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Mort d'une duchesse

Mort d'une duchesse

Titel: Mort d'une duchesse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elisabeth Eyre
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de réfléchir, il aurait peut-être préféré une
mort immédiate sur place à une mort lente plus tard, mais une épée peut être un
objet fort éloquent quand elle est brandie par un homme tel que Sigismondo. Il
s’immobilisa. Sigismondo lui fit signe de retourner sur la botte de paille et, s’asseyant
en face de lui, leva le gobelet pour qu’on le remplisse. Une fois que cela fut
fait, il le tendit à Poggio.
    — Maintenant, tu vas répondre à mes questions. Dis-moi
la vérité, je saurai la reconnaître ; cela t’épargnera la torture.
    Il n’était guère surprenant que Poggio ne sache pas très
bien par où commencer alors qu’il était hanté par la perspective du gibet. Avouer
le vol de la bague de la duchesse était signer son arrêt de mort, laquelle lui
serait procurée sur un mode des plus tortueux. Poggio but la cervoise et garda
le silence.
    Le cochon trouva quelque chose dans un coin et le mangea, sans
discrétion.
    — As-tu vu la duchesse morte ?
    C’était une question brutale, posée brutalement. Poggio, surpris,
répondit presque malgré lui.
    — Tout d’abord, je n’ai pas compris qu’elle était morte.
J’ai cru qu’elle dormait.
    Le ton était chagrin : la duchesse lui avait fait du
tort, elle l’avait placé dans une position difficile.
    — Comment se fait-il que tu aies été là ?
    — Dans sa chambre ?
    — Dans le palais. Le duc t’en avait interdit l’entrée. Comment
es-tu entré ?
    Poggio ne put réprimer un sourire. Ses yeux se plissèrent et
son nez se retroussa encore plus. Il avait un visage fait pour les facéties.
    — Nous autres nains étions nombreux à la cour. Les grandes
personnes ne font pas la distinction entre nous.
    Je connais toutes les entrées du palais… Il y a une petite pièce
contiguë à la chambre de la duchesse…
    — Près de la tête du lit, avec une porte dérobée.
    Poggio acquiesça.
    — Je me suis caché là en attendant de pouvoir parler seul
avec Madame. Pour lui demander d’intercéder en ma faveur auprès du duc. Elle
avait bon cœur.
    Il se signa ; le bon cœur ne battait plus.
    — Je pensais devoir attendre jusqu’à la fin du banquet,
mais je venais à peine de m’assoupir quand j’ai entendu des voix qui se rapprochaient.
Quelle chance, me dis-je.
    La voix de Poggio avait un accent presque enjôleur, le ton
de l’innocence trahie.
    — J’ai pensé que la chance me souriait encore plus quand
j’ai entendu Madame congédier ses suivantes.
    Par bonheur, pas de dame Cecilia non plus : je l’évite
autant qu’il m’est possible. Je sortis donc de ma cachette et m’apprêtais à
pousser la porte dérobée et à me jeter à genoux, chose que je ne fais pas
facilement, quand j’ai entendu Madame se remettre à parler.
    — Tu as entendu ce qu’elle disait ?
    — Ça n’était qu’un marmonnement, deux voix se mêlaient.
Comme quand on parle entre amants. Car c’était bien un amant, vu le bruit qu’ils
ont fait ensuite. Ils ont drôlement chahuté le lit.
    Ses yeux se plissèrent presque jusqu’à disparaître, mais le
souvenir de sa maîtresse ou la gravité de son interlocuteur lui rendirent son
sérieux.
    — Oh, vous pouvez croire que je me suis tenu tranquille
 – j’étais coincé. Je ne pouvais espérer aucune faveur de sa part si elle
s’apercevait que je les avais observés.
    — Observés ?
    Le mot avait jailli avec véhémence, et Poggio en lâcha
presque son gobelet.
    — Écoutés ! Je voulais dire écoutés  ! Je
ne pouvais rien voir, je vous assure. La porte était entrebâillée, mais elle s’ouvre
dans le sens opposé au lit, comme Votre Honneur l’aura constaté.
    Sigismondo acquiesça d’un léger hochement de tête.
    — Ensuite ?
    — Il a dû partir. Je n’ai plus rien entendu une fois qu’ils
ont eu fini. Le feu d’artifice avait commencé. Je me suis dit qu’elle se
reposait, ce qui était compréhensible après ce petit interlude amoureux. Elle
devait sans doute être allongée sur son lit, un petit sourire aux lèvres, somnolente.
Tout à fait d’humeur à accorder une faveur au pauvre Poggio. Je poussai donc la
porte un peu plus et écartai la tapisserie pour m’assurer que je pouvais sortir
sans qu’elle sache d’où je venais, et c’est alors que je vis…
    Il se tut et contempla le fond de son gobelet comme s’il se
demandait où était passée la bière qui s’y trouvait. Sa mère le remplit
aussitôt. Pendant ce court instant de

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