, ses
suivantes pouvaient revenir à tout moment, n’importe qui pouvait entrer… alors
je suis sorti de ma cachette, et j’ai fait du bruit pour qu’elle se réveille.
    — Et elle ne s’est pas réveillée.
    Poggio tourna la tête vers sa mère, qui s’était approchée, le
tablier sérié entre les mains, et qui de toute évidence entendait ce récit pour
la première fois.
    — Elle était aussi morte que la femme de Noé, fit Poggio
à qui la tension donnait des trémolos dans la voix. À voir la façon dont elle
reposait, il était inutile de la toucher pour comprendre qu’elle était morte.
    — C’est pourtant ce que tu as fait.
    — Fait quoi ? dit Poggio en reposant son gobelet.
    — Tu l’as touchée. Quand tu as pris la bague.
    — Et alors ? fit Poggio en écartant les bras avec
exaspération. Que pouvais-je faire ? Elle m’aurait accordé une faveur si
je la lui avais demandée. Après tout, c’est elle qui m’avait fait renvoyer. Elle
avait une dette envers moi.
    — De deux mille ducats ?
    La mère de Poggio aspira de l’air entre ses dents, flanqua
du dos de la main une gifle sur l’oreille de son rejeton, récupéra le gobelet
et se servit de la cervoise.
    — Elle valait plus ! s’exclama Poggio d’un air
indigné en portant la main à son oreille. Ce vieux coquin de marchand…
    — Tu as commis une erreur avec cet orfèvre. Comme il a
cru que c’était ta maîtresse qui avait besoin d’argent et qu’elle n’était
plus en faveur à la cour, il s’est dit qu’il pouvait te proposer le prix qu’il
voulait.
    Poggio, qui se frottait toujours l’oreille, fronça les sourcils.
    — Qui a fait le Judas ? demanda-t-il alors. Qui
vous a lancé après moi ?
    Sigismondo se redressa et le considéra de toute sa hauteur, l’épée
toujours en main. Même la mère de Poggio eut un mouvement de recul qui la fit
marcher par mégarde sur une poule.
    — C’est moi qui pose les questions, Poggio. Où est l’argent ?
    À la vue de l’épée qui étincelait dans la pénombre, Poggio, observé
avec attention par sa mère, se mit à fouiller ses vêtements, à tâter son
pourpoint et à dénouer des lacets. Il finit par dérouler une longue bande de
lin ponctuée de nœuds, qu’il déposa aux pieds de Sigismondo, les petits paquets
de pièces produisant un son mat en heurtant le sol. Une poule s’approcha, croyant
trouver quelque chose à picorer. Quand il eut posé les pièces à terre, Poggio
souleva les pans de sa chemise pour montrer que c’était tout. Sigismondo se contenta
de secouer la tête.
    Comme Poggio hésitait, Sigismondo lui posa le tranchant de l’épée
sur la gorge. Le nain recula, pivota, se précipita vers le mur et, bondissant d’une
aspérité à l’autre, atteignit sa cachette dans laquelle il farfouilla, le
derrière et les jambes gigotant à l’extérieur, jusqu’à ce qu’il redescende avec
une petite sacoche en cuir.
    — C’est tout. Je le jure.
    — Garde tes serments pour le duc. Tu rentres à Rocca
avec moi.
    Poggio écarta à nouveau les bras.
    — Je vous ai tout dit. Je vous ai donné l’argent, en totalité !
Comptez-le !
    La mère de Poggio l’enlaça à nouveau en pleurnichant et en
se lamentant.
    — Ne l’envoyez pas à la mort ! Il vous a tout
avoué ! Vous avez l’argent !
    D’un léger mouvement de son épée, Sigismondo lui intima le
silence.
    — S’il avait tout dit… mais en l’espèce… fit-il avant de
chantonner un arpège plein de scepticisme.
    Dans ce fredonnement, l’un au moins de ses auditeurs perçut
les leviers bien huilés du chevalet. La mère de Poggio lâcha son fils et, s’emparant
du balai appuyé contre le mur, entreprit de le corriger. Poggio se fit tout petit,
le balai rencontra une poule qui, dans un battement d’ailes, alla se réfugier
sous les chevrons. Poggio bondissait en tous sens pour tenter d’éviter les
coups.
    Le cochon se mit à courir de-ci, de-là, les poules à s’envoler
en caquetant et la cheminée à refouler, et la mère de Poggio lui courait
toujours après en brandissant le balai.
    — Dis-lui, parle, espèce d’imbécile !
    Sigismondo attendait, debout près de la porte. Poggio
trébucha sur le cochon et sa mère

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