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Mort d'une duchesse

Mort d'une duchesse

Titel: Mort d'une duchesse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elisabeth Eyre
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assommé. Qui
peut jurer qu’il est innocent ?
    — Mon frère, Sigismondo assure qu’on lui a fait boire
du vin drogué, dit le duc depuis la fenêtre.
    Paolo coula un nouveau regard pensif en direction de
Sigismondo.
    — Qui le lui a donné ?
    — Lui-même l’ignore, mon seigneur.
    Paolo émit un grognement incrédule et sourit.
    — Et vous le croyez ? S’il y avait quelque chose dans
son vin, et je ne doute pas que, pour avoir agi comme il l’a fait, il avait dû
boire sans retenue, c’était un aphrodisiaque. Pardonnez-moi, ma nièce, mais les
jeunes hommes font parfois de telles choses.
    Le duc considéra Sigismondo comme s’il attendait sa réponse.
    — Est-ce possible ? Êtes-vous certain de la nature
de la drogue ?
    Sigismondo s’inclina avec un vague geste de la main qui
aurait pu signifier n’importe quoi. Le duc choisit d’y voir un acquiescement. Il
gagna la table en quelques enjambées et, comme si ces dernières répliques la lui
avaient remise en mémoire, il vida sa coupe de vin et reprit la parole avec une
énergie renouvelée.
    — Justice sera faite. Le peuple verra qu’elle a été accomplie
et nous pourrons oublier cette affaire. Ne cherchez pas plus loin, Sigismondo. Je
vous relève de votre tâche.
    — Avec la permission de Votre Seigneurie : il
reste peut-être certaines choses à élucider.
    La voix grave était respectueuse, pourtant elle objectait, et
le duc hésitait lorsque Paolo reprit la parole :
    — Il reste toujours des choses à découvrir, tout comme
chaque famille a ses secrets et ses petites cachotteries. Ce que souhaite Sa
Seigneurie le duc, c’est que la paix revienne. Restituez votre mandat, comme le
désire Sa Seigneurie.
    Sigismondo retira l’anneau ducal et le rendit. Le duc le
passa à son doigt et tendit la main à Sigismondo pour qu’il le baise.
    — Vous serez récompensé. Nous parlerons plus tard.
    Il s’agissait là, de toute évidence, d’un congédiement. Sigismondo
se retira. Le regard perplexe de dame Violante le suivit. L’expression du
seigneur Paolo semblait indiquer qu’il trouvait son frère trop généreux envers
un homme dont les seuls services s’avéraient la restitution de son or à un
marchand, et la mort d’un nain ; à moins qu’y ajouter le cadavre d’une esclave
améliorât le total.
    Benno était en train de mâchouiller quelque chose d’un air
absent lorsque Sigismondo le trouva, appuyé contre un pilier à l’extérieur de
la salle du conseil.
    Deux gardes l’observaient du coin de l’œil, guère habitués à
voir des abrutis autres qu’officiels dans l’enceinte du palais. Benno fut
heureux de revoir son maître, qu’il examina de la tête aux pieds avec un air de
propriétaire. Tandis qu’ils s’éloignaient à travers couloirs et passages, il
remarqua :
    — Z’avez plus l’anneau, hein ? Le duc l’a repris ?
    Ça veut dire que maintenant on peut partir à la recherche de
dame Cosima, pas vrai ?

 
CHAPITRE X
« Les auspices sont excellents »
    L’odeur régnant dans la petite pièce discrète choisie par
Sigismondo lorsqu’il disposait du mandat du duc provenait, plus encore que des
effluves dégagés par Benno, de la colombe morte suspendue au plafond.
    Benno la présenta avec fierté à son maître et en écarta les
plumes pour vérifier l’état de la chair.
    — Elle est en train de se faire, mais il faut attendre
un jour ou deux. On l’emportera avec nous, elle pourra nous rendre service. Où
allons-nous ?
    Il fourra le volatile dans un sac et allait y mettre aussi
le manteau roulé de son maître lorsque celui-ci l’arrêta d’un geste pour
récupérer son vêtement.
    — Ah oui, vous en aurez besoin, pour sûr. J’aimerais
avoir quelque chose d’aussi épais.
    Sur le lit, une boule de fourrure blanche qui venait d’émerger
de sous une couverture de cheval récupérée par Benno s’ébroua, dressa l’oreille
en direction de Sigismondo et agita une queue pelucheuse.
    — Tu l’as lavé. Il était temps.
    — Bah, j’l’aurais pas fait s’il y avait pas eu ces puces.
L’en était couvert.
    Benno se tut et porta la main à sa bouche.
    — Oh, j’avais quelque chose à vous dire, mais je suppose
que vous êtes pressé de partir.
    Sigismondo jeta un regard circulaire à la pièce débarrassée
de leurs modestes effets, puis agrafa son manteau sur l’épaule. Il s’assura que
la bourse pleine d’or que lui avait remise l’intendant du duc était

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