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Mort d'une duchesse

Mort d'une duchesse

Titel: Mort d'une duchesse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elisabeth Eyre
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Mais, à ce qu’il m’a dit, je ne crois pas qu’il ait tué la
duchesse. Quand il l’a vue, elle était déjà morte.
    Paolo se pencha en avant, le regard aigu.
    — Mais alors, a-t-il vu quelqu’un ? Est-il en
mesure de nous indiquer qui pourrait être l’assassin ?
    — Il n’a vu personne. Il ne peut témoigner.
    — Vraiment ? Ne l’avez-vous donc pas ramené avec
vous ?
    — Je le ramenais, seigneur, quand nous avons été attaqués
par des brigands. Nous les avons mis en fuite, mais Poggio est mort dans le
combat.
    — Pauvre petite créature, intervint Violante, il me faisait
toujours rire.
    Elle leva les yeux vers le visage de son père qui la tenait
enlacée. Il lui caressa les cheveux.
    — Il vous faisait rire… Soit, que cela soit son épitaphe.
Je l’aurais puni pour avoir volé, mais je ne l’aurais pas fait mettre à mort. Que
Dieu ait son âme !
    Sigismondo se signa avec gravité en même temps que les
autres. Violante saisit la main de son père qui avait lâché son épaule et, entrecroisant
ses doigts dans les siens, lui dit d’un ton cajoleur :
    — Votre Seigneurie n’a pas non plus l’intention d’exécuter
Leandro Bandini ? S’il est tombé dans un piège, vous tueriez un innocent.
    Levant leurs deux mains mêlées et les examinant, le duc
soupira.
    — Quand il s’agit de gouverner une cité, les innocents
ne sont pas toujours épargnés. Je dois prendre des mesures afin de protéger
Rocca contre mes ennemis, lointains aussi bien que proches. Le duc Francisco est
un oiseau de proie qui ne dort jamais…
    Son frère eut un mouvement involontaire et le duc lui jeta
un coup d’œil.
    — Cet infatigable avocat de la pitié qu’est votre oncle
m’a convaincu tout à l’heure, au cours du conseil, que je ne devais pas me
laisser dominer par ces craintes, et que Rocca ne pourra pas être prise si ses
citoyens me restent loyaux. Mais comment puis-je ignorer les événements qui se
sont produits ? Quand je…
    — Le sang sur les portes ?
    Seule sa fille osait l’interrompre. Le duc eut un bref hochement
de tête.
    — Cela, et d’autres choses.
    — Quelles choses ? fit-elle en serrant leurs
doigts emmêlés pour en faire deux poings. Qu’a-t-on osé faire ?
    Son oncle tendit une main apaisante.
    — Quelque gibier de potence, pourquoi pas un agent du
duc Francisco… un seul homme en est peut-être responsable : on a maculé de
sang la statue de Sa Seigneurie, on a tracé des inscriptions en vers sur les murs.
Si Sa Seigneurie demeure ferme et ignore de telles provocations, tout Rocca
sera derrière elle. La rumeur n’est pas…
    Violante frappa du pied par terre, un geste dont la vigueur
compensa la faible résonance.
    — On ne peut pas penser un seul instant que
Votre Seigneurie… Il est impossible de vous croire capable d’un tel
forfait.
    — On dira que je l’ai surprise avec un homme.
    — Et si c’était le cas, quel mal y aurait-il à l’avoir
tuée ? D’autres  – oui, jusqu’à des princes  – l’ont fait.
    — Vous oubliez le duc Ippolyto. Voudra-t-il admettre que
sa sœur avait un amant ? Cela porte atteinte à son honneur ; il
exigera des preuves.
    Violante demeura silencieuse, balançant quelques instants la
main du duc en réfléchissant, puis elle la lâcha.
    — Dans ce cas, comment pourrez-vous rester en paix avec
lui ?
    Le duc se dirigea vers la fenêtre et posa une main sur l’épaule
de Tebaldo qui, à son approche, fit un effort pour redresser son corps décharné.
Le duc tendit le doigt vers la place.
    — Là, dans une semaine, quelqu’un devra mourir. Il
est possible que ce soit Leandro Bandini. Je sacrifierai le soutien de la
faction Bandini à mon alliance avec Ippolyto.
    — Ne peut-on trouver quelqu’un d’autre, inventer quelque
histoire capable de convaincre Ippolyto ? Cela permettrait de gagner du
temps, de découvrir le vrai coupable et ainsi de préserver la loyauté des
Bandini.
    Paolo tendit la main et attira Violante à lui.
    — Ma nièce, vous êtes en train de devenir un véritable
homme d’État ; mais réfléchissez, Leandro Bandini n’est peut-être pas
innocent. Souvenez-vous de la façon dont, sous son déguisement d’Homme sauvage,
il a ouvertement courtisé la duchesse pendant le banquet. Il répand du vin sur
sa robe de façon qu’elle soit obligée de quitter la table. Ensuite il la suit, la
force et se serait échappé si, avec courage, elle ne l’avait pas

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