Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Mort d'une duchesse

Mort d'une duchesse

Titel: Mort d'une duchesse Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elisabeth Eyre
Vom Netzwerk:
voulait, lui ; elle l’avait fait chasser de son travail et du
palais. Pourquoi ne l’aurait-il pas tuée ?
    Les deux hommes se signèrent en passant devant un petit autel
de plein air. La statue de la Madone, avec sa robe bleue ébréchée, avait la
tête baissée et regardait d’un air serein le bouquet de lierre qu’un voyageur avait
déposé dans un pot de terre à ses pieds.
    — Il n’est pas impossible que ce soit Poggio.
    — Mais vous l’avez laissé partir !
    — Je sais où le trouver, rétorqua Sigismondo. Et à présent,
il se croit en sécurité. Il restera avec cette troupe jusqu’à ce qu’il se
querelle avec eux.
    Benno resta un moment songeur, et son manteau remua lorsque
Biondello se gratta vigoureusement l’oreille.
    — Mais alors, si Poggio n’est pas l’assassin, a-t-il vu
quelqu’un d’autre dans la chambre ?
    — Au début, il jurait n’avoir rien vu, mais sa mère l’a
convaincu que se taire le conduirait plus sûrement au gibet que de dire la
vérité. Et puis la pointe de mon épée y a peut-être été pour quelque chose.
    — Il a donc vu…
    D’une puissante détente de ses pattes arrière, Biondello
bondit hors du manteau et atterrit, tout surpris, sur le sentier. Sigismondo
fit faire une embardée au bai, et le temps que Benno descende de cheval pour récupérer
le chien, son maître avait pris quelques mètres d’avance.
    — A-t-il vu quelqu’un ?
    Benno craignait que la bonne humeur soit passée et que ses
questions restent sans réponse, mais celle qu’il obtint lui fit avaler une
pleine bolée d’air froid.
    — Dame Violante ? Qu’est-ce qu’elle faisait là ?
    — Elle était venue reprendre quelque chose qu’elle estimait
lui appartenir, à un moment où elle était sûre de ne trouver personne dans la
chambre. Il s’agissait d’un bijou qu’avait promis de lui donner la première épouse
du duc. C’est en tout cas ce qu’elle m’a dit.
    Elle pouvait tout aussi bien avoir l’intention de tuer la duchesse
que de profiter de son assoupissement ; toujours est-il qu’elle a vu
sortir de la pièce une silhouette enveloppée d’un manteau qu’elle dit avoir
prise pour la duchesse ; ç’aurait pu être n’importe qui, homme ou femme. Il
est possible qu’elle soit entrée dans la chambre pour récupérer son bijou et
que, découvrant la duchesse et craignant avoir été vue en train de voler, elle
l’ait tuée. C’est une jeune femme très impétueuse.
    — Si c’est elle, poursuivit Benno d’un ton plein d’appréhension,
et que vous la dénonciez, votre compte sera bon, n’est-ce pas ? « En
vérité, Votre Seigneurie, l’assassin n’est autre que dame Violante. –  Ah,
grand merci. Gardes, saisissez-vous de cet homme et pendez-le ! »
    Un autre chariot vint à leur rencontre en grinçant et cliquetant,
ses quatre bœufs ahanant, faisant rouler les pierres et brisant la glace des
flaques, sans que le fouet qui sifflait et claquait autour d’eux, ni les cris
de l’homme qui cheminait à leur côté modifient en rien leur allure. Ses efforts
l’avaient réchauffé et il gratifia les deux voyageurs d’un joyeux salut auquel
la veuve répondit d’un air modeste. Quelques instants s’écoulèrent avant que
Benno reprenne la parole.
    — Pourquoi Sa Seigneurie vous a-t-elle congédié ? Soupçonnerait-elle
elle aussi dame Violante ?
    — Je doute que l’idée lui en ait même traversé l’esprit.
Ce que le duc a en tête, c’est ce que j’y ai mis : je lui ai dit que rien
n’indiquait que la duchesse ait été forcée, pas d’égratignures aux poignets, aucune
ecchymose nulle part. Elle a couché avec un homme de son plein gré. Poggio ne l’a
pas entendue protester alors qu’il était caché dans une alcôve contiguë, à
quelques mètres à peine du lit. Le duc ne veut pas entendre parler d’éventuels
amants. Comme dit son frère, chaque famille a ses secrets.
    Benno chevaucha en silence pendant quelques instants, s’accommodant
des gigotements de Biondello qui cherchait une position confortable.
    — Si le duc l’avait surprise avec un amant… hasarda-t-il
alors.
    — Le jeune Leandro n’attendrait pas son exécution.
    — Personne n’aurait fait de reproches au duc, n’est-ce
pas ?
    — Même le duc Ippolyto aurait été contraint d’accepter
la mort de sa sœur.
    — Vous savez ce que j’ai entendu dire au palais après
sa mort ? On prétendait  – à demi-mot, bien sûr

Weitere Kostenlose Bücher